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Álvaro Mutis/Sonate (2)

Par Angèle Paoli
« Poésie d'un jour
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SONATA (2)

Por los árboles quemados después de la tormenta.
Por las lodosas aguas del delta.
Por lo que hay de persistente en cada día.
Por el alba de las oraciones.
Por lo que tienen ciertas hojas
en sus venas color de agua
profunda y en sombra.
Por el recuerdo de esa breve felicidad
ya olvidada
y que fuera alimento de tantos años sin nombre.
Por tu voz de ronca madreperla.
Por tus noches por las que pasa la vida
en un galope de sangre y sueño
Por lo que eres ahora para mí.
Por lo que serás en el desorden de la muerte.
Por eso te guardo a mi lado
como la sombra de una ilusoria esperanza.

Álvaro Mutis, Los trabajos perdidos, Era, Mexico, 1965.


Pour cela je te garde à mon côté comme l'ombre d'un illusoire espoir.

Ph., G.AdC


SONATE (2)

Pour les arbres brûlés après la tourmente.
Pour les eaux boueuses du delta.
Pour ce qui demeure de chaque jour.
Pour le petit matin des prières.
Pour ce que recèlent certaines feuilles
dans leurs veines couleur d’eau
profonde et sombre.
Pour le souvenir de ce bonheur bref
et déjà oublié
qui fut mon aliment de tant d’années sans nom.
Pour ta voix de nacre rauque.
Pour tes nuits où transite la vie
en un galop de sang et de rêve.
Pour ce que tu es aujourd’hui pour moi.
Pour ce que tu seras dans le tumulte de la mort.
Pour cela je te garde à mon côté
comme l’ombre d’un illusoire espoir.

Álvaro Mutis, Les Travaux perdus in Et comme disait Maqroll el Gaviero, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 2008, page 118. Traduction de François Maspero.



ÁLVARO MUTIS

Álvaro Mutis

Source

Voir/écouter aussi :
- (sur Palabra Virtual) Álvaro Mutis disant à voix haute la troisième « Sonate » du recueil Les Travaux perdus (op. cit. supra, pp. 120-121) : « Sais-tu ce qui t’attendait après ces trois arpèges de la harpe qui t’appelaient d’un autre temps et d’autres jours ? […] »  ;
- (sur A media voz) d’autres poèmes d’Álvaro Mutis dont la Sonate [1] dite par Álvaro Mutis => ICI : « Cette fois encore le temps t'a ramenée/dans mes rêves funèbres. […] » (op. cit. ibid., page 113) ;
- (sur books.google.com) Summa de Maqroll el Gaviero (1948-1970) ;
- (sur ClubCultura.com) une page (en espagnol) sur Álvaro Mutis.



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