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Z32 d’Avi Mograbi : objet filmé non identifié

Publié le 26 février 2009 par Yguerda

z32 AVI MOGRABIZ32, d’Avi Mograbi
Israël, 2009, 1h21
Avec Avi Mograbi

CRITIQUE. Le dernier Mograbi est sorti. Et les films d’Avi Mograbi, c’est un peu comme une boîte de chocolats : on ne sait pas trop sur quoi on va tomber.

Alors cette fois, j’ai été sage : je me suis documentée. J’ai lu. Beaucoup. Le dossier de presse, les articles écrits par d’autres, les interviews données par Avi Mograbi. Rien à faire : j’ai eu beau croiser, recouper, comparer les sources, je ne savais toujours pas ce qu’était le-dernier-Avi-Mograbi. Des chants, des masques, Tel-Aviv, l’Inde, un soldat avec un nom de code, deux morts… Qu’est ce que c’est que ce truc?

Alors soyons fous, dans la vie il faut savoir prendre des risques : j’ai pris ma place de cinéma et j’y suis allée. Et c’est pas mal. Je préfère les-vieux-Mograbi (Pour un seul de mes deux yeux en 2005, Happy birthday Mr. Mograbi en 1999, Comment j’ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon en 1997). Mais c’est pas mal, ça tient la route.

Z32, c’est le nom de code d’un soldat israélien. Avi Mograbi, qui est bénévole dans une association d’anciens soldats , a vu passer son témoignage. Et son histoire. Une nuit, six soldats israéliens ont été tués par des activistes palestiniens à un checkpoint. en représailles, on envoie l’unité de Z32, une unité d’élite en soif d’action, pour tuer six policiers palestiniens.

Oeil pour oeil“, précise-t-il.

Finalement, “seulement” deux Palestiniens sont tués en représailles. Dont un, sous le feu de Z32. Un mort qu’il n’arrive pas à oublier et pour lequel il attend d’être pardonné.

Le récit est fait une première fois par Avi Mograbi, face caméra. Le récit est fait une seconde fois par Z32, face caméra, un masque sur le visage. Le récit est presque fait une troisième et quatrième fois par la petite amie de Z32 : mais ça n’aboutit pas, elle ne parvient pas à raconter cette histoire. “C’est si absurde que je ne trouve pas les mots justes”, répète-t-elle. Elle  a du mal à lâcher le mot, mais elle le fait : oui c’est un meurtre, oui c’est un assassinat.

Ne croyez pas, si vous allez voir Z32, que vous verrez un film sur le conflit israélo-arabe. Z32 parle de ce que c’est que d’être soldat, de ce que c’est de tuer, du plaisir qu’il y a à tuer. “C’est le pied. (…) On plane, tout le monde plane (…) C’est comme la fête foraine“. On a entendu des témoignages similaires de l’Américain en Irak et au Vietnam, de l’Hutu au Rwanda. Que les victimes, ici, soient palestiniennes, est anecdotique. Z32 raconte la vie du Soldat, de tout soldat : “je n’avais pas le choix“, “20 mois d’entraînement, de brimades et d’humiliations“, “chacun se prend pour le plus fort, chacun croit qu’il est Chuck Norris“, “on cherchait l’affrontement“, “on nous autorise à tirer sur des enfants armés de pierres“, “tout homme de plus de cinq ans est une menace“. La guerre et ses équations manichéennes.z32 Avi Mograbi

Il raconte, un masque numérique sur le visage. Mais Avi Mograbi a tenu à ce qu’on voie sa bouche et ses yeux, vecteurs d’expressions. “Je voulais être sûr que le public voie que c’est un être humain, pas un natural born killer ni  un monstre. (…) En aucun cas je ne voulais que le masque détourne l’attention de son discours et le pointe comme criminel“, explique le réalisateur.

Jusque là, le film est plutôt réussi. Le propos est, selon moi, assez fort pour tenir tout seul. Le problème est qu’Avi Mograbi a voulu enrober tout ça dans une mise en scène trop étrange. Il y a  des interventions musicales où le réalisateur commente l’action comme le faisait le choeur dans le théâtre grec ancien. L’épouse du réalisateur apparaît, son chien aussi. Et alors on ne sait pas trop s’il faut suivre Avi Mograbi dans son délire ou lui demander de bien vouloir se concentrer sur le propos de son film.

z32 Avi Mograbi


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