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Test DS : Chrono Trigger

Publié le 14 février 2009 par Theom

Ah, les portages sur Nintendo DS… Toute une histoire. On avait eu droit aux Final Fantasy, aux Dragon Quest… Cependant, il manquait une brique de taille dans l’édifice. Un pilier central, une épopée si touchante qu’elle marquerait plusieurs générations à elle seule.

Eh bien cette base, la voilà désormais. Revenus du passé à bord de leur fringuant vaisseau Ibis (ou Epoch) les héros de Chrono Trigger comptent bien combler le gouffre immense qui séparait les nouveaux joueurs des routards du RPG, et ce grâce à une entrée cataclysmique sur la portable de Nintendo. Chronique d’un voyage d’anthologie dans l’espace-temps.

Un Chrono maître du RPG

Si le remake de Chrono Trigger était tellement attendu par les amateurs de RPG, ce n’était pas forcément pour le nom de ses développeurs (quoique…) mais surtout pour son exclusivité sur le territoire européen. En effet, sorti à une époque où l’import n’était pas chose commune, il aura été désiré par de nombreux joueurs sans que le fantasme ne puisse être vraiment réalisé (bon, il y a eu des moyens moins légaux avec l’expansion d’internet, mais le charme n’y était pas). Aujourd’hui, c’est donc dans une version similaire à 90 % à l’originale que le soft s’installe sur la double-écrans. Contrairement à un remake de FF lorgnant sur la “3D qui en met plein la vue” ou à un Dragon Quest avec sa caméra rotative à 360 degrés, notre Chrono Trigger plus modeste débarque dans son apparat le plus rustique, c’est à dire avec sa réalisation d’époque. En ce point, le titre de Square risque de diviser quelques joueurs.

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“Depuis que je bois Chrono, j’ai 100 % de complexes”

Ce qui fait le charme d’un tel mastodonte du RPG, ce n’est pas tant la trame, devenue classique aujourd’hui (c’était une révolution autrefois) mais le système de complexes temporels très finement mis en place tout le long du jeu. En effet, rares sont les titres capables de développer une narration si judicieuse sans se casser les dents (autrement dit en évitant les incohérences). Zelda Oracle of Seasons s’en était bien tiré sur ce point.
L’histoire débute avec Chrono, un jeune garçon (malheureusement muet comme dans la plupart des jeux de rôle) qui se rend à la fête du Millénaire, célébration locale en l’honneur d’une victoire passée contre l’armée voisine. Sur le chemin, il rencontre une jeune fille espiègle, Marle. De cette nouvelle entente fortuite débute une aventure riche en surprises. En effet, Mademoiselle-pétrin (surnom qu’on pourrait donner à de nombreuses héroïnes dans le RPG) ne trouve rien de mieux que d’essayer la machine à remonter le temps de Luca, la petite intello de la bande, et se retrouve dans un Moyen-Âge mouvementé. Il n’en faut pas plus pour décider Chrono: c’est parti pour un voyage temporel qui, petit à petit, conduira nos héros dans un futur ravagé. Comment le monde a-t-il pu subir une telle déchéance? Peut-on inverser le cours du temps, et empêcher le cataclysme? C’est ce que vous devrez découvrir dans Chrono Trigger.

Comme je le disais précédemment, le jeu tire sa force de ses complexes temporels. En effet, chaque action effectuée dans le passé se répercute dans l’avenir. Ainsi, vous devrez jongler entre plusieurs époques, parmi lesquelles la préhistoire, le moyen-âge, ou encore la fin des temps, si vous souhaitez mener votre quête à bien.
D’autant plus que le scénario ne subit aucun véritable temps mort, et la deuxième partie du jeu vous offre même la possibilité de foncer directement dans la gueule du loup, ou de parfaire votre équipement via de nombreuses quêtes annexes entièrement scénarisées. Les dialogues sont savoureux, et la traduction française, déjà présente dans la version américaine, est d’une qualité appréciable.

