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Réduction sur les prix des denrées de consommation : effets d’optique d’une baisse

Publié le 09 janvier 2009 par Black2004

L’ampleur des baisses enregistrées n’est pas à mesurer par rapport aux prix connus en décembre 2008, alors que la crise financière mondiale a imposé une baisse sensible sur des produits comme les hydrocarbures ou les céréales. Le gouvernement, pour montrer ses efforts, veut que les Sénégalais calculent les baisses de prix à partir des pics enregistrés en juillet 2008, période où la tension sur les bourses des ménages avait été très forte. Sans signaler par ailleurs que, dans certains secteurs, des réductions étaient intervenues dans l’intervalle.

Au plus tard le lundi prochain, les prix de certains produits de consommation courante connaîtront une certaine baisse, annonce faite, le 31 décembre dernier, par le Président de la République, Abdoulaye Wade. Il ne reste plus qu’à promulguer le décret qui donnera un cachet officiel aux mesures annoncées mercredi dernier par le ministre du Commerce, M. Mamadou Diop Decroix. Comme l’a fait un peu plus tard dans la même journée, son homologue de l’Energie Samuel Sarr, Il a annoncé ce qu’il a considéré comme des baisses substantielles de prix sur les produits de base. Néanmoins, le ministre du Commerce, entouré de son directeur de Cabinet et du directeur du Commerce intérieur, a pris la précaution de prévenir que certaines de ces baisses étaient déjà intervenues, notamment les hydrocarbures. Dans la foulée, le ministre publie le tableau des nouveaux prix de certains produits, tel qu’annoncé par le chef de l’Etat dans son message de fin d’année.

Un artifice de calcul

Cependant, à écouter le ministre, on comprend que pour donner une grande importance aux baisses imposées, le gouvernement a trouvé un joli artifice. Au lieu de déterminer le taux de réduction à partir des prix en vigueur au moment de la décision, notamment en ce début de janvier, ou même à la fin de décembre, M. Diop et ses collègues du gouvernement ont préféré prendre comme base de calcul, les prix du mois de juillet 2008, qui étaient quasiment les plus élevés de ces derniers temps. Ce mode de calcul permet d’indiquer par exemple, que les révisions de prix annoncées hier dans le secteur des hydrocarbures par exemple, ont permis de faire économiser aux usagers 309 francs Cfa sur le litre du gasoil, 270 francs sur celui du Super, ou 267 francs sur le litre de l’essence. Or, tout le monde avait constaté, après la baisse des prix des hydrocarbures intervenue le 26 décembre dernier (voir Le Quotidien n°1791 de samedi 27 et dimanche 28 décembre 2008), que le gasoil par exemple, était passé de 625 à 504 francs Cfa, soit une baisse de 121 francs Cfa, d’un seul coup. Il n’est pas honnête de parler d’économie sur ce produit, en oubliant que les 309 francs Cfa de baisse ont été réalisés après 3 baisses successives. Les exemples peuvent être donnés pour d’autres produits pétroliers également.
Pour les produits alimentaires, les services du ministère du commerce ont calculé que les ménages pauvres économisent désormais 100 francs Cfa sur le kilo de riz non parfumé, le plus consommé, tandis que les brisures de riz parfumé rapportent dorénavant 40 francs d’économie à leurs consommateurs par kilo payé. Pour ce qui est du lait en poudre, sur lequel le président avait anticipé une économie de 120 francs Cfa au kilo, le mode de calcul de Mamadou Diop Decroix, après une belle gymnastique, permet de dépasser légèrement cet objectif. Ainsi, le tableau des prix que ses services ont dressé, a permis au ministre de dire, concernant le lait, qu’il y avait «des baisses de 3 000 francs Cfa sur le sac de 25 kg.» Cela donne environ 125 francs Cfa de réduction par kilo de lait. Cette échelle de calcul est préservée même pour les sachets de 400 et de 500 grammes.
Quant au pain, après avoir obtenu une réduction sur le prix de la farine, le ministre du commerce s’est permis d’annoncer, sur la baguette de 210 gr, communément appelée «kilo», une diminution de 25 francs Cfa, pour la ramener à 150 francs dans la région de Dakar. Dans d’autres régions, la baisse n’atteint pas le même niveau. Le paradoxe est que, le ministre, en donnant ces prix, avait rappelé que la détermination des prix du pain n’entrait pas dans ses prérogatives directes. «Ce sont les Conseils régionaux de la consommation, qui discutent avec les boulangers, sur la base de la structure des prix, pour déterminer les nouveaux prix. Le ministre ne fait que constater et entériner», a-t-il indiqué.
Pour respecter à la lettre, les déclarations du chef de l’Etat, des baisses ont également été annoncées sur le prix du transport public, ainsi que celui du matériel de construction comme le ciment, le fer à béton, et le bois d’œuvre, entre autres.
Il faut cependant souligner que les gros négociants en riz qui assistaient à la conférence de presse de Mamadou Diop Decroix, s’ils ont déclaré s’aligner sur la volonté des pouvoirs publics par patriotisme, n’en ont pas moins déploré de devoir perdre de l’argent, du fait du non-épuisement de stocks payés à des taux prohibitifs à l’époque où les cours étaient à la hausse ; c’est notamment, le cas de Bocar Samba Dièye.


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