ALTERNATIVE A LA PÉNURIE DE GAZ : Le charbon est presque introuvable

Utilisי comme substitut au gaz qui connaמt une pיnurie dans certains quartiers, le charbon de bois se fait יgalement rare. A la Mיdina et א la Gueule Tapיe, par exemple, plusieurs vendeurs de charbon ont יpuisי leurs stocks. Alors que les mיnages ne savent plus א quel saint se vouer, l’יquation de la dיsertification qui sous-tend la politique de promotion du gaz butane est plus que jamais d’actualitי.

Ce matin, le vent glacial soulטve la poussiטre et balaie les rues de la Gueule Tapיe obligeant les habitants א rester א l’intיrieur de leurs maisons. Croisיe dans la rue, une petite femme d’environ la trentaine, son bיbי sur le dos, affiche la dיception sur son visage. Toute la matinיe, Ndטye Ndoye a sillonnי le quartier א la recherche du charbon de bois. Elle est revenue bredouille.

« Il n’y a pas de charbon dans tous les alentours et depuis un mois, nous n’avons pas du gaz. Cette situation est vraiment difficile ! », lance-t-elle. Mךme son de cloche du cפtי de sa voisine, Soda Fall. Cette vieille femme, qui a perdu toutes ses dents, juge la situation intenable. A quelques pas de leurs maisons, le vendeur de charbon du quartier a fermי boutique. De l’extיrieur, on s’aperחoit que l’enclos de tפles et de paille tressיe est vide.

A Diיkko, un petit quartier de la Mיdina, Diallo est le seul vendeur de charbon א ouvrir boutique. Sa place, un petit espace entourי d’une clפture de paille est envahie par quelques dizaines de clients, composיs essentiellement d’enfants et de femmes, avec quelques vieillards venus chercher « de quoi se chauffer » contre le froid qui fait rage א Dakar.

A l’intיrieur, Diallo et son jeune frטre, accroupis sur le tas de charbon et les visages totalement recouverts de la poussiטre noire qui s’יlטve, s’activent avec panache. A l’aide de petites pelles, ils mesurent du regard le poids de charbon servi א chaque client.

De temps en temps, Diallo est houspillי par ces femmes. L’une d’entre elles lui lance d’une voix empreinte א la fois de dיfi et de sollicitude : « Pourquoi tu ne me donnes pas ce gros morceau (en montrant du doigt). Tu le rיserves pour le manger ?... ». Diallo encaisse sans broncher. Il s’intיresse plutפt א l’argent qu’un autre client lui tend. Un autre s’en prend א son jeune frטre pour une histoire de monnaie de 50 frs. Diallo tempטre les esprits. En ce moment, c’est la bonne affaire pour lui. Mais, il redoute l’יpuisement de son stock. Il achטte le sac de charbon א 7.000 frs auprטs des fournisseurs. Il revend au dיtail avec un bיnיfice confortable.

Au bout d’un moment, Diallo prend la grande pelle pour retourner les morceaux de charbon. La poussiטre noire soulevיe dיclenche les protestations des femmes. Mais, elles oublient trטs vite. Ce qui compte c’est d’ךtre servi. Il y en a toujours des tricheurs pour contourner la file d’attente.

A. Fall, aprטs une bonne demi-heure d’attente, a יtי servie. Toutefois, son sentiment est mitigי : si elle est contente d’avoir eu du charbon, elle se dit dיחue par la quantitי. « Voyez, (elle montre le sachet) חa ne pטse mךme pas un kilo et on me dit que c’est quatre kilos. J’ai achetי חa א 500 frs et ce n’est mךme pas suffisant pour le repas de midi, sans parler du dמner... ».

D’aprטs ces femmes, le charbon est nettement plus cher que le gaz, sans compter le fait que cuisiner avec du charbon de bois n’est pas de tout repos. A raison de 125 א 150 frs le kilo de charbon, la note risque d’ךtre salיe, si l’on sait qu’il faut au moins quatre kilos de charbon par repas. C’est pourquoi, pour certaines femmes, la solution c’est le bois. Si on en trouve.

En attendant un approvisionnement complet du marchי en gaz butane, il n‘y a pas d’alternative pour les mיnages. Et la dיforestation dans tout חa ? serait-on tentי de se demander.