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Blanc de cobalt

Publié le 04 mars 2009 par Myriam

 Aujourd'hui, en revenant d'une semaine ensoleillée et enneigée, je ne peux pas m'empêcher de vous montrer cette œuvre de Rémy Zaugg que j'ai découverte sur le blog de La Dilettante, et qui pose une question certes insolite, mais intéressante : "quand fondra la neige, où ira le blanc ?"

Zaugg - Quand fondra la neige où ira le blanc

Cette œuvre (2002-2003, Collection FRAC Lorraine, Courtesy Fondation Rémy et Michèle Zaugg, Bâle, crédit photo Rémi Villagi), peinte sur une plaque en aluminium, de dimension déjà importante (79,1 x 158 cm), est un monochrome blanc sur lequel se distingue à peine le texte qui est lui-même écrit en blanc. Blanc sur fond blanc !

Elle n'est pas sans rappeler le fameux "Carré blanc sur fond blanc" de Malevitch peint en 1918, qui, si l'on se remet dans le contexte de l'époque, était véritablement révolutionnaire et qui a posé les bases, avec d'autres tableaux, de l'art conceptuel.

Avec Rémy Zaugg, on entre dans un univers où se pose la question de savoir que peut-on appeler une œuvre d'art. Déjà, au début du vingtième siècle, la même question s'est posée pour Malevitch et certains des peintres de l'avant-garde russe (nous en reparlerons dans la catégorie "Clin d'œil"), ou comme pour Duchamp qui a été le premier véritablement à mettre en scène des objets de la vie courante. Et elle continue de se poser pour des peintres dont l'essentiel des œuvres sont des monochromes comme Klein, Barnett Newman, Rothko ou Cy Trombly. Pour certains, ce ne sont pas véritablement des œuvres d'art, soit qu'ils considèrent qu'ils peuvent faire pareils, soit que celles-ci ne représentent pas quelque chose de beau, mais l'art contemporain a en partie révolutionné le rapport au beau. Pour d'autres, au contraire,"il suffit qu'il y ait un concept original à représenter, pour que n'importe quel objet ... devienne ipso facto de l'art. La seule provocation suffit à donner à l'art un contenu" (1). Pour d'autres enfin, l'art donne à voir et implique le spectateur dans un rapport où l'œuvre existe parce que d'un côté il y a un artiste qu'il la créée, et de l'autre, un spectateur qui l'interprète avec sa sensibilité.

Et c'est bien le cas ici, "au delà de cette expérience du néant, l'œuvre de Rémy Zaugg, représente la dissolution du visible en s'articulant autour d'un subtil jeu de mots, en conflit avec leur sens, leur perception et leur forme. A peine lisible, à peine visible, cette question posée crée une forme de dialogue intime avec le lecteur/regardeur" (2)

Et vous qu'en pensez-vous ? Et quand fond la neige où va le blanc ?

(1) Philosophie et spiritualité - L'œuvre d'art, 2002, Serge Carfantan

(2) Dossier de presse de l'exposition "Chhttt ... Le merveilleux dans l'art contemporain" (2ème volet) CRAC Alsace


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