Les poèmes présentés ici ont été traduits par Petr Král
déclin de l’Occident
pointe de l’Europe
dérision dans le mot Oostende
le vent le traverse siffle confirme la fin
les lettres o perfides ronds de fumée
le monsieur sur la berge sans tarder se retrouvera dans la mer
avec son fauteuil à bascule son cigare
il n’y a qu’à le pousser par derrière
par un temps livide hors toute saison
dans les terres les feuilles tremblaient de chaleur
alors que dans la rivière (te souviens-tu ?) plongeaient un
couple
nu et la frivolité d’été
le train glisse vers les plages par des champs flamands
longe des vaches un cheval à genoux des crimes
oubliés des morts au jardin derrière la maison
aux greniers des valises avec chapeaux de paille
guêtres
rubans
sur la jetée la vieille à la canne
les perles dans ses oreilles
ont soif de retourner
à
l’e-
au
vont des jambes desséchées peu sûres
dans le dos le tam-tam d’une horde vive
à l’horizon un paquebot
déjeuner de samedi serveuse rouquine
rentiers au port veste d’amiral
table mise assiettes et verres
le ventre entamé par un couteau à huîtres
nous rentrons coulant dans les coquilles
chairs floues de mollusques
glaire grisâtre
*
Sens
une cathédrale disproportionnée éloquemment
une place de petite ville
la parole épouse la pluie et la Suze
des bistros parisiens semble
là seulement prendre
du sens
par l’ultime fibre de racine
la gentiane des Alpes atteint jusqu’aux Carpates
et la vieille chienne bourguignonne se
serre contre moi cesse de trembler
avant de s’éloigner encore
la plus subtile des
Françaises
*
Zlíchov
un gel noir quelques molécules de vapeur
(serait-on en train de cuire des pommes de terre ?)
une campagne
l’étouffement d’une vallée compris
col boutonné étroit un cimetière
sur la pente l’expiration
d’une petite église une éclosion de lumière
dans la gorge derrière les vitraux colorés
il ne manque qu’un sol crevassé une première fane
*
reconnaissance
pour le fauteuil velu près de la cheminée
et pour le verre de xérès au bon moment
pour le plaid de la maîtresse de la maison
pour la nappe sans trace de mes taches
(et pour sa descente sur la
table en silence
son rugueux tissu de lin cette
plaine neigeuse)
reconnaissance pour la joue tendue au baiser
pour le sourire condescendant des rivales
une reconnaissance paralysante pour ta proximité la nuit
il pleut (reconnaissance pour l’abri en tôle ondulée)
seule l’épaule d’un inconnu dans la bousculade
à l’arrêt chasse le doute sur l’attouchement possible
reconnaissance pour le poème orphelin titubant vers l’aube
dans la chambre
pour ses pieds nus
le froid alentour sans rien demander
nous pénètre et enseigne l’éternité gracieusement
nous en offre la connaissance
Wanda Heinrichová,poèmes inédits en français, traduits par Petr Král
Contribution de Bruno Fern
Bio-bibliographie de Wanda Heinrichová
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