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L’Afssa relance le débat sur l’innocuité des OGM

Publié le 13 février 2009 par Hmoreigne

Dans son édition de mercredi, Le Figaro a rendu public les grandes lignes du nouveau rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments. La conclusion de l’Afssa est sans appel : le maïs OGM est sans danger pour l’homme. L’agence ne fait qu’affirmer ce qu’elle disait en 2004, et ce que l’Académie des sciences ne cesse de répéter : rien ne s’oppose aux OGM. A lire Yves Thréard, éditorialiste du Figaro, il y aurait d’un côté les savants, au sens premier du terme, et de l’autre, la vox populi et ses fantasmes. Et pourtant. Aussi respectable soit-elle, l’Afssa, dans un monde de plus en plus complexe n’est pas le dépositaire officiel de la vérité avec un grand V. Seulement d’une vérité. Et si au fond, les supposés fantasmes n’étaient pas plutôt une intuition fondée ?

Question timing, certaines coïncidences sont troublantes. Nul besoin de rappeler les moyens financiers du lobby OGM qui s’appuie sur des multinationales prospères et souvent dénuées de morale à l’image de Monsanto, producteur entre autres de l’agent orange et des PCB qui empoisonnent nos rivières. Sans sombrer dans la paranoïa, force est de constater que le scoop du Figaro survient opportunément quelques jours seulement avant que Jean-Louis Borloo ne défende, le 16 février prochain, devant la Commission européenne, la clause de sauvegarde activée par la France début 2008.

Le gouvernement français s’était basé sur le  rapport d’Yvon Le Maho, directeur de recherches au CNRS, pour interdire la culture du MON 810. L’Afssa considère que les éléments de celui-ci “n’apportent aucun élément nouveau qui remettrait en cause la sécurité des maïs portant l’événement MON 810″.

Or, pour activer la clause de sauvegarde, le pays demandeur doit pouvoir s’appuyer sur des informations scientifiques validées signalant un risque réel pour la santé ou l’environnement. Selon l’Afssa, ce ne serait donc pas le cas. Début novembre, les autorités sanitaires européennes (Efsa) avaient également estimé infondé le maintien d’une clause de sauvegarde en France contre le maïs MON810.

Si les pro OGM ont gagné une bataille, ils n’ont pas gagné la guerre. Quid en effet du principe de précaution ? Les derniers grands drames sanitaires, de l’amiante au sang contaminé en passant par les hormones de croissance, ont éveillé à juste titre dans l’opinion publique le sentiment que les affirmations scientifiques d’un jour ne sont pas des garanties absolues. Des conclusions toujours fondées “sur les données scientifiques du moment”. Des moments difficiles justement, Jacques Chirac avait voulu en tirer la leçon en introduisant au plus haut de notre hiérarchie des normes, le principe de précaution. Un peu trop vite et de manière imparfaite sans doute. Même si ce principe doit être affiné, il reste, quoi qu’on en dise, une avancée et ne constitue pas, comme l’affirme ses détracteurs, un principe de régression.

Les OGM, ne portent pas un seul débat mais bien trois. Une triple problématique environnementale, sanitaire et économique. La question de leurs conséquence sur l’homme (à travers l’alimentation), sur l’environnement (dissémination) et enfin sur de la dépendance des agriculteurs vis-à-vis du semencier (le produit vendu est stérile).

Les OGM sont devenus pour beaucoup le symbole de la loi de l’argent, de la prédominance d’intérêts financiers particuliers sur le bien être général. Ils donnent lieu à des débats où le passionnel a pris le pas sur le factuel comme l’atteste la conclusion de l’édito d’Yves Thréard du 12 février : “Les experts ont fait leur travail, à l’abri de la pression des lobbys. Aux politiques désormais de ne pas céder à la démagogie”.

Pas si simple. Si la FNSEA, salue l’appréciation de l’Afssa “il est temps que le gouvernement se mouille, qu’il prenne ses responsabilités vis-à-vis de Monsanto, des producteurs de maïs et des consommateurs”, de leur côté, les écologistes accusent. Du bouillant José Bové, “le lobby pro-OGM essaie à chaque fois, avant chaque grande échéance européenne, de repousser le bouchon pour essayer de vendre sa camelote”, à l’ancienne ministre de l’environnement Corinne Lepage qui n’hésite pas à dénoncer une “opération de manipulation”.

Le débat sur les OGM n’est pas sans rappeler le troublant silence sur le Bisphénol A, aussi appelé BPA. Une étude du centre médical de l’Université Rochester de New York, révèle la dangerosité  du BPA et son omniprésence dans l’environnement des tout-petits.

Ce composé chimique a notamment été introduit dans la fabrication des biberons en plastique afin d’en assurer la parfaite transparence. Or, dans différentes circonstances, notamment de réchauffage (biberons passés au micro-ondes), des particules sont libérées et avalées par les bébés. Perturbateur endocrinien, le BPA modifie non seulement le fonctionnement du système nerveux central mais est également soupçonné de contribuer à des problèmes de fertilité et à l’apparition de certains cancers.

En 2008, les toxicologues et les chercheurs des Instituts Nationaux de Santé, d’après des recherches faites sur des animaux, avaient déjà alerté sur les effets néfastes du BPA. L’Agence américaine des médicaments, la FDA, ainsi que l’Autorité européenne de la sécurité des aliments, saisie par la Commission Européenne, affirment en chœur que le Bisphénol A serait sans aucun danger pour la santé humaine. Au Canada pourtant il a été classé “substance dangereuse” et la plupart des biberons concernés retirés par les commerçants eux-mêmes.

En France, l’Afssa se contente d’indiquer “suivre avec attention l’évolution de l’expertise scientifique sur cette substance”. De quoi relativiser la portée de son avis sur les OGM.



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