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Kaméhamé… ah ben non

Les plus observateurs d’entre vous (ou les moins aveugles, c’est au choix) auront sans doute remarqué l’énorme ressemblance entre notre ami Chrono et un certain Goku. C’est bien normal, c’est Toriyama, l’auteur de Dragon Ball, qui se terre derrière le chara-design du soft, comme c’est le cas pour la série DraQue. En résultent des personnages certes charismatiques, mais qui peinent à s’écarter du style inimitable du mangaka. Un style qui ne plaira pas à tout le monde donc, mais qui a tout de même ses charmes. D’autant plus que la DS bénéficie des cinématiques déjà précédentes dans le précédent remake sur PsOne, et bien qu’entièrement muettes, elles apportent une consistance bienvenue à la narration.
Pour ce qui est des décors, on peut dire que les développeurs étaient très inspirés. Les environnements déjà très jolis de la SNES ont été affinés sur la portable de Nintendo, et chaque univers, chaque époque ont une identité propre. Bon, on n’évite pas certains clichés, comme le futur industriel ou le moyen-âge embrumé, mais force est de constater que l’on est vite dépaysé, et que le soft nous offre un voyage vraiment marquant.

En revanche, et bien que Square nous sorte le prétexte de la nostalgie et de la conservation du mythe, on pourra regretter que les graphismes n’aient pas subi de réel lifting, surtout quand on voit la qualité irréprochable du remake de Dragon Quest 5.
La bande sonore quant à elle, n’a pas pris une ride: au contraire, elle figure parmi les plus réussies de l’histoire du RPG. Alternant entre des morceaux de pure bravoure et des thèmes plus festifs et comiques (le soft sait souvent être très drôle) cette bande originale risque de faire couler plus d’une larme. L’idée d’avoir ajouté une section “musiques” dans les bonus est excellente, et permettra aux mélomanes d’écouter encore et encore leurs thèmes préférés. Pour ma part, je ne suis pas insensible au morceau de Gren la grenouille…

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Au doigt et à l’épée

En général, un portage sur DS ne vient pas seul: il est toujours suivi d’un argument de taille. La maniabilité tactile. Et Chrono Trigger ne déroge pas à la règle. Ainsi, le soft dispose d’un mode classique ou d’un mode DS. Le mode classique permet de jouer au jeu tel qu’on y aurait joué sur SNES. Le mode DS quant à lui, nous offre des menus tactiles bien pratiques en combat. C’est un plus non négligeable. En revanche, je ne vous conseillerai jamais assez de laisser tomber le déplacement du personnage au stylet, tant il est imprécis et incontrôlable. Sur ce point, la croix directionnelle suffira amplement.

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“Allez remplis toi, [bip] de jauge!”

Une expression qui sortira souvent de votre bouche (vous remplacerez le bip par l’injure de votre choix). En effet, Chrono Trigger utilise un système de combat que vous aurez sûrement déjà testé dans votre passé de gamer: l’Active Time Battle (on retrouve un système similaire dans FF6 par exemple). Les combats sont donc au tour par tour, et l’on doit attendre le remplissage d’une jauge entre chaque action afin d’attaquer. Vous avez le choix entre un mode actif et semi actif (le premier permettra aux ennemis de vous attaquer lors de vos choix, tandis que l’autre laisse tout le temps pour élaborer son offensive). Le mode actif est tout de même plus savoureux, puisqu’il génère un stress particulièrement savoureux, notamment lors de batailles dantesques contre des boss immenses et qui vous lancent plusieurs rafales successives en un seul tour.

Pour ce qui est des attaques en elles-mêmes, on retrouve les classiques attaques simples, les magies, ou les techniques. Plus ingénieuses sont les attaques Duo ou Trio (trois étant le nombre maximal de combattants, vous devrez bien choisir vos héros, même si les absents gagneront tout de même un peu d’expérience). Elles vous permettent de combiner les talents de plusieurs personnages. Par exemple, une tempête de lames de Chrono, additionnée à l’attaque flamme de Luca, donne naissance à une tempête enflammée des plus assassines, notamment contre des ennemis spectraux. Vraiment bien pensé! A vous d’entraîner tous vos personnages afin d’obtenir toutes les combinaisons possibles !

