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Dave St-Pierre

Publié le 02 mars 2009 par Myarts

Il s’appelle Dave St-Pierre, danseur contemporain montréalais. En moins de cinq ans, il est devenu l’un des chorégraphes les plus acclamés du monde de la danse contemporaine. La critique qualifie ses créations de magistrales, de chorégraphies crues et audacieuses. Dave St-Pierre vient de présenter à Montréal en janvier 2009, à guichets fermés, le 3e volet d’une trilogie traitant les relations amoureuses et les utopies : Over my Dead Body.

Dans le premier volet de sa trilogie, La pornographie des âmes, Dave St-Pierre explore la rupture de relations et expose les rapports humains. Dans le second volet, comme annoncé le titre, Un peu de tendresse bordel de merde! il s’intéresse à la quête de tendresse avec l’humour grinçant et le ton cru qui font sa marque.

Dave St-Pierre, 33 ans, est atteint de fibrose kystique. L’espérance de vie moyenne des personnes atteintes de cette maladie est de 37 ans.

Dave St-Pierre

Sa maladie progresse. Dans Over my Dead Body, l’air frêle, il continue à repousser les limites de l’acceptable. Il provoque toujours, il présente un spectacle qui oscille entre fiction et réalité en trimballant sa bonbonne d’oxygène sur la scène. On dit de lui le Yvon Deschamps de la danse, le maître manipulateur du malaise bien dosé. Sans rien enlever l’apport de Dave St-Pierre à la danse contemporaine, il y a là, peut-être, un jumelage de noms un peu exagéré quand on connaît qui est Deschamps. Voici ce que l’on relate sur Over my Dead Body.

Parfois, la frontière est si floue qu’on se surprend à scruter sa cage thoracique pour voir s’il respire encore. Faut-il réellement le prendre en pitié ou nous manipule-t-il tout de même un peu? Est-ce qu’on est dupe ou faut-il la jouer cynique? Le doute règne si bien que Dave St-Pierre triomphe encore. Et quand il quitte la scène, dans une finale aussi magnifique que mélo, on croit réellement le voir sortir pour la toute dernière fois.

Les deux images qui accompagnent aujourd’hui ce billet sont une photo/affiche d’Over my Dead Body de Dave St-Pierre, et le tableau Les Anges au tombeau du Christ (détail) de Manet.

Manet, vous le saviez, est considéré de nos jours comme un artiste célèbre qui a marqué l’Histoire de l’art. Il est connu pour ses tableaux qui ont bouleversé les moeurs et coutumes de son époque. Mais vous ne le saviez peut-être pas, Manet était considéré comme un piètre peintre selon les valeurs esthétiques et académiques de son époque. Si un jour vous aviez la chance de voir ce tableau, observeriez notamment l’oreille droite décollée du Christ et ses mains maintes fois reprises et ratées. Vous comprendriez pourquoi Manet faisait objet de risée de son vivant.

Si l’Histoire est toujours écrite par des vainqueurs, l’Hisoitre de l’art n’aligne pas toujours les génies comme on enseigne dans les écoles, ni comme les musées acclament quand on nous présente des rétrospectives. Les effets engendrés par les successifs d’écoles d’art, de mouvements artistiques, de styles renouvelés et de goûts esthétiques contemporains repoussent graduellement les limites de l’acceptable et de l’expression artistique. L’évolution, si souvent associée au progrès, exerce une force gravitationnelle d’attraction dont nul artiste n’arrive à s’extirper et ce, à la même manière dont nous recevions la vie et son patrimoine génétique.


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