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The killing joke

Par Franck Aniere

Pour les fiches de lecture, je sépare en deux parties : un petit résumé de ce que je pense du livre, sans aucune révélation. Pour l’article plus détaillé, donc susceptible de contenir des révélations sur l’épisode, il faudra cliquer sur le lien en bas de ce résumé.

Parmi les cadeaux que Papa Noël a eu la gentillesse de m’apporter (j’en parlerai une fois que j’ai tout reçu, Papa Noël aussi se fournit chez Amazon) se trouve un grand classique de Batman : The Killing Joke. Paru en France sous les titres Souriez (Comics USA) et Rire et mourir (Delcourt), cet album est nettement moins cher en VO(du moins sur Internet) ce qui m’a incité à le prendre en VO. J’avais découvert cet excellent récit lors de la Batmania de 1989, suite à la sortie du film de Tim Burton et ça fait un moment que je souhaitais avoir un exemplaire dans ma bibliothèque (c’est mon frère qui a gardé la version d’origine). Cette histoire concoctée par Alan Moore et Brian Rolland se focalise sur la relation entre Batman et le Joker, et livre une version des origines de ce dernier. C’est un récit un peu particulier mais véritablement excellent. Cette version dispose en outre d’une nouvelle colorisation, moins psychédélique et plus sombre que personnellement je préfère.

Bref, si vous aimez Batman vous ne pouvez pas passer à côté de cet album magistral.

On ne peut pas connaître Batman sans également connaître son pire ennemi : le Joker. Ce fou furieux totalement déjanté partage une relation de haine avec l’homme chauve-souris, et est tout de même responsable de la mort de Jason Todd (l’un des Robin, d’ailleurs il est revenu à la vie depuis). Mais sont-ils si différents ? En dehors de leur style (le clown psychédélique et le vengeur sombre), qu’est ce qui les différencie ? Alan Moore nous propose de regarder cela au travers de cette aventure un peu glauque.

On y découvre que le Joker, comme Batman, a vécu un évènement traumatisant qui l’a écarté de la normalité (il a perdu sa femme et son bébé à naître, et en plus il a été défiguré par des produits chimiques lors d’un affrontement contre Batman). Mais alors que Bruce Wayne a choisi de devenir un justicier, le Joker (dont le nom n’est jamais révélé) est devenu un criminel. Une mauvaise journée, voilà comment le Joker décrit ce qui l’a fait basculer, et il affirme que Batman et lui sont semblables sur ce point. Ce en quoi il n’a pas tout à fait tort d’ailleurs.

L’histoire raconte également comment le Joker, en torturant Jim Gordon (sa fille est blessée sous ses yeux et le Joker le soumet ensuite à diverses humiliations), tente de prouver que tout le monde peut devenir comme lui suite à une mauvaise journée. Finalement il échoue, car Gordon ne perd pas la tête et somme même Batman de ne pas oublier d’agir dans les règles. On peut alors voir que Batman n’est pas si sain d’esprit que ça, vu que lui a craqué après le meurtre de ses parents. Dans ce cas, la théorie du Joker est exacte si les conditions initiales sont présentes, à savoir une prédisposition du sujet. Batman et le Joker auraient donc en commun de ne pas être très sains d’esprit, ce qui les a conduit suite à un évènement tragique à devenir ce qu’ils sont devenus. Moore enfonce le clou d’ailleurs avec le discours final de Batman, qui reconnait lui-même que le Joker peut repasser du bon côté de la barrière et qu’il a peut être vécu les mêmes choses. Le tout étant couronné par la fin de l’album : Batman et le Joker qui rient ensemble d’une blague de ce dernier. Les derniers dessins sont à mon avis assez éloquants : une flaque d’eau où figure une ligne qui les sépare, puis la ligne (en fait les phares d’une voiture de police) disparait, symbolisant selon moi la frontière entre les deux personnages qui vient de disparaitre.

Ce one-shot est situé dans la continuité DC, car il a des conséquences sur la suite de l’univers de Batman. C’est en effet suite aux blessures reçues dans cette histoire que Barbara Gordon perd l’usage de ses jambes et deviendra par la suite Oracle, l’assistante de Batman. Cette scène est d’ailleurs particulièrement dure. Pas gore, mais suffisamment dure pour faire ressentir un malaise certain à la lecture (ce qui est sûrement l’effet recherché).

Après avoir parlé de ce scénario d’Alan Moore, passons maintenant aux dessins de Brian Bolland. Ces derniers sont excellents, et servent remarquablement l’histoire. Batman est inquiétant, le Joker bien barré…Une réussite graphique autant que scénaristique.

Passons maintenant au point qui divise le lectorat : la recolorisation. L’album original disposait d’une colorisation assurée par John Higgins, le nouveau a été recolorisé par Bolland lui-même. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a une énorme différence entre les deux, et pas uniquement à cause de l’utilisation de l’informatique pour la nouvelle version. Jetons un coup d’oeil à un petit comparatif.

Pour les flashbacks, cette nouvelle version utilise le noir et blanc, avec juste l’apparition de touches de rouges à certains endroits (ou de vert pour les cheveux du Joker). Pour le reste, l’aspect un peu psychédélique de l’ancien album a totalement disparu, remplacé par des teintes plus réalistes et plus sombres. C’est vrai que l’on perd un peu du charme de la version d’origine, qui nous amenait au sein de la folie du Joker, mais cette nouvelle version est vraiment plus jolie et offre un sacré coup de jeune au dessin (les anciennes teintes faisaient un peu kitch). Des petites modifications ont été opérées sur chaque planche, comme le cercle jaune de l’insigne de Batman qui disparait. Beaucoup de lecteurs ont boudé cette version - par nostalgie principalement - mais moi j’aime beaucoup.

Pour conclure, je ne peux encore une fois que vous conseiller cet excellent album. Si vous aimez Batman (mais un Batman sombre), vous aimerez ce livre.


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