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La fille coupée en deux

Par Alban Ravassard

Bonjour à tous !

 Voici la critique de « La fille coupée en deux » de Claude Chabrol. Présentation.

 

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Synopsis : Une jeune femme qui veut réussir dans la vie et dont le rayonnement séduit ceux qui l'entourent, s'éprend d'un écrivain prestigieux et pervers, et épouse un jeune milliardaire déséquilibré.

 

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Pas de doute, La fille coupée en deux est bien un film de Chabrol. On y retrouve ainsi quelques uns de ses thèmes de prédilection : la bourgeoisie, une fois de plus associée au crime ou encore l’ineptie de la télévision à l’image de cette interview ridicule de François Berléand. Mais ce qui intéresse ici Chabrol c’est l’artifice, le paraître plutôt que l’être à l’instar du numéro illusionniste de fille coupée en deux qui par ailleurs clôt le film et justifie son titre qui par ailleurs l’était déjà au vu du dilemme préoccupant son héroïne principale.

 

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L’héroïne, c’est Gabrielle Deneige. Il faut avouer qu’elle porte bien son nom. Mais sous ses apparences de jeune femme de couverture en papier glacée pleine de bonnes intentions se cachent une nature plus sombre et un feu intérieur ravageur. On reconnaît bien là l’ironie de Chabrol. Ironie qui ne cesse d’entourer la jeune femme, que ses amants nomment « mon ange » et qui se rend régulièrement dans une garçonnière répondant au doux titre de « Paradis ». Paradis dont elle sera par ailleurs chassée pour voir pêché (par excès ? gourmandise ?).Référence biblique certes, mais pas anodine car ce qui intéresse Chabrol au plus haut point dans ses personnages, c’est la grande valse sociale, véritable jeu des apparences, qui sont, comme le dicton le veut, parfois bien trompeuses.

 

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Le bien et le mal coexistent en chacun et c’est la nature humaine elle-même que Chabrol se met alors à scruter, à explorer avec la précision d’un entomologiste. Pas étonnant alors que le mise en scène s’efface, soit plus épurée mais tellement plus réelle, aiguisée et qui porte indéniablement un regard perçant sur le véritable « moi » des personnages. Qui comme le titre le laissait présager sont coupés en deux, entre bien et mal, comme dans une douce schizophrénie latente dont la cause en serait la gangrène sociale et son odieux jeu des apparences. Et qui de mieux pour l’incarner à l’écran que le trio d’acteurs composé par Benoît Magimel (époustouflant), François Berléand (fidèle à lui-même) et Ludivine Sagnier (lumineuse).

 

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Le film présente un vrai sens du drame et un beau travail d’écriture à quatre mains qui déroule sous nos yeux un portrait du drame humain. L’homme est ce qu’il est et chez Chabrol il n’y a pas d’issue, aucune concession : on ne peut pas échapper à sa condition. Impression renforcée par le montage notamment qui use d’ellipses bien placées qui enrobent et dissimulent les obscénités ambiantes, un montage très haché, usant de transitions brèves et brutales. Tout cela n’empêche pas le film de posséder quelques longueurs mais le tout reste néanmoins passionnant de part en part.

 

Note : 4/5

 

Chabrol reste fidèle à lui-même dans cette adaptation d’un fait divers d’époque. L’écriture et la mise en scène incisives font mouche et livrent un film haut en couleurs et passionnant sur la parade sociale.


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