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L'Etat c'est lui

Publié le 20 décembre 2008 par Malesherbes
Je m’en tiens à mon sujet favori, notre Parlement. Lundi 15 décembre, au cours du journal télévisé de France 2, Elise Lucet déclare : « sur le fond, Jean-François Copé tente de désamorcer la fronde d’une partie des parlementaires de la majorité….Nicolas Sarkozy en fait un casus belli. Il veut en effet absolument que la proposition de loi sur le travail du dimanche soit examinée avant Noël à l’Assemblée. ». Je fais peut-être erreur, mais je ne vois pas en quoi le Président peut intervenir sur les travaux de l’Assemblée. Il ne lui suffit donc pas de cumuler sa fonction de président de tous les Français avec celle de patron de l’UMP ?
Quelques minutes plus tard, on entend au cours d’un reportage sur le même sujet un journaliste, M. Junqua, s’exprimer ainsi : « un texte qui heurte une soixantaine de députés de la majorité opposés au travail dominical… Si cette solution de compromis était adoptée, Jean-François Copé pourrait obtenir l’accord des députés récalcitrants. Pour le Premier ministre en déplacement ce matin, cette proposition ne manque pas d’intérêt. Elle sera même discutée ce soir par le Président de la République qui recevra les députés frondeurs ». Je réitère ma remarque précédente mais l’attitude de Nicolas Sarkozy me semble ici encore plus anormale. L’exécutif n’a pas à tenter d’imposer sa volonté au législatif. D’autre part, je ne comprends pas comment des journalistes peuvent traiter de frondeurs, c'est-à-dire de rebelles, des députés qui font leur travail et font entendre l’opinion des citoyens qu’ils représentent.
Je relève également un autre tic des journalistes. Lorsque récemment la majorité a tenté un soir de vote, avant d’obtenir un report, de rameuter quelques députés pour éviter d’être mise en minorité, elle n’y est pas parvenue, « les députés étant déjà repartis dans leurs circonscriptions ». Quelle belle phrase codée. On imagine immédiatement le même soir chacun de ces honorables parlementaires veillant à la bougie devant une pile de dossiers ou bien recevant jusqu’à une heure avancée de la nuit la longue cohorte d’électeurs qui se pressent dans l’antichambre de son bureau. En fait, un bon nombre d’entre eux habitent la province et, comme tout salarié amené à se déplacer, ils sont tout simplement rentrés chez eux. C’est bien leur droit mais qu’on ne vienne pas les encenser pour autant.
En matière de brosse à reluire, il me paraît nécessaire de citer ici ce que j’ai entendu dans la bouche de notre ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, au journal télévisé du samedi 20 décembre, s’adressant à cette même Elise Lucet : « J’vais vous répondre tout de suite. Mais que le Président de la République puisse partir en vacances, il n’a rien à craindre puisque sa majorité est admirative de son action pour l’Europe et apprécie son plan de relance et, au fond, aujourd’hui, tout le monde sait très bien que, si ça avait pas été Nicolas Sarkozy qui avait été Président de la République en 2007, nous serons aujourd’hui de manière désespérée ». Je glisserai sur l’oubli du conditionnel ou cette étrange manière. Mais pour utiliser des arguments de ce niveau, il faut vraiment avoir honte de son propre bilan. Mais quelle aisance dans la génuflexion.

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