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Tous contre le Hamas

Publié le 01 janvier 2009 par Tanjaawi
"Ca sera dur, c'est sûr. Et personne ne va nous aider." (JPG) Jalil Nofal ne sera pas surpris : les Palestiniens de la bande de Gaza vont rester seul. (photo AP)

Juan Miguel Muñoz /El Païs / 1er janvier 2009 / Info-palestine]


Jalil Nofal, un des principaux chefs de file du Hamas dans la bande de Gaza, avait lancé cette prédiction en septembre. Ensuite, il y a eu l'adoption d'une trêve fragile qui n'était qu'une parenthèse dans la longue guerre contre le mouvement fondamentaliste palestinien qui a commencé quelques heures après son triomphe aux élections législatives le 25 janvier 2006. Une guerre dans laquelle Israël, acteur principal, déploie sa force pour faire appliquer un blocus économique atroce sur Gaza accompagné d'attaques militaires régulières dans lesquelles la vie des civils est une considération mineure. Mais Israël n'est pas seul. Loin de là.

Si les États-Unis ont justifié l'agression sur la Bande déclenchée samedi, et l'Union européenne ne va pas au-delà des habituels appels à la retenue, la réaction des pays musulmans est pour le moins tiède.

Le régime syrien a suspendu les discussions indirectes avec Israël, une mascarade parce que personne ne pouvait s'attendre à aucune amélioration avant les élections qui auront lieu en Israël le 10 février. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a qualifié de "crime contre l'humanité" l'assaut sur Gaza, et des manifestations ont eu lieu à Amman, au Caire, en Turquie ... Mais les condamnations des dirigeants arabes sont des gestes pour la galerie. En particulier en Égypte et en Jordanie, des pays qui ont signé des accords de paix avec Israël et qui suivent de très près les évènements en Palestine. Un négociateur de l'OLP a récemment affirmé à ce journal que les soldats jordaniens étaient partisans, depuis longtemps, de porter un énorme coup dur au Hamas quel qu'en soit le prix.

Le coup est arrivé. En Egypte (pays visité par le ministre des Affaires étrangères israélien, Tzipi Livni, à la veille de l'attaque) et en Jordanie, la crainte que le Hamas puisse tirer un certain succès à la tête du gouvernement soulève la terreur. Les Frères musulmans sont puissants dans le pays du Nil, et on peut aussi les négliger en Jordanie. L'effet contagieux d'un Hamas triomphant est inacceptable pour la monarchie hachémite, et pour le régime de Hosni Mubarak qui surveille de près la frontière avec la bande de Gaza, la seule voie pour échapper à la tension qui s'accumule dans la Bande.

"Ils n'arrêtent pas de bombarder", commentait hier soir, un voisin du camp de réfugiés de Yabalia. Et on ne s'attend pas à ce que les attaques cessent dans les jours à venir, si on en croit les menaces de Yoav Galant, le général en charge de l'opération : "Nous ferons en sorte que Gaza recule en termes de capacités militaires en obtenant le maximum de pertes ennemies et souffrant nous-mêmes un minimum de pertes. " Très peu de personnes, à l'exception de ses habitants, ont pu être témoins jusqu'à présent de l'attaque la plus grave subie dans la bande de Gaza depuis son occupation en 1967.

Parce que le siège sur Gaza a atteint en novembre de nouveaux sommets, les grands médias (Reuters, The New York Times, The Washington Post, France Presse, etc.) ont regretté la fermeture de la frontière pour les journalistes, les diplomates et les ONG. "Nous n'aimons pas la façon dont les choses se racontent sur ce qui se passe dans la bande de Gaza", disait un porte-parole militaire israélien. "C'est pour protéger leur sécurité", ajoutent d'autres membres du gouvernement, ignorant que dans des temps plus dangereux (lorsque le Hamas et le Fatah réglaient leurs différends à coups de feu dans les rues, ils n'empêchaient personne d'entrer). Un correspondant de la BBC accrédité à Jérusalem, a comparé Israël aux régimes méprisés d'Occident : " Il y a seulement trois pays au monde qui interdisent à nos journalistes d'entrer : le Zimbabwe, la Corée du Nord et Myanmar."

Jalil Nofal ne sera pas surpris : les Palestiniens de la bande de Gaza vont rester seul.

29 décembre 2008 - El Pais - traduction : Charlotte


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