Magazine Cuisine

Quelques belles étiquettes pour un anniversaire

Par Maigremont

Nous sommes réunis chez l'ami Didier pour fêter ses 37 ans. Connaissant un peu l'animal, nous sommes à peu prêt certains de passer un bon moment, lui qui vénère les Bougogne comme peu d'entre nous...

C'est dimanche : les esprits sont relâchés, l'âme joueuse anime l'ensemble des amis réunis autour de la table. De plus, la France joue en fin de journée la finale des championnats du monde de hand contre la Croatie. 

Nous commençons par un Champagne pour ouvrir l'appétit à toute la tribu. La bulle est très vive, genre nerveuse avec un peu de gaz au nez qui reste présent. L'ensemble n'est pas exubérant, mais plutôt étriqué, manquant de vinosité. Pas ce que je préfère, question de goût. Ce Champagne qui était bu étiquette dévoilée est un BSA ("Brut Sans Année") Perrier Jouët "Grand Brut".

1
Le premier blanc servi a été apporté par Pierre. Il arbore une magnifique robe dorée.
2
Le premier nez à des accroches avec le chenin. Mais tout rentre dans l'ordre grâce aux quelques molécules d'air qui viennent ouvrir le vin : il semble maintenant typé chardonnay. C'est large, ample, la matière est mure et très marqué par le bois. Ca sent la grosse cavalerie ! En bouche, il semble presque tannique, vraiment enrobé et la longueur semble se faire sur l'élevage. Autant on reconnait tous une certaine notoriété, autant les avis sont partagés : personnellement, je suis incapable de discerner un quelconque terroir, mais plutôt un style émanant d'un boisé qui englobe tout. C'est un Bougogne blanc 2003 du domaine Comte Georges de Voguë. Ce sont de jeunes vignes de Musigny blanc qui ont été plantées en 1990 et ont donné leur premier millésime en 1997.

On cache les étiquettes, c'est sérieux. Un match s'annonce : Didier nous indique qu'il s'âgit de 2 vins issus du même millésime dont les parcelles ne sont séparées que de quelques centaines de mètres. Les

4
vins sont accompagnés de st Jacques normandes.
Le 1er du binôme donne des petites notes oxydatives qui glissent ensuite sur un style minéral, fumé et des touches crayeuses importantes.
Le 2ème a une couleur plus dorée. D'abord muet, l'air le fait parler et livre ensuite des écorces d'orange, fenouil et anis. Il gagne sans conteste en volume avec un élevage des plus agréables et discret au point de devenir vraiment un très beau vin.
Retour sur le 1er dont les notes boisées ont malheureusement pris le dessus. L'assemblée a donné comme région la Bourgogne pour ces 2 vins, vers Puligny notamment. Le premier est un Meursault Genevrières 2003 de Bouchard Père & Fils et le 2ème est un Meursault Clos des Perrières 2003 Monopole détenu par Albert Grivault. Ces deux premiers crus n'ont cependant aucune lourdeur mais avantage sans conteste au Meursault de Grivault.

5
Un chapon est en vue ! Pour l'accompagner, un autre duel, de rouges.
8
Le premier est superbe : il est sur la fraise écrasée, des notes giboyeuses et de fortes senteurs de fumée et de goudron ! En bouche, ça se confirme : des saveurs goudronnées voire tourbées. La longueur est honorable et la finale légèrement sucrée. Pour quelques dégustateurs, il paraît fatigué. Je ne suis pas d'accord, car il lui reste encore une jolie structure, élancée et surtout beaucoup de classe.
Le deuxième rouge intrigue par sa couleur grenadine. Nez de foin, de noix, oxydé quoi. La bouche est très fluide. Il semble très très fatigué, mort.
Résultat : Haut-Brion 1972 et Grands-Echezeaux 1972 du domaine de la Romanée Conti. Malheureusement un DRC qui terminera sa carrière dans les égouts de Rouen. Vous l'aurez deviné, 1972 c'est l'année de naissance de notre hôte Didier.

Encore tout retourné par le sort qui vient de s'abattre sur lui, Didier retourne dans son antre. Il ouvre à la va vite un remplaçant (de luxe ?) au Grands-Echezeaux. Pas de doutes, on est encore en Bourgogne. Magnifiques effluves de pinot. Les arômes sont nets, précis, denses aussi, faits d'épices douces si typiques. On ose y penser : Clos de Tart ? La bouche est construite sur un philigranne végétal, des touches mentholées et d'herbes arômatiques (thym). Le grain en bouche est vraiment très beau : dense et velouté à la fois. Superbe longueur. Et c'est bien un Clos de Tart, millésime 2000.
Repris une heure plus tard, ce Tart déroule maintenant toute une panoplie de senteurs animales. La trâme végétale elle a quasiment disparu.

DSC_0377

Un plâteau de fromages fait son apparition. 2 blancs pour l'accompagner. Le premier dans le genre vieux

9
Sauternes, enfin pour la couleur. Le nez est celui d'un vin ayant sans nul doute quelques années : pomme au four, sucre d'orge, mur. Très mure encore avec une acidité assez basse la bouche offre une belle texture, pâtinée. Voici un très beau vin, qui se marie à merveille avec les fromages. C'est un Chevalier-Montrachet 1976 de Bouchard Père & Fils.
L'autre vin servi sent malheureusement la serpillère et la poussière : triste fin de parcours pour ce Meursault 1983 de Bouchard Père & Fils.

Le gâteau orné de 37 bougies arrive. Le vin : belle robe paille, sur des arômes confits, plutôt aériens avec un botrytis assez présent. Un joli vin, pas d'une rande richesse, mais pas mal, porté par une étonnante et haute acidité. Longueur moyenne sur les mêmes arômes que le nez. C'est un Sauternes 1999 du château Rayne Vigneau.

La tension monte, l'équipe de France joue la finale des championnats du monde de Hand. A peine chauvin et pour conjurer le mauvais sort, un Champagne est servi et ce avant même la fin du match. Assez vineux, ça manque un peu de personnalité, mais c'est agréable. C'est un BSA de la grande maison Taittinger.

12
Le France vire en tête en début de seconde période. Didier nous apporte de quoi supporter un peu plus les "bleus". Retour en Bourgogne pour nous faire découvrir un vin qu'il affectionne. Comment ne pas être d'accord : très bel élevage, soigné, intelligent, matière ciselée faite de fruits blancs croquants. Trâme d'une grande précision. Superbe vin, vibrant, tout en équilibre. Mon coup de coeur du jour est un St Aubin 1er cru 2004 "Murgers des Dents de Chien" de Hubert Lamy.

Enfin, pour clore cette belle journée qui s'achève par un titre mondial, une petite dernière, encore une fois ouverte au pieds levé, symbole de la générosité de Didier. Le vin affiche de la réduction au départ avec des arômes viandés. Sacré jeunesse qui s'exprime d'une part par beaucoup de fruit d'autre part par des tanins qui sont un peu durs. Il saura s'améliorer à coup sûr. C'est un jeune Grands-Echezeaux 1998 de la maison Chanson Père & Fils.

11

Un GRAND merci à Didier pour cette journée réussie avec de superbes vins, un très beau repas et entourés d'amis animés de notre passion commune. On te doit une revanche !!

Ajouter le blog de Maigremont à vos favoris

Retour à la page d'accueil


Retour à La Une de Logo Paperblog