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Le journaliste Željko Peratović v

Publié le 19 janvier 2009 par Hrvatska

Le journaliste Željko Peratović victime de harcèlement juridique

Reporters sans frontières dénonce les poursuites ouvertes le 14 janvier 2008 à l'encontre du journaliste Željko Peratović, à la demande du ministre de l'Intérieur Tomislav Karamarko, qui l'accuse d'avoir contrevenu à l'article 322/1 KZA du code pénal prescrivant une peine de prison d'un an et des amendes "pour toute personne qui diffuserait des informations de nature à inquiéter la population".

Sur son blog (peratovic.net et peratovic.blog.hr) dans des courriers adressés aux autorités juridiques nationales, et dans diverses interventions publiques, Željko Peratović a dénoncé l'obstruction pratiquée par Tomislav Karamarko dans l'enquête sur la mort de Milan Levar, un témoin protégé du Tribunal pénal international pour l'ex-yougoslavie (TPIY) décédé dans l'explosion de sa voiture, le 28 août 2000 à Gospić. Une enquête a été ouverte, dans laquelle Željko Peratović a été entendu comme témoin, puisqu'il figure parmi les dernières personnes à avoir vu Milan Levar en vie. En violation du secret de l'instruction, le procureur a ensuite révélé l'identité de Željko Peratović.

"Le ministre Karamarko se dit victime de diffamation, et prétend que je veux inquiéter la population. Il poursuit cependant un autre but. Au-delà des amendes, le tribunal peut surtout décider de m'interdire, pour une durée indéterminée, de diffuser de l'information. Il me priverait de fait d'exercer toutes activités journalistiques, sur mon blog ou dans d'autres médias. Ceci m'interdirait aussi de poursuivre mes efforts pour que l'on découvre les commanditaires de l'assassinat de Milan Levar. Certains misent également sur la prescription dans ce dossier. Me réduire au silence constituerait une voie possible pour y parvenir", a déclaré Željko Peratović.

"Il semble que les enquêtes menées par la presse sur les crimes de guerre ne soient pas les bienvenues dans le contexte d'adhésion à l'Union européenne. Le ministre de l'Intérieur devrait plutôt s'attacher à la progression des enquêtes sur l'assassinat d'un témoin protégé, plutôt que de s'attaquer à ceux qui refusent de voir l'oubli et l'impunité s'installer", a déclaré Reporters sans frontières.

"Les poursuites établies sur base de l'article 322/1 sont ridicules et irrecevables. La notion 'd'information de nature à inquiéter la population' constitue une vision obsolète de la liberté d'expression, incompatible avec les standards démocratiques européens auxquels la Croatie devra se conformer si elle veut rejoindre l'Union européenne", a ajouté l'organisation.

"Enfin, si les poursuites contre Željko Peratović devaient être maintenues, nous insistons pour que les prochaines auditions de chacune des parties ne soit plus effectuées à huis clos", a conclu Reporters sans frontières.

En 2008, Željko Peratović a reçu des menaces de mort par la voie de commentaires publiés sur son blog. Le 17 octobre 2007, il avait été arrêté à son domicile et placé en détention, pour "divulgation de secret d'Etat." Le journaliste avait publié sur son blog (peratovic.net et peratovic.blog.hr) des documents relatifs aux crimes de guerre commis dans le village de Gospić (sud-ouest de la Croatie), dans les années 90. Il avait, notamment, évoqué l'existence d'un témoignage vidéo mettant en cause un des vice-présidents du Parlement et le défunt ministre de la Défense, Gojko Šušak. A 42 ans, Željko Peratović, risquait jusqu'à trois ans d'emprisonnement. Si les poursuites contre le journaliste n'ont pas progressé, les charges retenues contre lui n'ont pas non plus été levées. Les archives qui avaient été saisies à cette occasion ne lui ont toujours pas été rendues.

Željko Peratović a travaillé pour différents quotidiens dont le dernier en date est Vjesnik. Ses enquêtes sur les crimes de guerre lui ont valu de graves difficultés. Il a perdu son emploi, a été agressé et est considéré comme un traître par une partie de la population, qui refuse l'idée que des crimes aient pu être commis par des Croates pendant la guerre.

En 2003, il a reçu le prix de la liberté de la presse de la section autrichienne de Reporters sans frontières.

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Source : Reporters sans frontières


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