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Jusqu’à la fin des temps (au moins)

En ligne droite, la durée de vie de Chrono Trigger est honnête, mais on a vu bien mieux. En effet, le joueur rapide passera une bonne vingtaine d’heures sur le soft, s’il ne souhaite pas découvrir la totalité des secrets, ni atteindre le 100 %.
En revanche, l’autre joueur, le minutieux, le maniaque, en aura pour son argent.
En effet, le soft comporte de nombreuses quêtes annexes extrêmement intéressantes, et qui rallongent considérablement la durée de vie.
Par ailleurs, on dénombre pas moins de 13 fins différentes. Si certaines d’entre elles ne sont que d’infimes variations dans le déroulement final, d’autres savent se montrer plus ambitieuses. L’une de ces fins est même consacrée à l’équipe de développement! De plus, il est indispensable de finir le soft une seconde fois, avec le New Game + (qui conserve tous vos stats) afin d’accéder à la plupart des conclusions.

Enfin, la version DS apporte quelques nouveautés (très peu, mais il faut le signaler) par rapport au jeu original. Par exemple, l’arène permet de dresser un monstre et de le faire combattre, à la manière d’un Pokémon. Peu intéressant, ce mode pêche par la passivité absolue à laquelle est confronté le joueur: on regarde sa bébête, rien de plus. Ajoutées à cela, deux des fins sont exclusives à cette version portable.
Pour ce qui est du reste, quelques bonus comme l’écoute des musiques ou le réglage de certains paramètres sont à noter. Vous pourrez par exemple désactiver les cinématiques, ce qui en soi, est une idée étrange, mais qui sait… Quoiqu’il en soit, on aurait quand même souhaité davantage de nouveautés. Rien dans ce portage ne justifiera l’achat pour un joueur ayant déjà pris son pied sur une version antérieure, à part peut-être la traduction française, mais Dieu sait combien un fan est généralement réfractaire à cette idée !

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LES PLUS:

- Les complexes temporels
- L’univers charmant
- L’humour
- Un RPG mythique
- Première parution européenne

LES MOINS:

- Pas de refonte graphique
- Peu de nouveautés
- Le style Toriyama divise les joueurs

Vous aimerez si vous avez aimé :

- Dragon Quest IV et V (DS)
- Final Fantasy IV (DS) V et VI (GBA)
- Zelda Oracle of Seasons (GBC)

NOTES

Graphismes: 16/20

Une 2D de qualité, un univers haut en couleurs, pour un jeu old-school au charme indéniable. Les nouveaux joueurs n’apprécieront peut-être pas, et auraient sans doute attendu quelque chose de plus actuel. Un remake qui s’adresse avant tout aux amateurs d’anciens RPG, aux nostalgiques, et à ceux que le style Toriyama n’effraie pas.

Jouabilité : 18/20

Avec les boutons, c’est la simplicité absolue. Evitez le stylet, sous peine de finir sur le canapé avec un bac à glaçons sur le crâne. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple?

Bande-Sonore : 18/20

Un classique, que dis-je, un mythe! Une bande originale à se procurer de toute urgence, tant les thèmes sont diversifiés et enchanteurs. D’autant plus que les morceaux collent toujours parfaitement à l’action. Du très grand art signé Square, mais on commence à avoir l’habitude.

Scénario : 16/20

Le scénario impressionnait jadis. Aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts, et le manichéisme de certaines situations laissera les petits nouveaux de marbre. Reste que la trame conserve un charme indéniable, que la narration ne manque pas d’ardeur, et que les complexes restent un régal presque inégalé à ce jour. Les nombreuses fins différentes apportent un cachet particulier à l’aventure.

Durée de vie : 15/20

Certainement pas le point fort du jeu, même si elle reste très bonne. Une vingtaine d’heures pour une première fois, que vous multiplierez pas le nombre de fins que vous envisagez de voir. Certaines sont d’ailleurs difficiles à obtenir. On apprécie la difficulté savamment dosée du soft, et qui n’impose aucune phase de level-up.

NOTE GENERALE : 18/20

Un monument du RPG, ça ne se refuse pas. Surtout quand, comme Chrono Trigger, il remporte le pari fou de surpasser de nombreux RPG passés, mais également certains jeux actuels. Une aventure riche en rebondissements, avec un échange passé-présent finement exploité, fait de ce Chrono Trigger une aventure de haute qualité. Les nostalgiques le redécouvriront pour la version française, les nouveaux s’émerveilleront devant une perle d’antan (s’ils ne sont pas réfractaires aux jeux old-school). Reste que le prix, de 40 euros, demeure un peu élevé pour un simple portage, surtout lorsque l’on sait que rien n’a été retouché depuis la version SNES.


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