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Michel Edelin met la flûte en chantier

Publié le 30 janvier 2009 par Assurbanipal
Michel Edelin met la flûte en chantier Jeudi 29 janvier 2009. 21h30.
Paris. Le Sunside.
Michel Edelin : flûtes
Jean Jacques Avenel : contrebasse
John Betsch : batterie
La photographie de John Betsch est l'oeuvre du Pétillant Juan Carlos Hernandez.
La salle est presque vide pour cause de froid et de grève. Direction et musiciens remercient le public d'avoir bravé les éléments pour venir. Il s'agit du concert de lancement de l'album « Kuntu » de Michel Edelin.
Solo de flûte basse pour commencer. Une ambiance magique se crée dès les premières notes. Dans une musique de film ce serait parfait pour présenter le calme avant la tempête. Subitement la rythmique part tout en souplesse avec les balais. L'âme du saxophoniste Steve Lacy plane sur ce concert puisque c'est sa rythmique qui joue ce soir. Le batteur fait monter la sauce en grand chef. Michel passe à la flûte traversière. C'est souple, ondulant comme un guépard. Pendant le solo de contrebasse, John Betsch polit son tambour de la main.droite. Le son aigrelet de la flûte s'élève au dessus de la masse en mouvement de la rythmique. La joie et la beauté de Rahsaan Roland Kirk se retrouvent dans cette musique. C'est dire si c'est bon.
C'était « Des cahutes » de Michel Edelin.
S'ensuit « Gazzelloni » d'Eric Dolphy dont la version originale se trouve sur l'album « Out to lunch » d'Eric. C'est bien joué, dans l'esprit du morceau. La rythmique est en feu. La flûte s'enfuit poursuivie par ces flammes. John Betsch à la batterie est présent, massif mais pas lourd. Belle frappe sèche en solo.
Changement de flûte pour une traversière plus longue. Jean Jacques Avenel à l'archet s'accorde avec la flûte. Son solo à l'archet évoque les sonates pour violoncelle seul de Jean Sébastien Bach mais en plus torturé. Au repos, John Betsch assis a une tête de scribe égyptien. Avenel explore la contrebasse tout le long de son archet. Il repasse au pizzicato avec un son très grave, très profond. Je commets l'erreur d'applaudir. Le public préfère écouter, captivé. Batterie et flûte ont enchaîné. Ca plane pour nous.Beaux roulements de tambour qui ponctuent le chant de la flûte et la vibration de la contrebasse. C'était « Goût bulgare » qui vient d'une mélodie de la liturgie orthodoxe bulgare. C'est trop raffiné pour illustrer une publicité pour des yaourts.
« Ultravitre » est une mise en scène sonore par Michel Edelin d'un poème visionnaire de Raymond Queneau daté de 1970 qui imagine la future destruction des immeubles alors neufs des banlieues. Le morceau est très vif, nerveux. Ca sent la baston en banlieue dans le jeu de batterie. Edelin entrecoupe des phrases jouées à la flûte et des vers du poème qu'il dit. Contrebasse et batterie pulsent derrière. Ce texte pourrait être adapté par un rapper français. Michel joue sur la flûte la plus aigue, la plus acide, la plus petite.
PAUSE
« 2-3-4-5 » morceau à 2 puis 3 puis 4 puis 5 phrases musicales. Michel a repris tout en douceur. La batterie cliquète. Le public est peu nombreux mais il reste fidèle au 2e set. Un air entêtant va par monts et par vaux. Michel maintient l'air tout en douceur alors que John Betsch pousse énergiquement derrière lui.
Pour « Tout simplement » Michel passe à la petite flûte. En intro, un solo de flûte avec des bruitages, des effets de souffle, de percussion. C'est beau, c'est chaleureux, c'est drôle. S'ensuit un superbe solo de contrebasse où Jean Jacques Avenel arrive à un son proche de celui de la basse de Jaco Pastorius. Légères ponctuations de batterie alors que Jean Jacques Avenel fait danser sa grand-mère.
Michel prend sa grande flûte basse. Introduction très grave à la contrebasse. C'est « Lonely woman » d'Ornette Coleman un standard du Jazz moderne. Ce morceau a 50 ans. Il est immortel. Nouveau solo magistral de contrebasse. Les cordes vibrent comme des grandes orgues.
« Mopti » de Don Cherry, grand ami d'Ornette Coleman. Michel a repris la petite flûte traversière. Il nous explique que « le demi ton, ce sont deux flûtistes à l'unisson ». c'est du Don Cherry ou Mopti, Mali, revisité par un homme multiculturel (multikulti). C'est la danse sur la place du village. Gros son vrombissant de la contrebasse. John Betsch est subtil et profond dans son accompagnement aux tambours. Avenel a un problème de son, débranche sa contrebasse. Ca sonne très bien en acoustique pur. Ca devient tribal, ancré dans la terre des ancêtres et pourtant ultra moderne. Petites ponctuations de flûte. Un fan américain manifeste bruyamment sa joie dans le public. Solo de batterie léger, sec, nerveux, précis. Duo batterie/flûte pendant qu'Avenel rebranche sa contrebasse.
En rappel « Les hirondelles » de Michel Edelin. Le batteur est passé aux balais. L'air est rapide, en zig zag comme le vol des hirondelles. John Betsch touille les tambours aux balais alors qu'Avenel virevolte le long de sa contrebasse. La musique finit comme elle a commencée. Tout en douceur.
Il y a des métros pour rentrer. Les absents ont eu tort et n'avaient pas d'excuse.

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