Magazine Culture

Glenn Underground - Silent (2009)

Publié le 05 février 2009 par Oreilles

Glenn Underground Silent (2009)

A la première écoute, j’ai cru qu’il y avait erreur. On m’annonçait un nouvel album de Glenn Underground, mais Silent a tout d’un disque de 1995. C’est pourtant bel et bien en janvier 2009 qu’est paru cet onzième opus (si j’ai bien compté) de l’un des DJ les plus constants et indifférents aux modes qui soit. Moins connu que d’autres Chicagoans comme Roy Davis Jr ou Lil’ Louis (il n’a pas même de page Wikipédia), il n’en reste pas moins, comme eux, l’un des piliers de la deep-house, et ce depuis la fin des années 1980. Son style plus léger et ensoleillé, moins explosif, est sans doute la raison de ce relatif manque de reconnaissance.
Elevé au jazz et à la disco dans une famille de musiciens, Glenn Crocker a appris à jouer du piano sur un Fender Rhodes, qui reste encore aujourd’hui son instrument favori. Ceux que rebutent les soli de clavier funky sur des beats 4/4 bien conventionnels passeront donc leur chemin sans attendre. Les amateurs d’Osunlade, des Masters At Work et de Kerri Chandler trouveront en revanche matière à jubilation. Car notre homme ne fait pas même semblant de moderniser sa musique en y insérant, comme nombre de producteurs de l’ancienne école, des éléments de techno minimale ou d’électro breakée. Je dirais même qu’il s’en fout comme de l’an quarante, en bon néo-conservateur de la dance music. Pourquoi se compromettrait-il, alors qu’il possède la formule magique d’un son deep-house terriblement sensuel, à l’esprit soul flamboyant et à l’effet relaxant incontestable ?
Décrire un titre de Silent revient presque à les décrire tous. “C.V.O’s Prelude”, “What Glenn Thinks”, “Thoughts of Groove”, “7 Minutes of Funk” ou “Blazed” possèdent tous une ligne de basse ventrue, des claviers scintillants et une atmosphère très love, enjouée et élégante. “Abstracts” aussi, mais il faudra passer outre des vocals R&B assez mielleux pour apprécier à sa juste valeur ce track très influencé par Stevie Wonder et Marvin Gaye. Le titre inaugural “Negro Music” se démarque des autres, avec son spoken word bien académique (voix de mâle rendant hommage aux héros de la musique noire) sur une instru très blaxploitation, avec flûte et congas. On croirait entendre un vieux classique de Blaze ! Seul “Shake It” s’avère quelque peu périmée et mièvre, ce qui lui permettra peut-être de faire une belle carrière dans les plus mauvais clubs d’Ibiza et de Londres.
C’est vrai, l’ensemble sonne presque lounge, les morceaux sont très longs (pas un en dessous de 7 minutes), et Glenn Underground a une propension souvent agaçante au délayage - certains soli paraissent interminables. De plus, il ne sait pas finir ses tracks. Mais la sincérité de ce disque, son côté “doigts de pied en éventail” et la chaleur de ses arrangements en font un précieux compagnon au cœur de ce morne hiver.
En bref : Sans prendre aucun risque, un vieux briscard de Chicago débite une série de classiques instantanés de la deep-house soulful. Un disque très attachant, d’une délicieuse obsolescence.

Glenn Underground Silent (2009)

Glenn Underground - Negro Music.mp3
Son Myspace
Le site du label Unified Records


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Oreilles 3359 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines