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Et si les pauvres n’étaient pas si fainéants?

Publié le 29 août 2007 par Frednetick

C’est une ritournelle que les caciques de l’économie libérale classique ne cesse de fredonner, à tel point qu’elle est devenue un archétype au sens Jungien du mot, à savoir une structure de représentation collective qui induit des comportements, tels que cracher sur les pauvres et leur prétendu goût de la paresse.

Pourtant deux réflexions nous amène à douter de la robustesse de cette conception.

Pour faire clair et précis, imaginons que l’ensemble des chômeurs conceptualisent suffisament leur indigente position au regard de la société. Ils apprécient alors tout à fait rationnellement ce qu’ils retirent de celle-ci et les possibilités offertes par le choix de quitter l’assistance pour voler de leurs propres ailes sur le chemin lumineux du salariat, voir même de la voie mystique de l’entreprenariat individuel.

D’un côté donc les subsides sociaux, RMI/RMA, diverses allocations, la gratuité des soins grâce à la CMU1 , et la gratuité des transports en IDF grâce à JP Huchon.

De l’autre le salariat qui transcende cette vie de limasse par une implication forte dans la cration de valeur nécessaire au réveil de la nation. Mais aussi les factures, la fin du gratuit et un emploi du temps beaucoup plus contraint.

Au milieu des deux, le salaire de réservation dont on nous dit qu’il est le salaire pour lequel le chômeur accepte enfin de lever son séant pour aller taffer au lieu de rester regarder les feux de l’amour en pyjama. En dessous donc, la bulle, au dessus un job.

Vous qui comme moi ne pipez pas grand chose à l’économie2 , vous pourrez ricaner devant le côté manichéen de la construction. 600 euros c’est dodo, 650 c’est boulot. Risible.

Mais bon, passons directement aux réponses argumentées car la simple révulsion ne tient pas lieu d’argumentaire, ça se saurait.

Tout d’abord un constat purement mathématique: 900.000 travailleurs vivent avec moins de 645 euros par mois. Ces gens sont donc des démeurés de première puisqu’au lieu d’aller bosser ils pourraient se la couler douce, les doigts de pieds en éventail, le dernier “nouveau détective” sous le bras et un petit pastis en guise d’orangeade.

Secondo, une étude menée par Markus Pannenber, publié sur le site de l’IZ

A, montre que l’aversion des chômeurs au risque concernant la question du travail, les pousse à fixer un salaire de réservation plus bas que ceux qui se déclarent prêts à risquer beaucoup dans ce domaine.

Il nous apprend surtout que ce salaire de réservation est intimement lié au salaire précédemment obtenu et n’a que peu de corrélation avec les “unemployement benefits”.

En guise de conclusion pour l’étude, cette phrase qui ne manquera pas de faire se retourner tous les penseurs uniques de la terre

Taken at face value, our results imply that the effectiveness of active labor market policies argeting the reservation wages of unemployed job seekers might be limited if the target group is amply risk-averse.

Et comme il s’avère que 70% du groupe test l’est, vous aurez compris l’utilité d’une baisse des “avantages sociaux” concédés dans la plus pure tradition chère à Monsieur Beveridge.

Mais ne réveillons pas l’expert qui dort, ça le met de mauvais poil. Dormons, c’est intellectuellement beaucoup plus reposant.

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  2. mais moi je me soigne [Retour]

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