Magazine Cuisine

Vin et santé : la confusion règne

Par Oenotheque
Au moment même où je publiais cette semaine un billet  reprenant une déclaration au Sénat, associant consommation modérée de vin et santé, un article du Monde titrait "Bannir l'alcool pour prévenir le risque de cancer". Mauvaise nouvelle pour toute la filière et pour les amateurs. Il n'est plus question de tolérer, voire de conseiller jusqu'à 3 verres quotidiens pour les hommes et 2 pour les femmes. C'est l'abstinence totale qui est désormais de mise !
Dans une brochure, éditée pour les professionnels de santé, et mise en ligne en début de semaine, l’Institut national du cancer (INCa) fait le point sur les dernières connaissances sur les liens entre cancer et alimentation :
  • L’alcool est un facteurs fortement associé à l’apparition de plusieurs cancers : bouche, pharynx et larynx, œsophage, côlon et rectum, sein, foie. 
  • L'INCa avait précédemment déjà annoncé qu'il est impossible de définir un niveau de consommation d'alcool qui n'ait pas d'effet sur la santé. Cette fois, l'Institut va plus loin, en annonçant que le risque de cancer est significatif même en cas de consommation modérée. Par verre consommé par jour, la hausse du risque va de 9% (colon-rectum) à 168% (bouche, pharynx et larynx).  
  • Plusieurs mécanismes sont en cause. Le plus important est la production de métabolites mutagènes à partir de l’éthanol. Ce dernier est en effet métabolisé en acétaldéhyde, reconnue cancérogène. Par ailleurs, le contact direct entre l’éthanol et la muqueuse des voies aéro-digestives supérieures (bouche, pharynx, larynx et œsophage) agirait localement comme un solvant augmentant sa perméabilité aux cancérogènes tels que le tabac.

En découle la recommandation : "
La consommation d'alcool est déconseillée, quel que soit le type de boisson alcoolisée : vin, bière, spiritueux, etc. (...) L'important est de ne pas consommer d'alcool, quel qu'il soit, tous les jours. La prévention peut néanmoins rester agréable et s'accommoder d'une consommation festive occasionnelle".
Reste à savoir ce qu'est une consommation festive occasionnelle. Le verre de vin au repas dominical ou la murge du samedi soir ? Je pencherais plutôt pour la première option. Cependant, il semblerait que plusieurs médecins (dont des cancérologues) critiquent déjà sévèrement la fiabilité des études sur lequelles se base l'INCa. Ils reprochent également à l'Institut de faire l'impasse sur le rôle protecteur du vin (consommé modérément) pour le système cardio-vasculaire, et le rôle anti-oxydant des polyphénols, dont le vin (rouge surtout) est très riche. Bref, la confusion règne ...
En savoir plus :
  • Site de l'INCa
  • Vin et santé (les études sur le vin et le cancer mentionnées sur le site datent cependant de 1999 et 2000).
  • Synthèse de l'INSERM : Alccol - Effets sur la santé (document PDF de 2001)
  • De nombreux articles dans les quotidiens et hebdomadaires ont été publiés cette semaine sur ce sujet.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Oenotheque 733 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines