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A la redécouverte des racines chrétiennes de l'Europe

Publié le 20 février 2009 par Hermas

VATICAN – Le Pape Benoît XVI présente [catéchèse du mercredi 18 février] la contribution de Saint Bède « à la construction d’une Europe chrétienne », et invite à prier « afin que nous soyons tous disponibles pour redécouvrir nos racines communes, pour être des constructeurs d’une Europe profondément humaine et authentiquement chrétienne ».

 

On rencontre dans cet éloge de Bède le Vénérable, et de ce qui a constitué ses horizons intellectuels et spirituels, les "passions" mêmes du Pape : l'histoire, la théologie liturgique et la construction chrétienne de l'Europe.

Rome (Agence Fides) – Saint Bède le Vénérable, « une des plus grandes figures d’érudit du Haut Moyen Age », a été le thème de la catéchèse du Pape Benoît XVI, ce mercredi 18 février durant l’audience générale hebdomadaire. Dressant une brève biographie, le Saint-Père rappela que Bède naquit dans le nord-est de l’Angleterre, en Northumbrie, aux environs de 672-673. A l’âge de sept ans, il fut confié par ses parents à l’abbé du monastère bénédiction voisin pour y recevoir son éducation ; « il devint ainsi une des plus éminentes figures d’érudit du Haut Moyen Age, en pouvant se servir des nombreux et précieux manuscrits que ses Abbés, de retour de leurs fréquents voyages sur le continent et à Rome, lui apportaient ». Même en étant malade, il n’arrêta pas de travailler. Il mourut le 26 mai 735, jour de l’Ascension.

« Les Saintes Ecritures sont la source constante de la réflexion théologique de Bède. Il commente la Bible, en la lisant d’un point de vue christologique ; c’est-à-dire qu’il réunit deux choses : d’une part, il écoute ce que dit exactement le texte, il veut réellement écouter, comprendre le texte lui-même ; d’autre part, il est convaincu que la clef pour comprendre la Sainte Ecriture comme Parole unique de Dieu, est le Christ, et avec le Christ, dans sa lumière, on comprend l’Ancien et le Nouveau testament comme ‘Une’ Ecriture Sainte. Les événements de l’Ancien et du Nouveau Testament vont ensemble, sont un chemin vers le Christ, même s’ils sont exprimés dans des signes et dans des institutions différentes… Et ainsi,  contribuent à l’édification de l’Eglise les apôtres et des maîtres provenant non seulement des anciennes origines juive, grecque et latine, mais aussi des peuples nouveaux, parmi lesquels Bède se plaît à énumérer les Iro-Celtes et les Anglo-Saxons. Saint Bède voit croître l’universalité de l’Eglise qui n’est pas restreinte à une culture déterminée, mais qui se compose de toutes les cultures du monde, qui doivent s’ouvrir au Christ et trouver en Lui leur point d’arrivée ».

Un deuxième thème préféré de Bède est l’histoire de l’Eglise. « Après s’être intéressé à l’époque décrite dans les Actes des Apôtres, il parcourt l’histoire des Pères et des Conciles, convaincu que l’œuvre du Saint-Esprit continue dans l’histoire… Les traits caractéristiques de l’Eglise, que Bède aime à présenter sont : a) la catholicité, comme fidélité à la Tradition et en même temps l’ouverture aux développements historiques, et comme recherche de l’unité dans les multiplicités, dans la diversité de l’histoire et des cultures, selon les directives que le Pape Grégoire le Grand avait données à l’Apôtre de l’Angleterre, Augustin de Cantorbéry ; b) l’apostolicité et la romanité : à ce sujet, il considère qu’il est de toute première importance de convaincre toutes les Eglise Iro-Celtiques et des Pictes [ndlr : une confédération de tribus de l’Ecosse centre-est du 3° au X° siècle] de célébrer de manière unitaire la Pâque selon le calendrier romain. Le comput qu’il avait élaboré de manière scientifique pour établir la date exacte de la célébration de la Pâque, et donc le cycle entier de l’année liturgique, est devenu le texte de référence pour toute l’Eglise Catholique ».

« Bède, a rappelé aussi le Saint-Père, fut un maître éminent de théologie liturgique. Dans ses Homélies sur les Evangiles des dimanches et des Fêtes, il réalise une véritable mystagogie en éduquant les fidèles à célébrer joyeusement les mystères de la foi, et à les reproduire de manière cohérente dans leur vie, dans l’attente de leur pleine manifestation lors du retour du Christ ». En reliant la Bible, la Liturgie et l’Histoire, Bède propose un message actuel pour les différents « états de vie : « a) Aux savants (doctores ac doctrices), il rappelle deux tâches essentielles ; scruter les merveilles de la Parole de Dieu pour les présenter sous une forme attrayante aux fidèles ; exposer les vérités dogmatiques en évitant les complications hérétiques et en s’en tenant à la ‘simplicité catholique’ avec l’attitude des petits et des humbles auxquels Dieu se plaît à révéler les mystères du Royaume ; b) Les pasteurs, pour leur part, doivent donner la priorité à la prédication, non seulement par le langage verbal ou hagiographique, mais en mettant en valeur aussi les statues, les images, les processions  et les pèlerinages. Bède leur recommande l’usage de la langue vulgaire, comme il le fait souvent lui-même… ; c) Aux personnes consacrées qui s’adonnent à l’Office Divin… Bède recommande de veiller avec soin à l’apostolat è personne ne possède l’Evangile pour soi seulement, mais doit le sentir comme un don aussi pour les autres – soit en collaborant avec les Evêques dans des activités pastorales de type divers en faveur des jeunes communautés chrétiennes, soit en se rendant disponibles pour la mission évangélisatrice auprès des païens, en dehors de leur propre Pays ».

En raison de la renommée de sainteté et de sagesse dont il jouissait déjà durant sa vie, Bède reçut le surnom de « Vénérable », et le Pape Benoît XVI, concluant sa catéchèse déclara : « Avec ses œuvres, Bède contribua efficacement à la construction d’une Europe Chrétienne, dans laquelle les différentes populations et cultures se sont amalgamées entre elles, en leur donnant une physionomie unitaire, inspirée à la foi chrétienne. Prions pour que, aujourd’hui encore, il y ait des personnalités de stature de Bède, pour maintenir uni le Continent tout entier ; prions afin que nous soyons tous disponibles  pour redécouvrir nos racines communes, pour être des constructeurs d’une Europe profondément humaine et authentiquement chrétienne ». (S.L.)


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