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François Mitterrand, "Ma mort tous les jours"; Léo Pitte

Par Sylvielectures
François Mitterrand, mort tous joursQuand j’ai reçu la proposition des éditions Le bord de l’eau de lire ce « Roman », j’ai tout de suite répondu « oui » à l’invitation.

Ce texte très court se lit d’une traite et très vite, si l’on est comme moi, curieuse de nature et assez avide d’informations sur ce qu’on ditvouloir cacher.

Dans le cas particulier, il me semble que le personnage « François Mitterrand » a excellé dans la construction du mystère, de l’énigme autour de son passé, de sa vie privée, de sa relation à la maladie et à la mort…

Ce texte O.V.N.I qui parait avec son sous-titre ROMAN est une vraie curiosité, et je ne pouvais pas en parler sans d’abord poser quelques questions…

La quatrième de couverture nous dit que Léo Pitte, Professeur d’histoire et diplômé des hautes études en sciences sociales a travaillé sur l’utilisation politique de la maladie. Son travail pour sa thèse, non encore soutenue, lui a inspiré ce récit hybride qui ne nous laisse pas indifférents.

Le roman est basé sur des recherches universitaires et a donc été conçu notamment avec une bibliographie éclairante sur le sujet. Je trouve dommage que l'auteur ne l'ai pas partagée avec son lecteur. Cette partie immergée du travail lui aurait donné un éclairage intéressant le laissant ainsi moins démuni devant le fond et surtout, la forme de ce texte.

Je pense également qu’il aurait été intéressant de nous présenter la méthode de ce travail de recherche.

Stéphane Watelet nous dit que l’auteur voulait faire paraître ses découvertes sous forme d’essai, mais que c’était impossible « pour des raisons évidentes ».

Je ne partage pas ce sentiment d’évidence et j’aurais bien aimé avoir quelques explications plus précises sur le (nécessaire ?) travail de reformulation sous forme de « ROMAN ».

Le choix de cette forme littéraire pour parler de réalités et de témoignages est courant,mais gêne parfois son lecteur…Il semble encore plus étrange ici puisque l’auteur de ce « journal intime » n’est pas François Mitterrand…

Ceci dit, le texte est simple, intéressant et prenant. On ne le lâche pas...

La vie politique de François Mitterrand nous y est racontée en filigrane, le propos étant essentiellement de l’ordre de l’intime : un homme passe sa vie à penser à sa mort, il est comme porté par cette évidence de la finitude qui ne cesse de se rappeler à lui, d’abord par la perte des êtres chers, parents, enfant, puis par la maladie incurable…

Cette maladie, advenue au moment de l’élection présidentielle, ne l’empêchera pas de vivre son destin.

Il en fera son alliée pourun combat politique ultime et peut-être essentiel :

l’abolition de la peine de mort sera sa plus belle victoire emblématique et l’affichage d’un homme malade, luttant pour rester en vie et en poste jusqu’au bout, servira à trier le bon grain de l’ivraie au moment de penser aux successeurs…

Ce dernier combat est peut-être le plus audacieux et le plus anticonformiste.

La maladie et la mort qui s’annonce sont des états qui se cachent, qui ne se disent pas dans les sphères de l’état et du pouvoir. On se doit de mentir, d’organiser son départ et de disparaître… François Mitterrand a eu le courage et la force d’imposer autre chose et ce faisant, de briser un tabou.

« A une époque où la mort reste encore un sujet tabou, voire immonde, je voulais, à travers ma déchéance, malgré tout, en adoucir l’image. La mort n’est pas sale. Elle est angoissante mais elle n’a pas à être occultée. La vie est aussi faite pour qu’ soit montrée la mort à ses semblables. Entre autres tâches, au sommet de l’état, qui gouverne doit s’imposer ce devoir existentiel le moment venu. »…

… « De Gaulle et Pompidou sont d’une culture où la mort est à couvrir du voile de la pudeur. Ce qui me distingue des gaullistes est précisément à l’opposé de cette conception… »

.. « Me montrant mourant avec toutes les angoisses d’un homme qui ne sait où il va et qui crie son interrogation, assez fort pour qu’elle soit entendue de tous. Le savoir mourir, c’est cela. »

Ce livre est un texte étrange et fort où l’on a l’impression d’apprendre par l’émotion et l’approche de l’intime, ce qui n’est pas si fréquent quand il s’agit d’un homme politique.

J’en fais un livre voyageur, parce que je vous invite à le découvrir et que je suis très curieuse de savoir ce que vous en penserez vous-même.

François Mitterrand, mort tous jours


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