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La genèse de la guerre palestinienne

Publié le 03 décembre 2004 par Jacadi

le 28 septembre 2000 : Sharon sur l’Esplanade des Mosquées, partage de Jérusalem en 2 capitales, 3 blessés légers palestiniens

BBC on this day (la BBC ce jour-ci) est un évènement qui a marqué l’Histoire que la rédaction de la BBC a choisi à travers des années pour chaque jour d’année, pour nous les présenter sur son site Web.

Pour le 28 septembre, la BBC a choisi le coup d’envoi de l’actuelle guerre palestinienne : la visite d’Ariel Sharon, en tant que chef de l’opposition parlementaire à l’époque, sur l’Esplanade des Mosquées qui culmine le Mont du Temple à Jérusalem -
http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/september/28/newsid_3687000/3687762.stm

Là, la BBC a péché par sa vertu britannique, la méticulosité, qui lui a, sans le vouloir, fait désigner la cause cachée du coup d’envoi des violences :


The Israeli Prime Minister, Ehud Barak, outlined his vision for Jerusalem for the first time today in a newspaper interview.He said he would be willing to accept two capitals - a Palestinian-controlled Al Quds next to an Israeli Jerusalem - as part of a possible peace agreement.

The peace process has been stalled over the issue of Jerusalem since the failure of the Camp David summit in July this year.

* * * [traduction] ***
Pour la première fois, le premier ministre israélien, Ehoud Barak, a souligné sa vision sur Jérusalem aujourd’hui [le 28 septembre 2000] dans une interview à la presse.

Il a dit qu’il souhaite d’accepter deux capitales - Al Quds contrôlée par les Palestiniens à côté de Jérusalem israélien - comme partie d’un possible accord de paix.

Le processus de paix a calé sur le sujet de Jérusalem depuis l’échec du sommet de Camp David en juillet cette été.

Une annonce si nette de l’interlocuteur israélien, mettait le régime palestinien dans un embarras intenable vis-à-vis l’opinion internationale.

La visite d’Ariel Sharon était donc un prétexte rêvé pour créer de toute pièce un semblant de mouvement populaire.

L’urgence devenait absolue et un deuxième prétexte n’allait pas se présenter si vite.
C’est pour cette raison que le régime palestinien a décidé de fomenter dans les jours suivants une Intifada (soulèvement, en arabe) prétendument populaire.

Si on regarde ce qui s’est passé à Jérusalem le 28 septembre 2000, on ne remarque que des choses ridiculement mineures par rapport aux choses bien graves qui ont été surmontées durant 7 ans du processus d’Oslo :


… three Palestinians were wounded by rubber bullets

… trois Palestiniens ont été blessés par des balles en caoutchouc

C’est tout ce qu’a noté la dépêche de la BBC du 28 septembre 2000.

Remarquez que la mythomanie dans la presse française a un poids énorme et l’Histoire devient méconnaissable après ses déformations.
Ainsi, par exemple, le Nouvel Observateur écrit dans un article du 17 janvier 2005 :

“… le déclenchement de l’Intifada en 2000, après les affrontements sanglantsdu 29 septembre sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est [le jour suivant la visite d’Ariel Sharon au Mont du Temple]”.

En réalité, il s’agissait de seulement 4 émeutiers morts (lors d’une émeute sur l’esplanade des Mosquées après une prêche déchaînée) ce vendredi 29/09/2000 [malgré qu’Ariel Sharon n’était plus sur les lieux depuis 24 heures], quoique, pour la surenchère, le gouvernement palestinien a proclamé une journée de deuil national pour le jour suivant, le 30/09/2000 (dépêche de la CNN).

Insuffisant pour débuter une vraie violence après 7 ans de la générosité israélienne : les accords d’Oslo volontaires qui donnaient aux Palestiniens une autonomie, les concessions israélienne lors du sommet de Camp-David en juillet 2000 en vue d’un état palestinien et voici le partage de Jérusalem proposé par le chef du gouvernement israélien.

Un sondage de l’université palestinienne de Bir-Zeit datée de septembre 2000 - Cliquez ici - renseigne que :

63% de Palestiniens appréciaient les efforts israéliens pour la paix ;
70% de Palestiniens appréciaient les efforts américains pour la paix israélo-palestinienne ;
et seulement 42.6% de Palestiniens appréciaient les efforts de l’Autorité palestinienne pour la paix.

Le surlendemain du 28 septembre 2000, c’était une chose faite [le sang innocent qui coule] et le corps gisant dans son sang de jeune Mohamed Al-Dura a eu raison de la proposition inédite du Premier-ministre israélien de partager Jérusalem en 2 capitales, israélienne et palestinienne.

Comment est-ce possible ?
C’est devenu possible parce que la France est passée par là.
Non la France des politiques, mais la France de ses médias et leurs candides lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, en emportant derrière elle le reste de la vieille Europe par une indignation du prétendu crime israélien vers ce qui en découle : une compréhension de violences palestiniennes à venir en représailles.

le 30 septembre 2000 : enfin le sang innocent coule, la guerre palestinienne peut commencer

Une fusillade initiée par la police palestinienne lors d’une manifestation palestinienne pacifique.
Une fusillade qui a surpris les manifestants palestiniens, autant dire qu’elle a été initiée par la police palestinienne sans moindre raison apparente.

Jeune Mohammed Al-Dura et son père étaient victimes de cette fusillade (cliquez le “Lien important à la compréhension” en haut de la colonne de droite).

Ce fait a été présenté, malencontreusement mais foncièrement sans attention et sans volonté de nuire, par la chaîne “France 2″ de telle façon que les téléspectateurs français n’ont pas été choqués par la guerre qui surgit et détruit une paix laborieuse, mais par le prétendu crime israélien du meurtre de l’enfant palestinien.

L’affaire rebondit maintenant et 2 journalistes de Télérama ont fait une enquête, une parmi d’autres, mais pleine de sous-entendus qui ont malheureusement échappé à la conscience des auteurs parce qu’ils sont partagés par un vaste public et ont donc une validation par la pensée unique : http://television.telerama.fr/edito.asp?art_airs=WEB1001117

Voici leurs qualificatifs de la jeune victime : “l’icône de l’Intifada, imprimée sur des timbres“, “l’image symbole du martyre palestinien” [ quel non-sens : peut le symbole naître dizaines de mois avant que le “martyre palestinien” prenne existence ?,
celui dont la mort a permis l’Intifada, est-il son icône ou son piédestal ? ] - cette mise au pilori correspondrait à une accusation généralisée des Israéliens, une accusation qui me rappelle celle du meurtre rituel d’enfants non-juifs si fréquemment portée contre des Juifs.
Cette accusation inconsciente s’est formée chez des millions de téléspectateurs français, puis européens, le soir du 30 septembre 2000 à la vue du reportage télévisé de France2 sur la mort filmée de jeune Mohammed Al-Dura.

En quoi consiste la valeur du meurtre rituel pour les détracteurs de Juifs ?
En ce que tous les Juifs sont coupables d’avance d’un seul meurtre qui est mis en avant.
Pour les détracteurs, si les autres Juifs ne l’ont pas fait, alors ils pouvaient le faire et ils partageaient tous l’intention inhumaine envers des non-Juifs.

C’est dans cette perspective que la société palestinienne a perçu la mort de jeune Mohammed Al-Dura en octobre 2000 étant encouragée par les réactions du public français et européen.
Le régime palestinien en avait un grand besoin.
Comment autrement passer de la générosité israélienne (les accords d’Oslo volontaires, les concessions à Camp-David et après) à une guerre haineuse ?

La mort de jeune Mohammed Al-Duraétait présentée comme meurtre voulu par les Israéliens, donc rituel en quelque sorte à l’inhumanité israélienne.
Un seul enfant palestinien mort a donc suffi pour accuser d’inhumanité et condamner sans appel les cinq millions de Juifs israéliens.
Il était alors possible de débuter l’Intifada militaire.

Il est choquant qu’une chaîne de télévision française se soit retrouvée génératrice de l’histoire interprétable de cette façon. C’est-à-dire, cette histoire pouvait être relatée plus objectivement de façon à ne pas donner aucune interprétation raciste.

Pour le moins, il y a eu des maladresses insidieuses dans la préparation de ce reportage par la chaîne “France 2″ qui ont permis toutes les surenchères racistes par la suite.

Dès le début, la rédaction de “France 2″ a expliqué avoir coupé le début du reportage (par un manque de temps d’antenne) qui montrait comment la police palestinienne a initié la fusillade contre les soldats israéliens.
Du coup, les téléspectateurs ne voyaient que des tirs israéliens sur lesquels le caméraman a braqué sa caméra, en ignorant les tirs simultanés de la police palestinienne venant de l’arrière de la caméra.

Puis, la nouvelle directrice de la rédaction Arlette Chabot admet elle-même le faux du commentaire dans le reportage qui affirmait que la balle mortelle est venue du côté israélien [quoique, pour ceux qui ne sont pas racistes, c’est sans moindre importance que cette balle perdue soit israélienne ou palestinienne].

Dans les jours suivants ce reportage, plusieurs émissions radiophoniques et télévisées en France ont été consacrées à cette mort en mettant au pilori Israël.
Sans parler des articles de presse sur ce sujet et avec la même suggestivité.

Il ne faut donc pas s’étonner que le régime dictatorial palestinien s’est senti libre de développer à outrance ce qu’on s’est permis d’amorcer en France.

2 mois après sa mort, jeune Mohammed Al-Dura a été cyniquement promulgué, en Palestine, en incitateur à la violence : Cliquez ici pour lire sur le clip diffusé nombreuses fois à la télévision officielle palestinienne qui présente jeune Mohammed Al-Dura appelant les jeunes palestiniens à sacrifier leur vie.
2 mois après sa mort, chaque enfant palestinien connaissait déjà le nom de jeune Mohamed Al-Dura et sa mort présentée dans une interprétation raciste.

Nombreux en Occident ont cru bon de cautionner cette mouture moderne d’un meurtre rituel juif d’enfants non-juifs.

Un mot sur la ressemblance du besoin médiévale de recourir à l’accusation du meurtre rituel et la nécessité de cette mouture moderne de la même accusation.
L’accusation médiévale était nécessaire pour les détracteurs de Juifs parce qu’ils ne pouvaient pas s’attaquer directement aux Juifs protégés par un pouvoir éclairé : des évêques, des princes ou bien les uns et les autres ensemble.
C’est seulement une intimidation émotionnelle de ce pouvoir éclairé qui pouvait permettre d’avancer la persécution de Juifs.

De même, l’affaire Al-Dura a fourni un prétexte émotionnel au “continent de la paix” pour comprendre le passage palestinien de la paix à la guerre sous couvert de ce “crime israélien” contre un enfant palestinien, généralisé sur l’ensemble des Juifs israéliens comme bourreaux et sur l’ensemble des Arabes palestiniens comme victimes.

pourquoi Sharon est venu visiter le Mont du Temple ?

La question tracasse certainement des nombreux gens, tant la propagande a réussi induire dans les têtes que cette visite était une provocation qui a mis le feu aux poudres.

Loin de là.
Il n’y avait certainement aucun hasard politique dans la concomitance de l’annonce surprenante d’Ehoud Barak sur le partage de Jérusalem en 2 capitales et la visite du leader de l’opposition parlementaire de l’époque, Ariel Sharon, sur le Mont du Temple.

“Je suis venu ici, à l’endroit le plus sacré du peuple juif, dans le but de connaître se qui s’y passe et de soutenir réellement le sentiment que nous sommes prêts d’avancer“, - cite Ariel Sharon la dépêche de la BBC du 28 septembre 2000 citée déjà ci-dessus.

Ce qu’il s’apprêtait à soutenir c’est sûrement l’idée formulée publiquement plus tard par Ehoud Barak d’un partage israélo-palestinien de la souveraineté sur le Mont du Temple qui donnait aux Palestiniens la mosquée d’Al-Aqsa, en haut du Mont, et laissait aux Israéliens le Mur de Lamentations, en bas du Mont.

Ce que le premier-ministre et le chef d’opposition parlementaire israéliens de l’époque (Ehoud Barak et Ariel Sharon) ont organisé pour montrer que “nous sommes prêts d’avancer” vers un compromis honnête, s’est retourné en un cynique piège que leur ont tendu le président palestinien et sa clique en profitant de la recherche israélienne de concessions pour d’en faire le coup d’envoi des hostilités.

En quittant le Mont du Temple, Ariel Sharon a dû se justifier étant étonné par l’accueil hostile malgré que le pouvoir palestinien a approuvé sa visite étant certainement au secret de ses fins :

« M. Sharon a nié que sa visite était une provocation en insistant qu’il est venu avec un “message de paix” », - a rapporté la BBC dans la même dépêche du 28 septembre 2000.

Seulement son message de paix est tombé à l’eau vu les hostilités palestiniennes lancées sous prétexte de sa visite au Mont du Temple.


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