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Les poncifs anti-cléricaux de Charles Poncet

Publié le 08 février 2009 par Francisrichard @francisrichard

Les poncifs anti-cléricaux de Charles PoncetLa dernière chronique de Charles Poncet, publiée dans L'Hebdo de cette semaine ( ici et ci-contre), daté du 5 février, page 54, est une lettre ouverte à Bernard Fellay. Qui commence, sans doute par dérision, par Monseigneur...

Malheureusement - ou heureusement - cette chronique n'est pas en libre accès sur Internet. Il faut payer : ce que je vous déconseille. Cela n'en vaut tout de même pas le coût.

Elle est inaccessible. Malheureusement parce que l'internaute n'aura pas accès au texte intégral - et je préfère qu'il puisse toujours être juge du contexte. Heureusement parce que serait peut-être lui faire trop d'honneur.

Quoi qu'il en soit cette lettre montre l'ignorance de l'avocat genevois de Kadhafi en matière religieuse et/ou  - si j'ose dire - sa mauvaise foi. Pour le démontrer je me contenterai de quelques exemples.

Charles Poncet à propos de la Fraternité Saint Pie X parle de secte. Le terme se veut bien évidemment péjoratif. Dans l'acception large de ce terme la connotation avec fanatisme et intolérance est très forte, et certainement voulue par ce polémiste, pour qui tout clerc de toute façon est un ennemi. 
Ce terme polémique est pourtant inadéquat, du moins dans son sens étymologique : "Groupement organisé dont les membres ont adopté une doctrine et des pratiques différentes de celles de la religion majoritaire ou officielle."

En effet, contrairement aux fantasmes de Charles Poncet, la Fraternité Saint Pie X n'a pas adopté de doctrine et de pratiques différentes de l'Eglise catholique romaine. Elle n'a tout simplement pas admis des évolutions contestables de son point de vue. Mais Charles Poncet ne fait pas dans la nuance, comme on le verra plus loin.

L'une des cibles rituelles des anticléricaux est l'infaillibilité du pape. Charles Poncet ne faut pas devant le plaisir de tirer sur elle. Il écrit benoîtement : "Le pontife est infaillible en matière de foi, dit-on. Il y aurait donc quelque mauvais goût à s'enquérir du périmètre de l'infaillibilité dans le cas d'espèce : s'applique-t-elle à la levée de l'excommunication ou à son prononcé jadis ? Il faut pourtant que ce soit l'une ou l'autre."
Eh bien ce n'est ni l'une ni l'autre : Charles Poncet avait pourtant la réponse sous les yeux puisqu'il écrit que c'est en matière de foi que l'infaillibilité s'exerce. Or aussi bien lors de l'excommunication que lors de sa levée, il ne s'est pas agi de foi mais de discipline. Lui qui est un éminent avocat, dont les médias ici raffolent, devrait savoir faire la distinction. Mais je crois plus volontiers qu'il est de mauvaise foi et qu'il lui plaît de semer la confusion. Il est inutile de lui préciser que l'infaillibilité ne s'exerce que sous certaines conditions de forme, que dans son jargon il appellerait procédure. 

Les poncifs anti-cléricaux de Charles Poncet
S'adressant plus directement à Bernard Fellay Charles Poncet écrit plus loin : "Vous prônez la confession. rite scabreux et voyeur, sachant pourtant qu'à l'écoute du récit murmuré de quelque pénitente dans la pénombre  d'un confessionnal, le ratichon cède à une trouble et secrète émotion".
Là encore Charles Poncet fantasme - on accuse toujours les autres de ses propres perversions - et il se trompe : la confession n'est pas un rite mais un sacrement, institué, comme tous les sacrements par Notre Seigneur Jésus-Christ. En outre, le terme de ratichon fait partie du vocabulaire des anti-cléricaux forcenés, auxquels Charles Poncet semble se rattacher platement par son emploi. Par charité je renvoie ce dernier au catéchisme de l'Eglise catholique, publié sous le pontificat de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, pour qu'il puisse faire la distinction entre rite et sacrement, et au Saint Curé d'Ars pour qu'il se familiarise avec les souffrances des confesseurs.

Après avoir accusé la "fraternité" de penser tout bas ce que "l'évêque nazi Richard Williamson" dit tout haut, Charles Poncet poursuit : "Vous vous accommodez fort bien de l'antisémitisme chrétien millénaire, dont l'Europe sait pourtant à quelles abominations il a conduit".
Sur quoi Charles Poncet se base-t-il pour affirmer que Mgr Fellay s'en accommode ? Il ne nous le dit pas. S'il est vrai que l'Eglise ne sait pas toujours bien comporter à l'égard des Juifs, dans un contexte historique qu'il conviendrait de restituer pour ne pas tomber dans l'anachronisme, ce dernier couplet - dans le contexte où il est entonné - laisse entendre implicitement que cet antisémitisme chrétien millénaire serait responsable de la Shoah, puisqu'il se garde de préciser de quelles abominations il s'agit.
Charles Poncet ne peut pas ignorer que de nombreux catholiques aussi ont été persécutés par les nazis et que l'Eglise catholique romaine honore deux grands saints, morts en déportation, canonisés par Jean-Paul II : Maximilien Kolbe, mort à Auschwitz, le 14 août 1941, et Edith Stein, morte également à Auschwitz, le 9 août 1942.
Francis Richard


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