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Crédibilité

Publié le 07 février 2009 par Malesherbes

Au cours de son intervention du jeudi 5 février, Nicolas Sarkozy a été interrogé sur une information du Nouvel Observateur selon laquelle, soit son entourage, soit des gens proches de l'Elysée, auraient alimenté le livre de Pierre Péan contre Bernard Kouchner. Il a répondu : " Le Nouvel Observateur, c'était ce journal qui était sûr que j'avais envoyé un SMS [...] Vous voyez la crédibilité que je lui fais ". Cette dérobade suscite plusieurs remarques.
Tout d'abord, et c'est à mon sens la plus importante, notre Président n'a pas répondu à la question. Lorsque l'on convoque à une heure de grande écoute des journalistes et qu'on les invite à poser leurs questions, on s'engage en quelque sorte à y répondre. Ce genre de pirouette est indigne d'un homme d'Etat venu sur les chaînes de la télévision nationale manifester sa compréhension de l'inquiétude des Français devant la crise.
Ensuite, même s'il est ne pratique pas la langue anglaise, celui qui représente notre pays pourrait faire un minimum d'efforts pour s'exprimer en français, surtout étant donné qu'il fut capable, durant sa campagne électorale, de prononcer tant de discours admirables. Il éviterait ainsi de malmener la crédibilité. Si l'on peut faire crédit à quelqu'un, par contre la crédibilité ne se fait pas, elle s'accorde.
D'autre part, il est vraisemblable que notre Président, avec sa finesse coutumière, ait voulu faire une allusion plus ou moins transparente au SMS que, selon des langues mensongères, il aurait adressé à sa deuxième épouse juste avant de convoler en troisièmes noces. Il nous a maintes fois démontré l'aisance avec laquelle il confondait vie publique et vie privée. Que ce soit par exemple sur les rives du Maroni, chez Sa Sainteté le Pape, en Egypte, aux Jeux Olympiques de Pékin où, en chaque occasion, ses proches ont été véhiculés, nourris et entretenus aux frais de l'Etat, et, en prime, complaisamment photographiés. Qui a oublié ces paroles impérissables : " Avec Carla, c'est du sérieux " ou bien, à Gandrange, et là, je suis sûr que les sidérurgistes de chez M. Mittal s'en souviennent avec amertume " Et je dois dire que Gandrange, comme voyage de noces, y a pas mieux "? Tout cela ne l'empêche pas de se plaindre des multiples atteintes que subit sa vie privée. Eh bien, qu'il cesse donc une fois pour toutes de l'appeler à la rescousse lorsqu'il est à court d'arguments. Il ne s'en portera que mieux et nous aussi.
Enfin, à faire le mystérieux, il en vient à formuler l'opposé de ce qu'il veut dire : on ne peut reprocher à quiconque de prétendre qu'il a envoyé un SMS, c'est une des très rares actions qu'il soit capable de réaliser tout seul. Il n'en a pas expédié un mais assurément des centaines. Tout journal déclarant qu'il a envoyé un SMS est nécessairement dans le vrai. Sans risquer d'être démenti, on peut même affirmer que notre Président est complètement accro à ce mode de communication. Il n'y a qu'à l'admirer manipulant avec dextérité son téléphone mobile, aussi bien devant le Pape que chez le roi d'Arabie Séoudite. Le moindre élève qui se risquerait à pareille impolitesse encourrait une sanction. Lui, rien, il n'a même pas conscience de l'irrévérence de son attitude.
Il se plaint de ne pas être respecté, d'être moqué ? Le respect n'est pas un dû, il se mérite. Qu'il s'y essaye un peu, par exemple lorsqu'il s'entretient avec les journalistes qu'il mande pour répandre les misérables propos tous de son cru.


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