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La menace de l'allumette

Publié le 17 décembre 2008 par Nicolas007bis

Roseline 2ème
En accord avec Nicolas Sarkozy, Xavier Darcos a décalé son calendrier de mise en œuvre de sa réforme des Lycées. Quelles sont les raisons profondes de ce qu’il faut bien appeler une reculade ?

Alain Duhamel en a l’interprétation suivante, je la cite parce qu’elle correspond parfaitement à mon propre ressentis : « Ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu une évaluation qui a été faite par Nicolas Sarkozy des risques qui étaient encourus à un moment donné, et qu'ils ont décidé ensuite qu'il fallait changer d'avis. »

« …, on est dans une période terriblement anxiogène, on le sait bien, on voyait très bien des lycéens, je ne dirais pas les lycéens, mais des lycéens qui étaient mobilisés, on voyait des petits groupes violents qui n'appartenaient pas aux établissements et qui passaient d'un endroit à un autre avec des risques qui étaient encourus, notamment par les lycéens d'ailleurs. On voyait le corps enseignant, les syndicats qui avaient donné le sentiment qu'ils tenaient enfin leur revanche contre ce ministre qui leur en avait fait voir de toutes les couleurs. Et donc il y avait un risque d'embrasement. Le gouvernement a préféré manger son chapeau, un chapeau c'est indigeste, mais c'est mieux qu'un embrasement … »

Si je résume l’explication d’Alain Duhamel à laquelle j’adhère, Sarkozy a eu la pétoche !

Comment peut-on accepter de céder devant une telle pression : la peur de l’embrasement !

Est-ce cela la démocratie ?

Les élèves et étudiants bénéficient du système éducatif financé, organisé, géré par la collectivité française.

Si celle-ci, via ses représentants démocratiquement élus, souhaite la réformer, la faire évoluer, de quel droit ses bénéficiaires tout à fait provisoires imposeraient-ils leur avis sur le sujet ?
D’autant plus qu’à les écouter (du moins ceux qui sont interrogés par les télés ou les radios), leur avis me parait assez sommaire. Quand ce ne sont pas des slogans nécessairement rudimentaires, ils récitent un argumentaire au sein duquel semblent se mêler des semi-vérités, des contre-vérités, des suppositions et des jugements arbitraires sur les effets de la réforme.

D’ailleurs, il me semble qu’il n’y a rien d’étonnant à cela, car sauf à faire dans le jeunisme naïf ou intéressé, à ces âges on peut difficilement leur demander d’avoir toutes les clés qui leurs permettraient d’avoir une réflexion construite sur les sujets qui touchent au fonctionnement de la collectivité.

De toute façon, il ne s’agit pas de juger du fond de la réforme, de son bien fondé ou non mais de la légitimé des lycéens à faire grève et à plus forte raison à occuper un lycée, de leur légitimité à s’exprimer de manière aussi violente, de leur légitimité à être considéré comme un interlocuteur responsable, de leur légitimité à influer sur les décisions du Gouvernement !

Evidemment, de fins observateurs de la société nous diront que les jeunes expriment, à travers ces mouvements, leur inquiétude face au triste avenir que nous les adultes (et spécialement les adultes de Droite) sommes en train de leur réserver. Ils nous diront que ces jeunes marquent leur révolte face à l’injustice toujours croissante, face à la précarité, face au chômage, face aux expulsions des sans papiers ….je ne suis pas certain que les motivations profondes de ces lycéens s’appuient sur d’aussi beaux sentiments même si c'est probablement le cas pour certains d’entre eux.

Reconnaissons, qu’à cet âge, il est sain de se révolter devant la misère du Monde, plus tard on trouve toujours de bonne raison pour ne plus s’émouvoir. Cependant, il faut admettre que marquer sa révolte d’adolescent, considérons la comme telle, est d’autant plus facile lorsqu’on a aucune responsabilité à assumer, lorsqu’on n’a pas de réelles propositions à faire face à la situation tant décriée, lorsque la grève ne signifie pas moins de salaire mais au contraire moins de cours ou lorsque le mouvement est l’occasion de mettre un petit peu d’excitation dans une année scolaire tristounette !

Pour reprendre ce que j’ai écrit dans un précédent billet à l’époque de la réforme des Université contre laquelle des lycéens se sont aussi « battus », par peur de se faire traiter de vieux con ou de réactionnaire, personne n’ose leur apporter la contradiction ou contester la validité de leur mouvement. Au contraire, les seuls qui s’expriment le font pour vanter « l’extraordinaire sens de la solidarité et de la responsabilité de ces jeunes qui luttent pour un avenir meilleur…. » (Véridique)….il faudrait quand même arrêter de faire croire à ces jeunes que l’avenir se construit à coup de contestation systématique et de faux bons sentiments !

Evidemment, l’opposition et les professeurs contestataires de la réforme, ont tout intérêt à monter en épingle, à entretenir sinon à provoquer ce mouvement. Ils ont tout intérêt à lui attribuer beaucoup plus de signification qu’il n’en a !

Benoit Hamon ne cherche rien d’autre lorsqu’il dit sur France 2 : «Quand on ajoute le travail le dimanche, la retraite à 70 ans à une situation déjà extrêmement explosive tant dans le public que dans le privé, chez les jeunes comme chez les moins jeunes, on a une situation de poudrière sociale évidente»…

Tous ceux qui font un parallèle injustifié avec les évènements en Grèce en font autant ! Ils crient au feu au feu tout en ajoutant de l’huile sur ce feu ! (sur les raisons des évènements en Grèce voir cet article repris sur le très bon blog de l’Hérétique )

Malheureusement ça a marché, le Gouvernement a reculé pour la pire des raisons, devant la menace de l'allumette brandie par des gamins manipulés. En cédant, le gouvernement n’a fait que les conforter dans leur sentiment que cette réforme était mauvaise et surtout que rien ne peut se faire sans leur accord !
…contrairement à ce que prétendent certaines bonnes âmes, la démocratie n’en sort pas grandie !


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