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Un beau lièvre! ça nous change des couleuvres à avaler

Publié le 19 février 2009 par Torapamavoa Torapamavoa Nicolas @torapamavoa

Quand le conseiller social de Sarkozy retourne à la presse
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Par David Servenay | Rue89 | 18/02/2009 | 18H16
L'info est tombée en douce, juste avant la grande grève du 29 janvier: Arfilia et Kifilia montent au capital d'AEF à hauteur de 70%. En clair: Raymond Soubie, le conseiller social de Nicolas Sarkozy, devient le principal actionnaire d'une agence de presse spécialisée sur l'actualité sociale. Conflit d'intérêt en vue? Pas du tout, répondent en choeur les intéressés.

Les syndicats et le Medef du même avis: pas de commentaires
Raymond Soubie (Remy de la Mauviniere/Reuters)"Nous ne ferons aucun commentaire." Au bout du fil, le communicant de Force ouvrière est visiblement gêné par le sujet. Raymond Soubie a toujours été proche de FO et FO a besoin de l'Agence Emploi Formation (AEF), principale lettre professionnelle sur l'enseignement, la formation professionnelle, les politiques de l'emploi et la protection sociale. Idem pour le Medef... Fait rare en ces temps de crise, le sujet fait l'unanimité chez les partenaires sociaux.
L'AEF? Une agence de presse inconnue du grand public, mais qui pèse lourd chez les décideurs. Fondée en 1998 par un ancien prof de lettres, Pascal Bouchard, et un journaliste d'Europe 1, Marc Guiraud, elle est devenue une entreprise prospère, dont l'info est distribuée sur Internet et uniquement sur abonnement. Avec plus de 50 journalistes, elle fournit, selon un communiqué, "l'information utile en temps utile, produite par des journalistes experts, réactifs et neutres".
Fin janvier, la holding familiale du conseiller social de Nicolas Sarkozy est donc montée de 20 à 70% dans le capital de Groupe AEF. Toute son équipe vient de débarquer dans les bureaux pour "accompagner le développement d'un groupe de presse".
Son épouse? "Pas de conflit d'intérêt"
En 2005, les fondateurs (70% du capital) invitent Raymond Soubie au capital d'AEF. L'ancien patron du groupe Altedia vient de faire fortune en revendant son groupe à Adecco. Il prend 20% du capital. Ensemble, le nouveau pacte d'actionnaires monte un LBO, financé par le Crédit du Nord. Un montage qui leur permet de faire la culbute, tout en finançant le développement.
"En trois ans, tout a été remboursé, assure Philippe Kienast, le financier de l'équipe, on est positif au cash." A quelle hauteur? Pour quelle valorisation la holding Soubie a-t-elle acquis les parts de Guiraud? "Cette information n'est pas publique", répond Kienast.
Danièle Deruy, ex-journaliste, ex-dir' com' de l'AFP, cofondatrice d'Altedia, le précédent groupe de Soubie, devient directrice déléguée en charge du développement d'AEF:
"Il était temps de nous repositionner sur une nouvelle aventure professionnelle."
Nous? A la ville, Danièle Deruy est madame Raymond Soubie. Mais elle l'assure:
"Il n'y a pas de conflit d'intérêts. Lorsque Raymond Soubie dirigeait Liaisons sociales, jamais les journalistes n'ont ressenti la moindre difficulté à faire leur métier. Il a une déontologie très forte. AEF est une agence dont la neutralité est garantie par notre façon d'être tous les jours. Ça se prouvera à l'usage."
Lors de l'annonce du changement de capital, à l'occasion des voeux de la direction, un délégué du personnel a osé poser la question qui fâche à ses nouveaux patrons:
"Que va-t-il se passer par rapport à nos contacts avec l'Elysée?"
Réponse de madame:
"Raymond Soubie n'aura rien à voir avec la rédaction, il n'est qu'actionnaire."
Réponse qui n'a pas convaincu tout le monde. Sylvain Marcelli, correspondant permanent à Lille et délégué du personnel:
"Inquiétude, le terme est peut-être un peu fort... questionnement, oui. Les journalistes restent vigilants. Depuis que Raymond Soubie est actionnaire, il n'a jamais accordé d'interview. Manifestement, il fait en sorte de cloisonner."
Depuis son installation à l'Elysée, il est surtout habitué à pratiquer le "off" avec essentiellement deux médias stratégiques: le quotidien Les Echos et l'Agence France Presse (AFP). Changera-t-il ses habitudes? Sylvain Marcelli ne le souhaite pas:
"Ce serait contre-productif, pour n'importe quel actionnaire, de porter atteinte à la neutralité d'AEF, car c'est ce qui a fait son succès depuis dix ans."
Retour à son "premier métier" ou diversion?
Qu'en pense l'éminence grise du pouvoir en matière sociale, ancien des cabinets Chirac, Barre et qui par deux fois a refusé des maroquins ministériels? Sans doute accaparé par le sommet social, Raymond Soubie n'a pas répondu à Rue89.
Dans l'Express, il avait démenti toute tentative de reprise en main politique d'AEF:
"N'est-il pas gênant d'être à la fois conseiller social à l'Elysée et, indirectement, patron de presse?
Pas du tout, parce que je ne suis pas patron de presse. Un patron de presse, c'est un patron. Moi, je ne patronne rien du tout.
Mais votre femme l'est...
Vous êtes sexistes! Elle a quand même le droit de faire ce qu'elle veut. Moi, je n'occupe aucune fonction, aucun mandat, ni au sein d'AEF, ni dans la holding familiale, ni ailleurs."
Et de glisser un (petit) mensonge:
"Le renforcement de sa participation a eu pour but de fournir à l'agence et à son président, Marc Guiraud, les moyens de développement de ce groupe."
Sauf que le changement de propriétaire ne s'est accompagné d'aucune augmentation de capital. Philippe Kienast, chargé des finances et des acquisitions, n'écarte aucune hypothèse: augmentation de capital, endettement ou les deux. En attendant l'été, pour reconstituer peut-être "la bande", dixit Kienast, dont Soubie a toujours été le talentueux chef d'orchestre. Car le conseiller du Président n'a jamais caché sa volonté de revenir un jour à son "premier métier", la presse.

http://torapamavoa.blogspot.com

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