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Dividendes, FMI, BCE : il faut que rien ne change pour que rien ne change

Publié le 07 mars 2009 par Edgar @edgarpoe
Les promesses de renouveau et de moralisation du capitalisme ont fleuri il y a quelques semaines, au pic de la crise financière.

Plus jamais le règne des profits, de la rapacité et du court terme...

Il aurait fallu beaucoup de naïveté pour y croire...

Nombre d'indices montrent qu'il n'en sera, évidemment, rien.

Premier scandale : le versement de dividendes aux actionnaires de sociéts aidées par l'Etat. Que ce soit dans l'automobile ou dans la banque, seule Renault renoncera à verser des dividendes. Les actionnaires du CAC 40 recevront  à peine moins de la moitié des montants reçus l'an dernier. Ce sont les licenciements qui amortiront la crise, pas les profits.

Même d'un point de vue libéral, cette situation est scandaleuse, pour les sociétés aidées par l'Etat. Les actions sont en effet supposées pouvoir rapporter plus que des obligations, parce qu'elles sont plus risquées. Les intérêts d'une obligation doivent être versés quelle que soit la situation d'une entreprise. En échange, ils sont limités à un taux d'intérêt qui peut être élevé mais qui est fixe. Ceux qui croient dans les perspectives d'une entreprise, ou souhaitent investir dans la durée, et espèrent gagner plus, achètent des actions. Les années où les résultats sont bons, les gains sont supérieurs. En revanche, dans les années maigres, on fait ceinture...

C'est le schéma normal. Certaines sociétés peuvent préférer verser un dividende même lorsque cela va mal, pour fidéliser les investisseurs, ce qui est compréhensible. Ce qui l'est moins, c'est que des dividendes soient versés alors même que des groupes bénéficient du soutien du contribuable. C'est un véritable scandale. Philippe Manière, plat thuriféraire du libéralisme, s'en prend cette semaine dans Marianne aux grévistes qui font grève tout en étant payés. Gageons qu'il oubliera de s'en prendre aux sociétés qui versent un dividende tout frais  reçu du Trésor Public...

Deuxième scandale : le libéralisme ambiant nous a inculqués, à tous, une solide suspicion à l'égard de l'Etat. Dans les traités européens, une stricte limitation des déficits publics est inscrite. Elle interdit notamment à la Banque centrale d'acheter des titres publics directement auprès des états, de "faire tourner la planche à billets". On apprend par Jean Quatremer, qui n'y voit aucun inconvénient, que la BCE en revanche envisage d'aider directement les entreprises en leur achetant actions et obligations. Parions que pour l'occasion la Commission européenne n'engagera pas de procédure pour déficit excessif, seuls les états, ces inconséquents, y auront droit.

M. Trichet n'a qu'un déficit de croissance à son actif, mais peu importe, un technocrate, surtout européen, ne saurait faillir. Les gouvernements, soumis à l'opinion (beurk), pourraient, eux, se tromper.

Troisième scandale :
La BCE, et le FMI, dans le cadre de leurs programmes d'aide notamment aux pays d'Europe del'Est, imposent des baisses de salaires dans le secteur public. On notera que ces mesures déflationnistes sont imposées par DSK. Pas question de prendre des gants avec des gueux de fonctionnaires, on ne saurait les confondre avec des gens bien, rentiers ou oisifs...

*

Maintien des dividendes ici, baisse des salaires là, on cherche vainement les changements annoncés...

Les lecteurs noteront avec intérêt qu'au coeur de ces politiques de serrage de ceinture aux plus faibles et de préservation des bénéfices des puissants, on trouve le fleuron de la social démocratie moderne et les institutions européennes.

A chacun d'en tirer ses conclusions...





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