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Grand-père et écrivain

Par Bastienb

Le sommeil me venant difficilement hier, je me suis lancé dans le visionage d’un petit film. Il s’agit de “Déjà-vu” de Tony Scott avec Denzel Washington. Film bourré d’effets spéciaux, de scènes d’action, d’un bon gros méchant et du sauveur héro de toute les situations protégeant la femme et l’enfant. Bref, un film de qualité. Mais il s’agit pas du thème de l’article.

En fait, ce sujet traite du voyage dans le temps. Et surtout des aberrations scénaristiques et littéraires…

Petit synopsis avant tout pour comprendre: dans le film, une attaque terroriste sur un ferry cause des centaines de morts. Le personnage interprété par Denzel Washington, Doug Carlin, mène l’enquête, et découvre de nombreux indices troublants, comme des traces de son propre sang chez l’appartement d’une victime qu’il n’a jamais recontré. Au cours de son investigation, il se fait recruter par une cellule du FBI, qui utilise une technologie pour “explorer” le temps afin de trouver des indices à divers crime. Sauf que cette technologie permet en fait de remonter dans le temps. Doug Carlin effectue un voyage pour empêcher l’attaque terroriste… et sauver la belle épleurée. Lors de ce saut dans le temps, Doug rencontre la belle (qui s’appelle Claire, mais c’est acessoire, puisqu’il s’agit de la belle épleurée…), et explique les nombreux indices troublants que Carlin trouve plus tôt dans le film. Il finit par réussir l’attaque terroriste.

Maintenant, essayons d’analyser: une explosion, un policier enquête, découvre des indices qu’il a lui-même laissé, remonte dans le temps, laisse les indices, empêche l’explosion. Les éléments qui permettent alors au policier de progresser dans l’enquête sont alors le résultat d’un événement qui n’a, au final jamais lieu puisqu’en empêchant l’explosion, il ne remonte jamais dans le passé pour éviter l’explosion et laisser les indices. Illogique.

Ce “phénomène”, purement littéraire, est appelé “paradoxe du grand-père”. Il s’agit d’une aberration de la continuité du temps, selon lequel une modification du passé empèche la réalisation correcte du futur qui est à l’origine de cette modification. Exemple: un homme remonte dans le temps pour tuer son grand-père avant qu’il ait eu des enfants; l’homme ne peut alors exister puisque que son grand-père n’eut jamais d’enfant, et donc le meurtre ne peut se produire. Bref, un phénomène qui n’a pas de cause. Bien que cela soit une aberration, ce paradoxe est employé dans de nombreuses histoires, notamment télévisuelles: Heroes ou Futurama pour ne citer qu’eux.

Une solution existe toutefois à ce problème: la théorie d’Everett. Il s’agit d’une interprétation de la théorie quantique selon laquelle l’Univers comporte toutes les possibilités. Cela induit l’existence de mondes multiples, couramment appelé “mondes parallèles”. Un voyage dans le temps avec modification de la continuité du temps est alors possible en effectuant un saut dans un monde parallèle: si dans un des mondes l’explosion d’un ferry a eu lieu, dans un autre un voyageur temporel l’a empéché.

Cette solution apporte une solution élégante à une aberration, mais encore faut-il l’inclure et l’accepter dans la construction de l’intrigue d’une histoire afin qu’elle soit cohérente et consistante. Ainsi, le premier à inclure cette possibilité de mondes parallèles est Barjavel, et d’autres intrigues suivront comme notamment Dragonball.

Revenons maintenant au cas “Futurama”. Dans un des épisodes, Fry, le personnage central, remonte dans le temps et rencontre sa grand-mère et couche avec elle. Cependant, il ne provoque pas d’aberration de la continuité du temps: dans la réalité, en couchant avec sa grand-mère, il provoque sa grossesse, et donc sa propre naissance; il est son propre grand-père. Mis à part l’aspect assez ignoble de coucher avec sa gran-mère et d’être son propre grand-père, la continuité du temps n’est pas brisée: un phénomène est sa propre cause. Ce phénomène est appelé “paradoxe de l’écrivain”.

Ainsi, certains films reprennent ce phénomène de paradoxe de l’écrivain, en particulier “L’armée des douze singes” et “La jétée” (photo-roman dont s’inspire Terry Gilliams pour faire “l’armée des douze singes”), Lost, Terminator (Reese, envoyé par John Connor dans le passé, couche avec sa mère et de cette union naît John Connor), etc.

Si le paradoxe de l’écrivain avec la théorie d’Everett est physiquement plus possible et probable, son utilisation littéraire semble toutefois une solution de facilité. Le paradoxe de l’écrivain se présente alors comme une réflexion plus poussée et plus mûre d’une intrigue mieux pensée, bien que physiquement moisn probable. Mais la construction littéraire doit relever d’une réalité autre de la réalité phyique, car comme a dit jadis L’homme-qui-tirait-la-langue, “L’imagination est plus importante que le savoir, car le savoir possède des limites”.

ps: je ne pouvais pas passé à côté de cette blague sur la théorie d’Everett: <<Deux physiciens prennent un avion. En route, les deux moteurs s’arrêtent et l’avion pique vers le sol. “Crois-tu que nous allons nous en sortir ?”, demande le premier. “Sans aucun problème”, répond l’autre “il y a une quantité d’univers où nous ne sommes même pas montés dans cet avion”>>

Posté par jyboo le 11 février 2009
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