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Morse (let the right one in)

Par Rob Gordon
Morse (let the right one in)Porté par le vent nordique, par un buzz enthousiaste et par un récent grand prix à Gerardmer, Morse débarque à point nommé dans un début d'année marqué par le revival des vampires. Ni ail ni Christopher Lee dans cette cuvée 2009, mais des suceurs de sang bourrés de scrupules et d'idées noires, quitte à mourir de faim. Mais sur une balance dont les deux extrémités seraient Twilight et True blood, Morse se situe clairement plus près de la nouvelle série d'Alan Ball. Les deux héros ont beau avoir douze ans chacun (du moins en apparence), le film de Tomas Alfredson est placé sous le signe de la maturité, loin de la romance un peu cucul des très chastes ados de chez Catherine Hardwicke.
Filmé à la manière d'un film d'auteur un peu fauché, Morse est la description de le relation qui naît entre Oskar, garçon blond et pâle (mais uniquement parce qu'il est suédois), et Eli, fille brune et pâle. Ce qui n'a rien à voir avec sa nationalité. Eli est une jeune vampirette, nourrie de sang humain par un père qui n'hésite pas à prélever des litres d'hémoglobine sur ceux qu'il croise. Dans sa première heure, le film est moins fantastique que social, explorant la misère humaine (ou non) de ses protagonistes, creusant des thèmes comme la culpabilité ou lé dépendance (sans être une énième analogie vampire / drogué). Alfredson prend son temps pour mettre en place les relations complexes unissant les personnages, qui ne se limitent pas aux deux gamins de l'affiche. Le magnétisme de cet univers s'impose comme une évidence. Ni démonstratif ni excessivement mystérieux, Morse est un spectacle fascinant, palpitant jusque dans ses instants les plus léthargiques.
Mais Alfredson ne se contente pas de cette belle réussite : au gré d'un scénario futé mais pas frimeur, les enjeux de cette histoire simple se complexifient progressivement, et le film prend une dimension nouvelle. Ni ultra effrayant ni totalement rassurant, Morse va alors à rebours du minimalisme du début et exploite davantage la mythologie vampirique. Le résultat est à double tranchant, notamment à cause d'effets visuels pas toujours convaincants (les chats numériques sont effroyables) et parce qu'on réalise alors qu'Alfredson ne parviendra pas à révolutionner le genre comme promis. Mais l'intensité ne cesse de croître et le potentiel tragique d'exploser. Résultat : un bijou noir et sombre auquel il manque un supplément de singularité pour basculer dans la catégorie des chefs d'oeuvre du genre, mais un incontournable pour qui est souvent frustré par des histoires de vampires trop souvent encombrées par un imposant cahier des charges. Comment dit-on "allez-y" en morse ?
8/10

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