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Loki a une gueule d'Atmopshere

Publié le 02 juin 2008 par Monsieurloki

La tronche d'un p'tit blanc métissé par le pavé, basané par l'amitié, froncé par une musique saccadée. Comme si on avait une couleur... Loki a une gueule d'Atmosphere, le plus increvable des combos hip-hop blancs. Slug et Ant, le duo magique de Minneapolis remet ça avec, sans doute, l'album le plus abouti de leur longue carrière. Un titre méta-foirreux pour commencer, When life gives you lemons, You paint that shit gold. Long, sympa, non sens. A l'intérieur, c'est juste magnifique. De tous les groupes qui ont fait explosé, début 2000, la scène indépendante blanche, type Anticon, Sage Francis, Buck, Cage, Atmosphere est le plus cohérent, le plus inventif, le moins chiant, aussi. Il faudra un jour se pencher sur cette manie des rappeurs blancs à raconter leur déprime à longueur de textes. Les MC aspirine, passent, pour la plupart, leur temps dans l'introspection quand leurs collègues noirs garent leurs rimes bien loin de leur intérieur. Comme un manque de pudeur, une facilité à débiter le mal être. Ou alors une sorte de pulsion légitimiste, comme une manière de dire "Putain les gars j'ai le droit de rapper, je vais super mal!!!" Bien sur, je grossi le trait comme un fat cap. Mais on est quand même pas loin des séances de psy sur beat.
On s'est lassé. Mais Atmosphere est resté. Parce que Slug, le rapper dépresso, est accompagné d'un sacré compositeur. Je sais, on dit producteur normalement. Si si, dans le hip-hop, y'a pas de compositeur. Parce qu'un type qui sample ou joue uniquement de la machine numérique, ça peut pas être un compositeur ma bonne dame. Et non. N'empêche, Ant, deuxième moitié du duo, est un putain de compositeur. Du genre à recomposer des boucles tirées de nulle part, à bidouiller des mélodies parfaites, à faire chanter le plus lourdaud de synthés. Avec lui, les rimes taillées dans un poignet de Slug deviennent presque légères. Il tranche la sinistrose, écrase le cafard à coup de basses bien énervées. L'alchimie est parfaite.
Là dessus, Slug narre. Un peu "Raconte moi des Histoires" version trash. Ici une pute affamée, là une serveuse paumée. Souvent, il parle de lui, même quand il parle des autres. De son ex, Lucie, qui hante ses maux. La plume est précise, fine, sombre, évidemment. On écoute. Puis on écoute. Et enfin, on écoute. La chute est toujours implacable. Un film sonore, avec juste un générique. Putain d'Atmosphere.
Live parfait, si ce n'est la choriste, au show de Connan O'Brien. Le morceau, You, est l'un de plus réussis du dernier album. Slug raconte la vie flinguée d'une serveuse dans un rade bien mal famé. Normal que la belle finisse par le croiser:
La vidéo de You Shoulda Kown. Archétype parfait de l'art de Slug. Mal de crane, vue trouble, filles maigres, drogue, alcool. Luxe, rap et foncedé.

Your Glass House. Attention, chef d'oeuvre. Son sur-pression et rimes éthyliques. Slug tutoies et tue. Tu te réveilles d'une vilaine nuit, la gueule au fin fond de ton fion, un cendrier dans la gorge, de l'alcool plein les veines. Et tu ne sais pas dans quelle saloperie de baraque tu te trouves. Mais où es-tu? Avec qui? Slug a la réponse. Ecoute:


La photo d'ouverture est tirée du superbe travail de l'artiste chinois Li Wei.
Note: Atmosphere, acoompagné de Brother Ali, est en concert le 28 juin au Batofar.

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