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Bonus: le gouvernement monte le ton

Publié le 19 janvier 2009 par Bernard Carlier

Dépêche AFP

Si les banques ne changent pas d’attitude, “elles devront trouver un autre guichet” pour se recapitaliser, a lancé la ministre de l’Economie Christine Lagarde, tandis que le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, s’est dit prêt à “désigner” les récalcitrantes à l’”opinion publique”.

Jeudi, le président de la République Nicolas Sarkozy avait demandé à leurs dirigeants de renoncer à la part variable de leur rémunération au titre de l’exercice 2008. Ils sont d’ailleurs convoqués mardi à l’Elysée.

Mais la Fédération bancaire française (FBF) avait répondu vendredi par la voix de son président, Georges Pauget, que la question des rémunérations relevait de la “compétence exclusive” des conseils d’administration. Ceux-ci doivent se réunir en février pour approuver les comptes annuels et décider également de la politique de dividendes.

Pour ce qui est de son cas personnel, M. Pauget, qui est aussi le directeur général de Crédit Agricole, avait également renvoyé à la décision du CA de la banque, estimant toutefois n’avoir pas “failli”.

La menace de Mme Lagarde devrait toutefois faire réfléchir les banquiers.

Car si elles sont en meilleure santé que nombre de leurs pairs en Europe, les banques françaises ne peuvent se permettre de refuser une nouvelle injection de 10,5 milliards d’euros de fonds publics, aussi longtemps que leur financement sur les marchés restera perturbé.

Rompant le front commun affiché vendredi, les dirigeants de BNP Paribas, Michel Pébereau et Baudouin Prot, ont d’ailleurs annoncé samedi qu’ils ne percevraient pas leurs bonus en 2009.

Sans s’écarter trop de la position de la FBF, Frédéric Oudéa, le directeur général de la Société Générale, s’est voulu conciliant lundi: “les conseils d’administration prendront des décisions équilibrées et adaptées à l’environnement économique et financier”, afin “de ne pas aggraver la fracture entre le système bancaire et le reste de l’économie”, a-t-il déclaré au Monde.

Interrogé par l’AFP, le député PS Didier Migaud a regretté que l’exigence du gouvernement n’ait pas été formulée dès l’annonce du plan de soutien en octobre.

En outre, en choisissant de ne pas rentrer au capital des banques comme cela a été fait notamment en Grande-Bretagne, l’Etat s’est privé de la possibilité de sièger à leur conseil d’administration, et donc de peser sur ses décisions, a-t-il fait valoir.

M. Lefebvre a d’ailleurs reconnu qu’il n’y avait “pas de moyens législatifs” pour “contraindre” les banquiers parce que ce sont “les conseils d’administration qui décident”.

Des conseils dont Colette Neuville, la présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), critique le manque d’indépendance. “On sait très bien que les conseils d’administration (…) ne représentent pas les actionnaires qu’ils sont censés représenter, il sont le plus souvent +à la botte+”, a-t-elle dit sur RTL.


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