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Blog Action Day 2008 - Pauvreté - La Crise Financière

Publié le 22 février 2009 par Bpotier
Bien qu'il ne s'agisse pas directement d'un article lié à la pauvreté, le thème du "Blog Action day 2008", j'ai reçu récemment une explication à la crise des subprimes sous forme d'une histoire amusante et abordable que je vous livre ici enrichie et éditée (je n'en ai pas identifié la source). Elle illustre parfaitement comment les manœuvres irresponsables d'une catégorie de personnes poussent d'autres dans la précarité et la misère. Que les mieux informés ou les plus impliqués d'entre vous pardonnent les raccourcis. Vos commentaires sont les bienvenus.
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Mme. Ginette a un troquet place du Jeu de Balle à Bruxelles. Pour augmenter ses ventes, elle décide de faire crédit à ses fidèles clients, tous alcooliques, presque tous au chômage de longue durée. Vu qu'elle vend à crédit, Mme. Ginette voit augmenter sa fréquentation et, en plus, peut augmenter un peu les prix de base de la pintje, de la bière et du ballon de rouge.
Le jeune et dynamique directeur de l'agence Fortis locale, quant à lui, pense que les "ardoises" du troquet constituent, après tout, des actifs recouvrables (c'est-à-dire qui pourront à terme être encaissés ou payés), et commence à faire crédit à Mme. Ginette, en considérant que les dettes des ivrognes constituent des garanties suffisantes.
Au siège de la banque, des traders avisés transforment ces actifs recouvrables en actions ou autres produits financiers aux noms exotiques, CDO, CMO, SICAV, SAMU, OVNI, SOS, WTF et autres sigles que nul n'est capable de comprendre. Ils les placent sur les marchés d'actions, c'est-à-dire les bourses de New York, Londres et Paris. Chacun peut donc acheter et spéculer à la hausse ou à la baisse de ces actions sans nécessairement savoir qu'il s'agit des dettes des clients de Mme Ginette à Bruxelles.
D'autres traders et d'autres banques peuvent même à présent créer de nouveaux produits financiers dérivés (nouveaux sigles incompréhensibles) dont tout ou partie dépendent de ces actions et de leurs performances.
Tous ces produits et dérivés sont alors négociés pendant des années comme s'il s'agissait de titres très solides et sérieux sur les marchés financiers de 80 pays. Tout le monde ignore plus ou moins les garanties réelles et les pourcentages de risque réels tellement les chaines de dépendances sont complexes et la dilution de l'information importante.
Arrive le jour où quelqu'un se rend compte que les alcoolos du troquet de Bruxelles n'ont pas un rond pour payer leurs dettes. Le café de Mme. Ginette fait faillite et ne peut rembourser ses emprunts. Le banquier se retrouve avec une perte de liquidités (le gain potentiel est devenu une perte réelle), les titres correspondants perdent toute leur valeur, la réaction en chaine s'amorce ... sans que personne soit pour autant capable de mesurer son impact sur l'ensemble de l'arbre et de ses branches compte tenu du manque total de visibilité et d'indicateurs pertinents.
Au passage, certains (peu nombreux) ont pu faire des bénéfices réels sur des choses purement fictives tandis que d'autres (plus nombreux) ont vu leurs économies fondent.
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L'absence d'indicateurs pertinents, à tous les niveaux, c'est un véritable problème qui se répète et s'amplifie à chaque ajout d'un niveau. Depuis le début de ma carrière, j'ai trouvé cette absence de dérangeante à presque criminelle, spécialement lorsqu'elle conduit à jouer avec l'avenir d'autrui.
Sans outils appropriés, nous ne sommes capables que de traiter un nombre très limité d'informations correctement et un nombre au moins aussi limité de niveaux de complexité et dépendances. Nous ne pouvons nous empêcher de ressentir ce malaise lorsque nous commençons à manipuler des choses, entités ou concepts qui dépassent notre capacité d'appréhension. Malgré cela, nous vivons dans un monde où d'incroyables chaines de dépendances et complexités ont été mises en place sans véritable maitrise et sans mettre en place les outils et indicateurs qui permettraient d'en mesurer la solidité, fiabilité et valeur ajoutée.
Il y a dans tout cela également un grand péché d'orgueil de quelques uns et une incroyable proportion de nous tous soit à nous poser trop peu de questions soit à suivre le mouvement ou même juste une personne, une paresse presque à attendre d'autres si ce ne sont des miracles, au moins des directions et un bon sens que nous ne prenons pas le temps de trouver nous-mêmes.
Promis, la prochaine fois je lirais le contrat que me tendra mon banquier et j'écouterais mon instinct me disant qu'il semble finalement maitriser son sujet aussi bien que moi ...
Liens:
  • "How to survive recession" par Harley Lovegrove: un article (en anglais) à propos de la crise accompagné d'un commentaire de ma composition;
  • Le Monde de l'Intelligence n°12 "La Folie Boursière - expliquée par la neuroéconomie" , une entrée dans le cerveau des traders pour découvrir, surprise, qu'il est dirigé par les mêmes pulsions que nous devant une lotterie de fête foraine (Sommaire sur le site des Editions Mondéo).

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