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La grande femme des rêves de Yehoshua Kenaz

Par Sylvie
La Grande Femme des rêvesISRAEL




Editions Actes Sud, 2006
Yehoshua Kenaz, né en 1937, traducteur de Balzac et de Flaubert, est l'un des plus grands écrivains israéliens contemporains avec Amos Oz et Abraham V. Yehoshua. Ce livre, paru il y a trente ans, a été édité récemment en langue française aux éditions Actes Sud

Quelle belle découverte ! L'auteur nous plonge au coeur d'un immeuble de Tel-Aviv au cours d'un été caniculaire et décrit le quotidien de quatre groupes de personnes en focalisant sur leurs peurs, leurs fantasmes et leurs démons. Tout, débord, Schmoulik, sans travail, qui reste des jours chez lui à attendre sa bien aimée Malka, qui ne cesse de fuguer. La folie semble le guetter...

Il y a ensuite le chauffeur de taxi , Tsion, qui drague les jeunes filles et qui se détache peu à peu de sa femme et de ses deux enfants. 
Puis viennent ensuite un vieux Hongrois à la retraite qui s'ennuie de son travail à l'usine et découvre l'imminence de la mort. Ce dernier va sympathiser avec un couple d'allemands immigrés qui se croient persécutés par leurs voisins. Enfin, Rosa, la vieille aveugle, se sent menacée par une ombre qui pénètre dans sa chambre. 
Kenaz prend le temps d'installer ses personnages, de camper un décor. Il crée une atmosphère lourde, moite, pesante. On sent tout au long du roman que quelque chose va se passer mais on ne sait quoi. Les personnages sont les victimes de leurs démons intérieurs, de leurs angoisses. On pénètre dans leur intimité en épousant peu à peu leurs peurs. A l'analyse psychologique, s'ajoute une dimension fantasmagorique : lorsque l'on est confronté à la solitude, la peur finit par se muer en hallucination et en délire de persécution. 
Kenza réussit avec brio ce roman d'atmosphère : chaque groupe est au début cloîtré dans son intimité puis les contacts tentent de se nouer mais tournent souvent à l'échec. Les dialogues alternent avec une narration omnisciente.
Les critiques évoquent l'influence de Kafka pour la description de l'angoisse et aussi les romans sudistes tels Faulkner et Caldwell pour l'atmosphère moite qui s'en dégage. 
Un très beau roman qui magnifie les délires et obsessions de l'âme humaine. A RECOMMANDER !


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