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L'art contemporain dans les musées

Publié le 28 janvier 2009 par Orsérie - Le Journal Du Beau & Du Bien-Etre

Il y a toujours des gens cultivés et traditionnels qui défendent le Patrimoine de la France, Mossieur !, et ronchonnent à tout va contre ces atteintes intolérables que sont les confrontations entre art contemporain et musées d’art, qu’elles soient ponctuelles ou monumentales (et je n’ai pas parlé de Koons à Versailles).

La tolérance, Monsieur, il y a des maisons pour ça ! disait Claudel.

Et l’art contemporain, des centres de création spécialisés, renchérit David-Weill.

Je leur conseille à tous d’aller visiter le Musée Capodimonte à Naples (et aussi, dans une veine similaire, le Musée de la Chasse à Paris).

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On s’attend à y voir une exposition Louise Bourgeois, comme à Londres ou à Pompidou. Rien n’est annoncé à l’entrée, alors on part visiter les galeries de peinture ancienne. Et là, au détour d’un couloir, quelque chose détonne, se remarque. On s’approche, on se penche, on cherche un cartel. Jusqu’au 25 janvier, Louise Bourgeois s’est implantée au milieu des collections du musée. Il ya quelques grandes installations, certes, mais surtout beaucoup de petits objets disséminés dans les vitrines, topiaires au milieu des miniatures, poupées voisinant avec Cléopâtre et Diane, double main (Give or Take) encadrée par Vénus et Hercule, petits phallus honorant Mercure, correspondances symboliques ou formelles, mythologiques ou distrayantes.

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D’autres pièces, plus grandes, entrent en résonance avec les oeuvres environnantes. Face au Brueghel éponyme, son installation Les Aveugles conduisant les aveugles, dépouillée à l’extrême. Dans la salle des tapisseries de la bataille de Pavie, Maman, une araignée géante (une autre, plus grande, occupe la cour d’honneur). Au bout d’un long couloir, cette Croix aux deux mains. Et devant la Judith de Mattia Preti, cette sphinge polymaste en bronze poli, fusion des sexes et des espèces (Nature Study).

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Enfin, deux cellules, l’une avec des habits suspendus (Peaux De Lapins, Chiffons Ferrailles à Vendre), l’autre où des boules bleues entourent un escalier en spirale (The Last Climb). Toute la magie de l’univers de Louise Bourgeois est là, moins obnubilante que dans les grandes expositions personnelles, mais homéopathique, diffuse, insidieuse, enchanteresse. Cette interaction discrète entre art classique et oeuvres de Louise Bourgeois induit une tension plus créative, un regard plus aiguisé, un enrichissement de l’esprit : il faut être bien conservateur et dogmatique pour se boucher les yeux et refuser de le voir.

Excellent catalogue (en anglais et en italien) chez Eletra Napoli.

Louise Bourgeois étant représentée par l’ADAGP, les photos seront ôtées du blog dans un mois.


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