Magazine Politique

Paso Doble n°111 : Le caméléon, éloge de la lenteur

Publié le 14 janvier 2009 par Toreador

A las cinco de la manana…

Le Nicoléon

C’est un billet qui est déconnecté de l’actualité. Je voudrais simplement pointer les talents de Nicolas Sarkozy pour changer. Changer oui – Non pas de couleur politique, mais d’image politique.

Souvenons-nous de l’an dernier : quel était le mot qui revenait le plus souvent pour le désigner ? Bling-Bling. Et il y a deux ans ? Sécuritaire. Et aujourd’hui ?  En mouvement !

Oui en une petite annnée, Nicolas Sarkozy est arrivé à faire peu  à peu à faire oublier son image de nouveau riche au luxe tapageur. Il est parvenu à se sortir d’une nasse médiatique extrêmement bien montée, visant notamment à le fâcher avec les classes populaires. Adios les Bronzés.

Il est à noter que sa période bling-bling, dont il enterre hâtivement les restes en lâchant Rachida Dati, lui avait été en partie favorable, puisqu’elle avait éclipsé totalement sa précédente image : celle de l’homme dur de l’Intérieur, le superflic, le dangereux sécuritaire. En se rendant bling-bling, Sarkozy s’était humanisé. Un beauf, on ne le craint pas.

Aujourd’hui, Sarkozy refait sa mue. Il est devenu l’Homme d’action. C’est une thématique qui l’a toujours accompagnée, mais qu’il est parvenu à asseoir dans les médias grâce à sa présidence européenne. Voici venu David qui abat Goliath. C’est Hercule, Samson, Mad Max tout à la fois !

Chaque peau a ses travers. Homme de Fer, on fait peur. Homme de Rollex, on est méprisé. Homme d’action, on se fait soupçonner de survoler et de papillonner. Mais admirons quand même le renversement de valeurs : il y a cinq ans, la marque Sarkozy c’était de l’efficacité, du résultat, du mono-tâche avec quelques valeurs fortes (sécurité, tolérance zéro). Aujourd’hui, c’est multi-tâches, c’est un manque de travail au fond, et c’est pour crédo essentiel l’opportunisme…

Le mal du siècle

En réalité, Nicolas Sarkozy est un enfant de son siècle. Un siècle qui privilégie la valeur vitesse.

Analysez le discours économique. Notre environnement est gangréné de statistiques sur les taux de progression. Un rendement à 15% voulu par les fonds de pension, c’est obtenir en un an ce qu’on obtiendrait en trois (5%/ an). C’est vouloir aller vite. Un taux de croissance de 4% au lieu de 3%, c’est croître plus rapidement. Même dans le « travailler plus pour gagner plus » on retrouve finalement cette idée de réduire le temps nécessaire pour accumuler de la richesse.

On veut croître vite, oui, mais pourquoi ?

Alors que l’espérance de vie s’est rallongée, et que cela devrait nous inciter à étaler mieux notre effort, nous redoublons, comme si le temps venait à manquer. Sans doute parce que la fin des religions en Occident rend l’espoir d’un monde meilleur chimérique. Alors nous replaçons l’omega par une hyperbole, au détour d’une suite arithmétique.

Nicolas Sarkozy court, donc, c’est un fait. Beaucoup de monde s’interroge sur sa destination. Or, on devrait plutôt s’intéresser à l’urgence, la fameuse urgence, qui conditionne tout le discours, et que la Crise a évidemment ravivé. Pourquoi ne pas se hâter lentement ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toreador 41 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines