Magazine Conso

La meilleure part des hommes

Publié le 28 janvier 2009 par Lorraine De Chezlo
de Tristan Garcia
Roman - 305 pages
Editions Gallimard - août 2008
Prix de Flore 2008
Des hommes c'est souvent la meilleure part que l'on retient, parce qu'ils nous l'ont présentée au cours de leur vie. Parfois, la meilleure part des hommes est celles qu'ils ont cachée, tue, enfouie, en dévoilant au contraire leur côté odieux à la face du monde. C'est le cas de William Miller, jeune homosexuel rebelle, provocant, dangereux aussi par son comportement irresponsable. C'est Elizabeth qui nous en parle, qui nous conte la vie de cet homme, et aussi de Dominique Rossi, activiste dans le milieu gay, et enfin de Leibowitz, son amant. Ces trois hommes de sa vie ont connu leur heure de gloire, leur réputation, leur influence dans les mondes culturel, politique ou militant. Mais leurs vies privées, déchirées par les ravages du Sida, des conflits interreligieux, furent le théâtre de passions et de trahisons déchirantes. Elizabeth en est témoin.
Un style parlé très contemporain, une déferlante de dialogues, d'anecdotes, de tranches de vies. De drames. J'arrive pas à dire que j'ai aimé ce livre, loin de m'avoir emballée, j'ai trouvé la lecture assez laborieuse.

Extrait :
"J'étais plutôt seule.
Doumé disait souvent à Will en lui caressant la nuque, lentement : "On est heureux, c'est con, hein, on n'en fout pas une rame."
Il continuait d'écrire des articles pour Libé, mais sa vie c'était Stand désormais. J'avais pris sa place pour le culturel, au journal. J'écrivais un peu sur tout, je travaillais beaucoup.
Je ne sais pas comment ils ont été heureux, c'est précisément le genre de choses privées qui ne sont plus ce qu'elles sont quand on les voit de dehors, quand on en parle et quand on les écrit."

Certains passages m'ont plus laissée admirative.

Extrait :
"Les hommes dont la meilleure part n'est pas le coeur, mais tout autour d'eux, leurs actes, leurs paroles, et tout ce qui s'ensuit, leurs parents, et leurs héritiers - ils se survivent, leur disparition n'est finalement qu'une péripétie de leur plus longue durée, à nos yeux.
Quant à la meilleure part des hommes qui la gardent dans leur coeur, faute de mieux, jusqu'à la dernière heure, elle vit mais aussi elle meurt avec eux."
William est un écrivain provocateur, prônant l'amour sans protection malgré la séropositivité d'un partenaire. Comme lui. Personnage choquant, égoïste en apparence, assumant sa maladie et ses souffrances, refusant tout conformisme, il impressionne. Il semble que seule la narratrice Elizabeth reste la seule compréhensive et indulgente quand tous ses amis et amants sont devenus ses ennemis.Evidemment très ancré dans la similitude avec l'histoire réelle de la fin du siècle dernier, je l'ai lu sans réaliser à quelles personnes réelles les personnages faisant référence. Seul l'organisme Stand, mouvement de lutte et d'émancipation de l'homosexualité en France, m'a évoqué clairement Act Up. Mais mes connaissances limitées ne me permettaient pas de pousser plus loin les rapprochements.Il s'avère donc que ce William Miller renverrait de manière implicite à Guillaume Dustan, Leibowitz à Alain Finkielkraut , Dominique Rossi à Didier Lestrade. J'aurai appris des choses.

L'avis de cgat - Lignes de fuite
L'avis d'Isabelle Mayault - Culturopoing
Cette vieille canaille d'époque - Fluctuat.net

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lorraine De Chezlo 64 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines