Magazine Amérique du nord

Inauguration Day, au bar (1) A l'Ouest

Publié le 18 janvier 2009 par Olivier Beaunay
En Amérique, dîner au bar est assez courant et donne généralement la possibilité de repas moins formels et plus conviviaux. Cela peut commencer au bar de Ouest, sur Broadway, un des restaurants gastronomiques de l'Upper West Side. Entre une porte glaciale (New York oscille autour des -10 ° ces temps-ci) et un restaurant bondé qui domine une cuisine largement ouverte sur la salle principale, le dîner s'engage, avec un peu de chance, avec des bouchées au fromage que vous offriront bien volontiers vos voisins au moment de l'apéritif, ou le barman si votre tête lui revient - ici comme ailleurs, un personnage clé et davantage pour la générosité du service que pour l'étude de la mauvaise foi - il fallait quand même avoir l'esprit tordu, "l'oeil torve et le regard perçant" comme dit ce commentateur de Sartre dans Philo Mag, pour perdre de vue l'essentiel dans l'existence.
Après les mises en bouche, le Gravlax, servi sur un blini léger, fait un appetizer délicieux et frais, qui s'accommodera parfaitement de la vivacité d'un Pinot grigio (Kris, Veneto - 2005). La suite peut permettre de s'aventurer dans des options disons plus consistantes, tel ce risotto aux artichauts associant filets de caille et magrets de canard dans une sauce au vin très concentrée, à l'instar de celles qui vont avec les venaisons. Savoureux, pas si lourd - ce qui souligne au passage le talent de Tom Valenti - et remarquablement servi par un Zinfandel (Peter Franus, Nappa Valley - 2005) que l'on préfèrera même, et avec une indéniable longueur d'avance, et un brin de malice, au Saint-Estèphe de la carte, aussi prometteur en bouche que plat en finale.
Soyons fous, à l'approche de la passation des pouvoirs à la Maison Blanche, et à deux pas de la ruine qui suivra (ne lisez pas le dernier Attali, les fins insouciantes au bord du gouffre ont toujours fait les chapitres les plus profonds des manuels d'histoire), le dîner peut s'achever autour d'une plus qu'honorable Panna cotta à la mangue, succulente bien que la base de crème fraîche y soit un peu trop marquée. Autour de voisins qui évoquent, pêle-mêle, les bonheurs du quartier, les blackberrys en vogue, le 11 septembre et les amerrissages (impeccables) sur l'Hudson River, on peut alors s'offrir un vin de dessert. Ce sera un Torcato (Maculan, Veneto - 2001), un peu trop sucré mais qui l'emporte, là encore, sur son concurrent direct à la dégustation (voir plus haut, sur la largesse d'esprit du barman), un Rivesaltes plus féminin, aux notes florales bien plus prononcées.
Allons, un verre aux jolis reflets d'or quand la conversation finit par tomber sur Wall Street, Obama et les atterrissages en douceur, entre le bûcher des vanités et Inauguration Day, c'était bien le moins que la France pût faire, ce soir-là, pour encourager l'Amérique.

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