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Les médias ne sont pas interactifs

Publié le 03 mars 2009 par Spies Virginie
Les médias ne sont pas interactifs


S'il est bien une chose qui pose problème au "grands médias généralistes", c'est leur manque d'interactivité. Car on aura beau faire comme on veut : la télévision, la radio ou la presse écrite ne sont pas des médias interactifs.
Si l'on considère que l'interactivité est la possibilité d'une communication entre deux ou plusieurs personnes, permettant d’établir un dialogue et un échange, nous sommes alors obligés de constater que les grands médias de masse (je ne parle pas du web) ne sont pas, mais alors pas du tout dans ce cas. Bon, OK me direz-vous, et alors ? Et bien ce manque d'interactivité (inhérent aux médias eux-mêmes) est un véritable problème.
Ce n'est certainement pas un problème pour le public, qui est habitué à ne pouvoir répondre lorsqu'il voit quelqu'un parler à la télé (sauf cas de skyzophrenie mais là, nous quittons le monde médiatique). Seulement les grands médias ont toujours eu besoin de faire figurer le public dans les programmes, sous peine d'avoir l'impression de s'adresser à un mur ou à un fantôme, bref, à personne. Depuis ses début, la télévision a mis en place le courrier des téléspectateurs et les archives de l'INA nous montrent des programmes consacrés à la lecture de ces lettres. D'autres émissions, consacrées à la télévision ont, dès les années 50, mis en scène les téléspectateurs dans des émissions dites "réflexives", et je vous renvoie ici à mon premier livre, "La télévision dans le miroir". Premier constat donc : la télé a toujours parlé d'elle-même, en mettant en scène des téléspectateurs, notamment pour montrer qu'elle était attentive à la vie (et l'avis) de son public. C'est aussi le cas de la radio et de la presse écrite, avec le courrier des auditeurs ou des lecteurs par exemple.
Désormais, et c'est le cas depuis quelques années, la stratégie consiste à mettre en scène le public avec l'illusion de le faire en temps réel : Cela consistait à afficher des SMS dans la dernière émission de télé de Marc-Olivier Fogiel ou dans le journal de 13 heures de Christophe Hondelatte sur France 2, cela consiste aujourd'hui à établir des connections improbables avec des Internautes, dans "L'édition spéciale" sur Canal +, ou à donner la parole au téléphone à des auditeurs sur les radios généralistes. L'idée est toujours la même : illustrer un point de vue, ou plusieurs. On parle de la grève ? On donne la parole à une personne "pour", une personne "contre". Il est question du pouvoir d'achat ? On fait parler quelqu'un qui est désormais au chômage, et ensuite quelqu'un qui n'en subit pas encore les conséquences. A noter aussi que, suivant l'adage "C'est le dernier qui a parlé qui a raison", le dernier qui parlera sera souvent celui qui illustrera le point de vue et le discours de la chaîne. S'il semble que le public ait de plus en plus la parole à la télévision ou la radio, c'est aussi parce que le web est vraiment synonyme d'interactivité et qu'il propose quelque chose de très différent par rapport aux médias plus "classiques" qui sont contraints de s'adapter ou du moins de proposer d'autres solutions.
Les médias généralistes ne sont pas interactifs, mais ils ne cessent de nous dire qu'il le sont, en mettant en scène la parole du public, mais n'oublions pas que cette parole est (nécessairement) orchestrée, et qu'elle n'existe que pour illustrer des propos et faire penser que l'avis du public compte. Le problème est que bien souvent ces avis n'apportent pas grand chose au débat.


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