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Pourquoi la célébrité fascine les médias ?

Publié le 08 janvier 2009 par Spies Virginie
Pourquoi la célébrité fascine les médias ?
Lorsque je tombe sur les émissions de Jean-Luc Delarue (après-midi ou/et soirée), je suis obligée de regarder de quoi ça parle, par conscience professionnelle (ce qui ne m'oblige pas, sauf analyse nécessaire, à regarder ces émissions en entier, je le précise pour ceux qui s'inquièteraient de ma santé mentale). Je constate que cela fait longtemps, (et aussi qu'il est fréquent) que Jean-Luc Delarue, personnage récurrent du sémioblog, consacre ses émissions aux peoples hasbeen, aux célébrités déchues, aux stars à deux balles. En voyant cette profusion de sujets autour de la même question, je me pose moi-même la question de savoir pourquoi la célébrité fascine tant les médias populaires, non seulement l'ascension des personnes en devenir de "people-isation", mais surtout à la vie d'anciens people désormais retournés à la "vraie vie".
- Un élément de réponse pourrait être que l'importance de la célébrité est un mythe maintenu par les célébrités elles-mêmes, comme s'il n'était pas possible d'avoir une "vie après". Je pense par exemple à Michel Drucker qui, dans l'émission qui lui était consacrée la semaine dernière, n'avait de cesse de répéter qu'il avait très tôt eu conscience du pouvoir de la télé, et qu'il ne pourrait jamais "décrocher". D'ailleurs, s'il ne souhaite pas "décrocher", c'est bien entendu parce qu'il considère la télévision comme une drogue. Pas douce. Autre exemple fort : celui de la télé-réalité. Depuis le loft en 2001, il est communément admis de l'on peut être connu parce qu'on est connu, comme si la célèbrité était un job à part entière. D'ailleurs, Laure, du loft1 le disait avec joie : "moi, mon job, c'est être connu". Aujourd'hui, Jean-Luc Delarue le répète à tout le monde, comme un professeur qui referait le même cours à toutes les promos "La célébrité n'est pas un métier, m'ssieurs dames".
 
- Dans le même temps, les médias qui nous concernent ici entretiennent l'idée que cet univers est difficile à affronter, car "des gens" leur en veulent. Qui sont ces "gens" ? Les "gens du show biz', bien sûr, ceux qui abusent de vous, pauvre animal égaré dans cette jungle de l'apprenti people. S'il existe bien entendu des requins (ou des crabes, selon votre préférence), le mythe est entretenu par ces médias, et nous savons qu'il est aisé car simplissime de penser les choses en dualité : les gentils d'un côté, les méchants de l'autre.
- Ensuite, parler de la célébrité, et de la chute de cette célébrité permet de tenir un discours réflexif : le média parle de média, la télé de la télé. En ce sens, les médias utilisent, ré-utilisent et sur-exploitent leur propre matériaux, comme si un plombier cassait la salle de bains qu'il venait de fabriquer en se disant que c'est vraiment pas du boulot. Nous savons (voir mon ouvrage "La télévision dans le miroir") que la télévision parle d'elle-même depuis toujours. Désormais, elle est inclue dans un espace plus vaste, un univers médiatique dont elle est un acteur majeur, en faisant, défaisant et racontant les acteurs d'une célébrité qui se consomme, une notoriété jetable.
Alors, si la célébrité fascine tant les médias, c'est certainement parce qu'ils trouvent ici un moyen de parler d'eux et de leur pouvoir, celui de faire et de défaire, au moyen d'un discours qui prétend être toujours plus dans l'action.
 

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