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Retro Coupe du Monde : le jour où la France retombe sur terre.

Publié le 14 août 2007 par Pierre Salviac

France-Australie 35-12 (Finale)à Cardiff le samedi 6 novembre 1999.

Extrait de mon livre "Les Grands Moments de Rugby" aux éditions du Readers Digest.

A une dizaine de kilomètres de Cardiff, dans le Copthorne Hotel encombrés de fans plutôt envahissants, les français font retraite. Malade de ses joueurs de rugby la France est atteinte de fièvre bleue. Comme un an plus tôt par la magie de Zidane et sa troupe de footballeurs. Après l’exploit réussi en demi-finale le samedi passé, tout le monde est sur un petit nuage. Joueurs comme supporters. Avec les mêmes espoirs qu’en 87. Le grand jour approche. La France en finale dans le Millenium Stadium de Cardiff programmé pour recevoir la Nouvelle Zélande, c’est le grosse côte. Chez les bookmakers les Bleus ne sont pas favoris en dépit de leur performance historique contre les Blacks le week-end passé. C’est vrai qu’en face se présente une sélection d’Australie impressionnante d’éfficacité.

Les Wallabies sont de nouveau en finale. Comme il y a huit ans. Pour en arriver là ils présentent un tableau de chasse qui inspire le respect : victoires sur trois nations majeures. l’Irlande à Dublin, le Pays de Galles à Cardiff, Et l’Afrique du Sud, tenante du titre.Ils ont la meilleure défense, un essai encaissé en cinq matches. L’organisation de l’Australie est réputée avant-gardiste. Tous les lancements de jeu des français numérisés sur ordinateur sont passés au crible. Les Wallabies sont entrés plus vite que leurs adversaires dans l’ère du professionnalisme avec la logistique que cela suggère. Face à ce rugby informatique la France n’a que son rugby magique à opposer. Ce fameux "french flair, capable de mettre KO tout le monde. Même les Blacks crucifiés en demi-finale à Twichenham !

Est-elle capable de rééditer pareil exploit cette équipe de France ? Pour s’en persuader on compare les forces en présence. On se dit qu’un Benazzi vaut bien un Eales. Qu’aux ailes un Bernat-Salles ou un Dominici n’ont rien à envier à un Roff ou un Tune. On se persuade qu’à l’ouverture Lamaison soutient la comparaison avec Larkham. Qu’à la mêlée Galthié est aussi doué que Gregan. Et que Magne peut faire plus de dégâts dans une défense que Kefu. Bref, on se donne des raisons d’espérer. Au marché noir les billets se négocient jusqu’à 1500 Euros, soit dix fois leur valeur faciale. Le match est précédé d’une cérémonie simple dans un stade si chantant de Cardiff.

Vient l’heure tant attendue de cette finale arbitrée par le sud-africain Watson. Et pour le XV de France elle commence bien. 3/0, puis 6/3 après douze minutes de jeu. C’est bon signe. Dans son rôle de buteur il est à l’aise Lamaison. A croire qu’il joue chez lui dans ce Millenium Stadium aux accents du sud-ouest ce samedi de bon espoir. Territorialement les Bleus dominent. Mais ils ne parviennent pas à trouver le chemin de l’essai. Toujours aussi cadenassée cette défense australienne, une seule fois prise en défaut dans cette Coupe du Monde par...les USA en match de poule. A jouer son rugby de zig et de zag, la France finit par trouver l’ouverture pendant cette première période de toutes les illusions pas encore perdues. Mais l’arbitre refuse l’essai pour en-avant. Les australiens, adossés à leur confiance, laissent passer l’orage. Et il passe ! A chaque incursion dans le camp français Burke passe une pénalité. Résultat : après quarante minutes passées à buter contre un mur la France est menée 6/12 quand est sifflée la mi-temps.

La deuxième période est à l’avantage des Wallabies. Pas de passes sautées, mais un bon rugby de compresseur qui met l’opposant au bout du rouleau. Roff marque un essai que refuse l’arbitre. Sursis pour l’équipe de France. Mais c’est reculer pour mieux sauter pensent les supporters australiens qui s’y connaissent dans le genre. Et la fin du match leur donne raison. Les français sont à l’agonie. Il reste un quart d’heure à jouer. Enchaînement australien de plus de 50 mètres. Et au bout, un essai en coin de l’ailier Tune. C’est le premier essai du match mais pas le dernier parce que maintenant les français défendent comme des portes de saloon. A cinq minutes de la fin le remplaçant Finnegan porte l’estocade. Il passe en force une ligne de défense maîtrisée de plus en plus mal maîtrisée par les français. Un deuxième essai pour les Wallabies. Et finalement une victoire logique 35/12. L’Australie gagne la Coupe du Monde 99. La deuxième en deux participation dans l’hémisphère nord après celle de 91.

Des mains de la Reine d’Angleterre, délicieusement habillée de vert émeraude du chapeau jusqu’aux chaussures, Eales le capitaine des "rugby golden boys" reçoit le trophée William Webb Ellis. C’est mérité. A cet instant à l’autre bout du monde on bat le record de consommation de bière en une journée. Après avoir salué les supporters, Bernat-Salles reste seuls en pleurs le vestiaires en pleurs. Il est inconsolable. Les français viennent de rater l’impossible.

Equipe de France :

X Garbajosa (H. Mola) - P. Bernat-Salles, R. Dourthe (S. Glas), E. Ntamack, C. Dominici - (o) C. Lamaison, (m) F. Galthié (S. Castaignède) - C. Juillet (O. Brouzet), O. Magne, M. Liévremont (A. Costes) - F. Pelous, A. Benazzi - F. Tournaire, R. Ibanez(cap)(M. Dal Maso), C.Soulette (P. De Villiers).


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