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Mr. Brooks et ses machiavéliques doubles faces

Par Christophe Greuet

Mr. Brooks et ses machiavéliques doubles faces

Homme de grandes déconvenues artistiques et d’immenses bides publics, on ne s’attendait pas à voir Kevin Costner ressusciter à l’écran, comme le fit John Travolta en son temps. Il semble pourtant bien que Mr. Brooks soit à l’acteur de Waterworld ce que Pulp fiction fut à celui d’Allô maman ici bébé. Sous la caméra du réalisateur Bruce A. Evans, Costner livre en effet une de ses meilleures performances dans un film qui n’est pas avare en qualités.


Earl Brooks (Costner) est un homme d’affaires reconnu et très riche. Mais il ne manque pas non plus de secrets : un dédoublement de personnalité le fait cohabiter avec Marshall (William Hurt), un double aux instincts meurtriers. Une fois la nuit tombée, Brooks se transforme en “tueur aux doigts de fée”, un serial-killer sanguinaire et méthodique qui ne s’est jamais fait arrêter. Mais peu à peu, le monde de Brooks et Marshall va s’effondrer lorsque Mr. Smith (Dane Cook) se met à faire chanter l’homme d’affaire, et que Tracy Atwood (Demi Moore), l’inspectrice qui court après le tueur, se rapproche dangereusement de lui…
Malgré un postulat de départ somme toute assez classique, Mr. Brooks s’écarte très rapidement du thriller convenu qu’il aurait pu devenir. Le plume et la caméra de Bruce A. Evans mettent en effet tout en œuvre pour faire muer ce script de serial-killer en un portrait torturé de personnages face à leurs démons. Car le tueur n’est pas le seul à cacher quelque chose dans le film : tous les personnages, inspectrice incluse, dissimulent un secret à la société, une sombre facette qui peut faire basculer leur image lisse d’un instant à l’autre. Il en résulte l’un des scénarios les plus diaboliques que l’on ait vu depuis fort longtemps. Et la surprise est encore renforcée que cette réussite vient d’un film que personne n’attendait vraiment.
Dans le rôle-titre, Kevin Costner fait tout simplement une composition irréprochable. Pas un instant le comédien ne fléchit face aux multiples défis que lui lance le réalisateur. Il incarne avec une rigueur implacable tant le Mr. Brooks assassin et froid que son ego lisse de chef d’entreprise à succès et bon père de famille.
Bien sûr, il serait injuste de passer sous silence les autres comédiens. En double cynique et jouisseur, William Hurt est parfait. Alors que Demi Moore mérite elle aussi que l’on salue sa performance de flic qui a tant à cacher.
Enfin, on s’étonnera presque de la qualité de la mise en scène. Comment Bruce A. Evans, scénariste de comédies et réalisateur d’un insignifiant Kuffs il a treize ans, est-il devenu ce réalisateur maniant avec maestria le contre-jour, le plan serré et une telle noirceur d’image ? La question, bien entendu, reste ouverte. Il n’empêche que l’on assiste ici à un film de la maturité ou, qui sait, à un providentiel coup de maître.
Sans conteste l’une des meilleures surprises de l’été, Mr. Brooks fait incontestablement partie de ces films à qui l’on souhaite autant de spectateurs que de plaisir pris à sa vision.

Mr. Brooks et ses machiavéliques doubles faces

Un film de Bruce A. Evans avec Kevin Costner, Demi Moore, William Hurt, Marg Helgenberger… Sortie le 29 août.

Visionnez la bande-annonce du film :

14:55 Publié dans Cinéma , Critiques

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