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Google Latitude, et quelle latitude dans ta sphère privée ?

Publié le 12 février 2009 par Cyroul

Pour prolonger quelque peu le très bon billet de MonsieurP sur la thématique de l’insécurité / sécurité online, il nous semblait incontournable de nous attarder quelques instants sur la dernière invention de Google, Google Latitude. Latitude utilise Maps et me permet de localiser mes amis en temps réel, tout en partageant ma localisation avec eux. Bon, apparemment ce service existe déjà, mais comme c’est Google, forcément, ça fait beaucoup plus de bruit. Dialogue entre Régis D. le sceptique et Gaëtan le convaincu.

Regis D.

Google Latitude, et quelle latitude dans ta sphère privée ?
La semaine dernière donc, de nombreux twitts enthousiastes, mais aucun ne questionnant les potentielles dérives de cette nouvelle application…
Je ne vais pas me lancer dans une diatribe dénonçant ces dérives, à grands coups de “Big Brother is watching you” : ce serait trop long et certainement ennuyeux. C’est pourquoi nous autres ROP-eurs avons choisi de convier Gaëtan (pro Google Latitude) pour dialoguer autour de ce nouveau service. L’exercice n’en sera que plus amusant et permettra surtout de mettre en avant les arguments de chaque “camp”. Alors c’est parti.

Gaëtan

Pourquoi utiliser Latitude ? Pour retrouver par “hasard forcé” des amis qui sont dans le coins, pour se tenir informé des déplacements de ses contacts, pour estimer leur position en cas de prise de rendez-vous… ou juste cliquer sur leur icône pour que le GPS trace le parcours le plus rapide. Ok, le plus immédiat est de regarder de manière un peu voyeuse où chacun se trouve. Mais qu’y a-t-il de différent avec les photos que vous uploadez sur Facebook ? Avec vos updates de status ?

Regis D.

Pourquoi ne pas utiliser Latitude ? Parce que justement, j’aime le hasard des rencontres. Et rien ne me fait plus plaisir que de croiser un ami dans des circonstances auxquelles je ne m’attendais pas. Bon, ok, le revers de la médaille, c’est quand je rencontre quelqu’un que je n’avais pas envie de voir. Mais mon grand penchant romantique me laisse à penser que Latitude, à tout planifier et à tout laisser voir, enlève justement la poésie des rencontres. Et c’est dommage.
Pour ce qui est du voyeurisme, l’argument Facebook ne me convainc pas tout à fait dans la mesure où si je ne veux pas me montrer sur Facebook, c’est possible.

Gaëtan

Il ne faut pas voir le mal partout. Chaque utilisateur choisit d’allumer ou éteindre le service. Chacun peut choisir quels amis voient les déplacements. Il n’y a rien de “public par défaut”, au contraire, tout est verrouillé par défaut, il faut manuellement ouvrir les vannes pour chaque contact.

Regis D.

Il faut voir le mal partout. Ce n’est pas aussi simple que ça l’est, ainsi écrit sur le papier. Si Latitude s’établit dans les usages aussi facilement que le portable l’a fait, j’imagine ce genre de discussion - et la sphère privée des individus réduite à une peau de chagrin.

Discussion 2009 :
Femme : “Mais enfin ! Tu réponds jamais à ton portable, c’est dingue ça ! J’ai l’impression que je ne peux jamais te joindre.”

http://www.flickr.com/photos/valumart/487225934/
Homme : “Comme si j’étais contraint de répondre à chaque appel ?! C’est moi ou le téléphone qui gère mon libre arbitre ?! Si j’ai envie de l’éteindre de temps en temps, c’est mon droit non ?”

Discussion 2019
Femme : “Mais enfin ! J’arrive jamais à te localiser, c’est dingue ça ! J’ai l’impression que je ne peux jamais savoir où tu es.”
Homme : “Comme si j’étais contraint de donner ma localisation en permanence ?! C’est moi ou Latitude qui gère mon libre arbitre ?! Si j’ai envie de le mettre en mode “off” de temps en temps, c’est mon droit non ?”

Gaëtan

Alors parlons des scénarios catastrophes. La fiancée qui va installer Latitude sur le Blackberry de son conjoint pour vérifier où il va ? Vicieux. Par contre le type qui se fait voler son appareil avec Latitude allumé peut facilement tracer son voleur…

Regis D.

Alors ne parlons pas des scénarios catastrophes. Nul besoin à mon sens de les évoquer pour pouvoir mettre en avant les dangers pernicieux de Latitude.

Gaëtan

Laissons ceux qui veulent utiliser ce service la liberté de le faire. C’est peut-être tordu comme phrase, mais pour moi c’est une liberté que de choisir ce que je diffuse comme information ou non. Si je veux le couper, je le coupe (en plus ça bouffe de la batterie vue que le GPS tourne en permanence). Mais si je veux l’allumer, que mes contacts voient que je suis “au boulot”, “à la maison”, ou “à Las Vegas”, bin tant mieux. Google grand méchant ? Pas plus que les opérateurs téléphoniques qui livrent les informations de traçage à la Police s’il le faut. Alors quoi, interdire un outil ? Ce qui pourrait faire peur, c’est que Google centralise nombreuses de nos informations personnalisées. Mais la pub ciblée et localisée ne me dérange pas, au contraire, ça m’évitera de subir des pubs qui ne me sont pas destinées.

Régis D.

Bien sûr, laissons ceux qui veulent utiliser ce service la liberté de le faire. Mais je pense que tu pars d’un postulat qui ne va pas nécessairement de soi, à savoir que chacun, par nature, utilise correctement et “éthiquement” ce service. Je ne doute pas que tu le fasses ; par contre, permets moi de douter que d’autres en fassent un aussi bon usage.  Et dans “autres”, je mets pêle-mêle : paranos, voyeurs, adeptes d’un renforcement sécuritaire etc.
L’idée n’est évidemment pas de vouer Google aux gémonies ni d’interdire ce type de service, mais plutôt de rester sur ses gardes - la méfiance restant, pour le moment, une des meilleures amies de la sphère privée de l’individu.

Gaëtan

Google Latitude, et quelle latitude dans ta sphère privée ?
Je suis d’accord, ce service risque de ne pas aider les extrémistes du contrôle à se soigner. Je suis aussi d’accord pour souligner que ce que Google ouvre est assez énorme comme brèche. Oui, faisons attentions aux dérives. Le jour où l’API sera ouverte à des services connexes, que chacun fasse attention à ce qu’il souscrit. Mais voyons également tout ce que cela ouvre en termes d’expériences, de jeux (Pac-Man géant ?), d’opérations de communication pertinentes ? La suite logique est de vendre de la publicité pour chaque client qui entre en contact avec la marque en entrant dans son magasin par exemple. Une pub = un client. Cela ouvre des champs relativement vaste, tant que l’utilisateur reste ouvert au service. Bref, on a encore rien vu…


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