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NICO 1er et ses amis : Patrick Kron

Publié le 18 janvier 2009 par Zelast

Une nouvelle rubrique : les amis de sa majesté.Aujourd'hui : Patrick kron.
Merci à LAIT d'BEU ,sympathique blog que j'ai gracieusement wampirisé......

            

Patrick Kron, emblématique PDG d’Alstom

            

 

kron

Un très instructif article paru dans le Monde des 26-27 novembre, relatant la reprise du travail après 12 jours de grève de 60 salariés (75 % de l’effectif) d’Alstom-Belfort.
Ils réclamaient une prime de fin d’année de 1000 € et n’en ont obtenu que 400 € (le reste en avril 2007… ou à la Saint Glin-glin ?) et quant aux augmentations de salaire (150 € pour tous) elles sont renvoyées aux hypothétiques négociations salariales…
Pourtant, l’article d’Alexandra Bollengier rappelle fort opportunément que Patrick Kron, PDG d’Alstom ne s’est pas oublié dans le partage du gâteau : il a su se faire accorder au printemps 2005 une augmentation de 37 % ! portant ainsi son salaire à 187.000 € mensuels… doit manquer de rien, le gars ! Vous ajoutez à cela les 127 millions d’euros de résultat net du groupe au premier semestre 2006, soit 67 % de plus qu’en 2005…
Le travail des ouvriers n’y compte-t-il vraiment pour rien ? Après plusieurs vagues de licenciements de 2001 à 2005 et la productivité en hausse, les grévistes résument la situation “Le mirage Alstom, c’est travailler plus et gagner moins…”
Ce n’est à l’évidence le cas du PDG mais avant de se demander si ses récentes “performances” méritent un tel salaire, je me livrerai à quelques petits calculs tout simples - je ne suis absolument pas matheuse - qui illustrent bien le cynisme de “l’entreprise barbare” et son management féroce.
On peut déterminer l’effectif total d’Alstom-Belfort, sachant qu’une soixantaine de grévistes représentent 80 % de l’ensemble (60/0.75 = 80)
Il est donc facile de chiffrer rapidement les revendications :
- prime de fin d’année réclamée 1000 € x 80 = 80.000 €
     même pas la moitié du salaire mensuel du PDG (187.000 €)
- prime accordée 400 € x 80 = 32.000
     même pas l’augmentation mensuelle du PDG :
soit 37 % : (187000 x 37)/137 = 50.000 € (arrondis)
- quant à l’augmentation générale du salaire mensuel : 150 € x 80 = 12.000 €
donc 12.000 x 80 = 960.000 € par an
on peut la mettre en parallèle avec le salaire du PDG
- celui-ci revient (sans parler des autres rémunérations, stock-options, jetons de présence, etc, voiture de fonction et tout le toutim) à 187.000 x 12 = 2.244.000 € par an
- autrement dit, rien qu’avec les 50.000 € d’augmentation annuelle de Kron, Alstom pourrait financer les 2/3 des augmentations des 80 salariés d’Alstom-Belfort : en effet 50.000 x 12 = 600.000 €
- vérification (960.000 x 2)/3 = 64.000 € CQFD !
Et il n’y a pas besoin de sortir d’une grande école… on me dira sans doute que c’est simpliste mais c’est une splendide illustration du peu de respect accordé aujourd’hui à la “valeur travail”…
Je ne saurais dire si Ségolène Royal y pourra changer quelque chose car, hélas ! trop de décisions ne se prennent plus, ni dans les entreprises ni même à l’échelle nationale.
De moins en moins de dirigeants impliqués - et ceux qui misent réellement “leurs billes” dans une affaire sont en général de petits entrepreneurs. Ce mouvement ne peut que s’accélérer avec l’entrée en force des “fonds d’investissement” dans le capital des entreprises…
Lire le très intéressant dossier du “Monde de l’économie” du 28 novembre 2006 : les-fonds-dinvestissement-nouveaux-gloutons-du-capitalisme.pdf.
Les mécanismes et risques du LBO - rachat à crédit par “effet de levier” - y sont très bien exposés. Je vous renvoie également à une petite note “LBOa constrictor”
J’en reviens à Patrick Kron. Pendant qu’il doit très bien vivre, les salariés d’Alstom, autant dire qu’il s’en tape complètement.
S’il a incontestablement redressé la situation d’Alstom - mais les salariés y ont laissé un plus lourd tribu que lui - on peut se demander quels signalés services il rend aujourd’hui à Alstom pour justifier son salaire de nabab.
Or excepté les résultats bénéficiaires actuels, lesquels pourraient très bien ne pas perdurer dans le futur si Alstom continue à perdre des parts de marché : cf la décision de la SNCF de confier à la société canadienne Bombardier le renouvellement des rames de banlieue… et pour cause : plus confortables, plus lumineuses, plus agréables à conduire ! ce n’est pas moi, l’utilisatrice des transports en commun d’Ile de France qui vais m’en plaindre…
Devrait-on d’ailleurs se plaindre qu’une saine concurrence se manifeste dans l’attribution des marchés publics ? Pourquoi privilégier absolument une entreprise française si une autre propose une meilleure qualité à coût sans doute égal ? Sans doute les entreprises françaises ont-elles perdu le goût de l’innovation et de la qualité en étant trop assurées d’emporter les marchés, et puis, franchement, pourquoi se soucier du confort des usagers ? “On ne nous transporte pas, on nous roule”… vieux slogan post-soixante-huitard !
De toutes façons, les rames seront construites en France, et aux dernières nouvelles, Bombardier proposerait à Alstom un partage du marché.
Le “patriotisme économique” ? comme si les multinationales du type d’Alstom avaient une autre patrie que celle du fric… Elles auraient d’aileurs plutôt tendance à planter leur drapeau sur n’importe quel paradis fiscal !
Autre revers de taille pour Patrick Kron qui semble bien, dans la conjoncture actuelle, devenir plus un boulet pour Alstom qu’un atout : il aurait proposé “la botte” à Anne Lauvergeon, pédégère d’Areva. L’intéressée a décliné l’invite.
On ne nous dit pas si ce refus est uniquement fondé sur une différence d’appréciation sur la stratégie de développement d’Areva (qui cherche de toutes façons un ou des partenaires pour la construction des centrales EPR ou autres) ou si elle aurait été avant tout rebutée par l’épais et vulgaire machisme de Patrick Kron et son humour de corps de garde…
Preuve que l’on peut très bien sortir major de Polytechnique et traiter ses collaborateurs pire qu’un charretier (cf. Le nouvel Observateur du 8 nov 2006) et que l’argent peut (presque) tout sauf acheter les bonnes manières !
Mais après tout, si ses collaborateurs acceptent d’être (mal)traités au lieu de démissionner séance tenante c’est qu’ils mettent leurs intérêts matériels au-dessus de l’amour propre… jusqu’au jour où il tombera sur aussi caractériel que lui, avec le risque de prendre un ramponneau en pleine poire !
L’avenir proche nous dira si, après tous ces cafouillages et cette image brouillée, Kron restera longtemps à la tête d’Alstom… la balle étant dans le camp des administrateurs et actionnaires. Nul doute toutefois qu’il se fasse attribuer un solide “parachute doré”, lequel a pour fonction de “remercier” les PDG calamiteux…
Comme il est lui-même très mal élevé, aucun scrupule à dire qu’à Alstom Patrick Kron s’est fait des “couilles en or” !

Le lien vers ce blog : http://kamizole.blog.lemonde.fr/


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