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Samuel Huntington, auteur du "Choc des civilisations", est mort

Publié le 27 décembre 2008 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Samuel Huntington, auteur du célèbre "Choc des civilisations" et considéré par ses pairs comme "l'un des plus influents politologues américains de ces cinquante dernières années", s'est éteint à la veille de Noël à l'âge de 81 ans.

Samuel Huntington est mort le 24 décembre à Martha's Vineyard (Massachusetts, nord-est), l'île où il passait ses étés depuis 40 ans, selon le site internet de Harvard.

Ancien professeur au sein de cette prestigieuse université de la côte Est des Etats-Unis, Samuel Huntington n'avait cessé de donner des cours qu'en 2007, après 58 ans de bons et loyaux services, précise le site. Diplômé à 18 ans d'une autre grande université américaine, Yale, il avait commencé à enseigner à Harvard, près de Boston (Massachusetts) où il vivait, à l'âge de 23 ans.


Né le 18 avril 1927 à New York, il était l'auteur, co-auteur ou éditeur de 17 ouvrages et 90 articles scientifiques, sur la politique américaine, la démocratisation, la politique militaire, la stratégie, ou encore le développement, a précisé Harvard.

Il est surtout connu à l'étranger pour son best-seller, "Le choc des civilisations", publié en 1996 et traduit dans 39 langues.

Il y développe l'idée que dans le monde de l'après-guerre froide, les conflits violents n'opposeraient plus les Etats-nations mais naîtraient des différences culturelles et religieuses entre les grandes civilisations.

Il comptait parmi elles l'Occident (l'Europe de l'Ouest et les Etats-Unis), les civilisations latino-américaine, islamique, africaine, orthodoxe (autour de la Russie), hindoue, japonaise et sino-vietnamo-coréenne.

"Je reste persuadé", disait-il en 2007 dans une interview à Islamica Magazine, "que les identités, les affiliations et les antagonismes culturels ne joueront pas seulement un rôle, mais un rôle majeur dans les relations entre Etats".

"Dans le monde entier, des gens étudiaient et débattaient de ses idées", a réagi l'économiste Henry Rosovski, son ami depuis près de 60 ans, cité par le site. "Chacun de ses livres a eu un impact", a-t-il poursuivi, soulignant qu'"ils font partie de notre vocabulaire".

Jorge Dominguez, l'un des vice-doyens de Harvard, l'a décrit comme "un des géants de la science politique dans le monde au cours du dernier demi-siècle. Il avait le chic pour poser la question cruciale mais dérangeante. Il avait le talent et l'intelligence pour formuler des analyses capables de résister au temps".

Pour le professeur Stephen Rosen, spécialiste des affaires militaires et de sécurité nationale, "l'intelligence brillante de Samuel Huntington était reconnue par les universitaires et les hommes d'Etat qui avaient lu ses livres à travers le monde. Mais ceux qui le connaissaient l'aimaient car il combinait une loyauté féroce envers ses principes et ses amis et un plaisir à se confronter à ceux qui s'opposaient à ses idées".

Selon sa femme Nancy Arkelyan Huntington, avec qui il était marié depuis 51 ans, Samuel Huntington, dont le dernier livre "Qui sommes nous ? Identité nationale et choc des cultures" est paru en 2004, s'était toujours placé en politique du côté démocrate.

Il avait travaillé à la Maison Blanche pour le Conseil de sécurité nationale de Jimmy Carter en 1977 et 1978.

Pour Timothy Colton, professeur à Harvard et spécialiste de la Russie, Samuel Huntington "était ancré dans la vie américaine et dans son identité américaine mais il a fini par s'attaquer à des questions beaucoup plus larges". Ses dernières recherches portaient ainsi sur les liens entre religion et identités nationales.

Le site de Harvard ne donne pas d'indication sur la cause de sa mort, mais rappelle que sa santé déclinait depuis l'automne 2005. Il doit être enterré à une date non précisée au cours d'une cérémonie familiale à Martha's Vineyard.


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