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Lettres de Singapour(6): La cité des plaisirs de bouche, ignore le péché de gourmandise

Publié le 15 janvier 2009 par Chantalserriere

Ni Sodome, ni Gomorrhe, Singapour, cité de tous les plaisirs culinaires vit dans l’innocence gustative des premiers matins du monde.

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Ah! Le bel appétit, quand le parfum des fruits, la saveur des mets, la fraicheur d’un thé, le brûlant des épices ne pèsent d’aucun poids dans l’inflexible balance de nos culpabilités!…Fondre de plaisir à la dégustation d’un plat, fait en effet partie intégrante des fonctions vitales des humains de cette planète. Et parler, discourir, voire écrire sur ce plaisir n’est autre qu’un devoir, un rituel sacré, une participation à la liturgie  dédiée  à ce dieu bienfaisant, créateur du bonheur de manger, de manger à sa faim, de manger de belles et bonnes choses entourés des siens… ou de la foule.

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Depuis toujours, en Chine, le dieu de la cuisine veille sur les actes quotidiens. Il s’appelle Zaojungong,  et sait tout ce qui se passe dans la maison. A la fin de l’année il  ne manque pas de faire son rapport à “l’Empereur de jade” qui détermine la fortune de la famille pour la nouvelle année. C’est lui qui rapporte en hauts lieux les actions de chacun, les bonnes comme les moins bonnes. Les ménagères avisées lui offrent des bonbons qu’il adore et dont il a la bouche pleine. Une manière comme une autre de lui faire plaisir ou de le remercier pour sa bienveillante attention sur la cuisine, mais aussi une remarquable facon de lui clouer le bec…

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Comme on est loin du “Diner de Babette “! Karen Bixen y narrait  à travers le blocage de la société puritaine norvégienne à la fin du XIX siècle,  l’impossible expression du plaisir de la table. Savoureuse nouvelle où les efforts de Babette, une restauratrice  française renommée, exilée en Norvège après la Commune qui l’a contrainte à l’exil, réveillent les sens d’une communauté endormie. Ses patronnes sont deux vieilles filles austères. Le jour où Babette gagne dix mille francs-or à une loterie, elle leur demande de la laisser préparer un dîner fin, dans la grande tradition française. Sa fortune y passe, mais une soirée aura effacé des années de carême.

image 1: “La destruction de Sodome et Gomorrhe” par Etienne de Laune

image 2:  “L’empereur de Jade”


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