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La France et l’OTAN : Un atout dans le jeu de Sarkozy

Publié le 30 août 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Eclairage RELATIO par Daniel RIOT: « C’est un signe supplémentaire de la volonté de la France d’amorcer un retour complet au sein d’une alliance où elle est l’un des principaux acteurs, tant sur le plan militaire que financier », dit-on, en souriant, dans les milieux proches de l’OTAN. »C’est une mesure technique », dit-on, délibérément modestes, dans les milieux stratégiques proches de l’Elysée ». Ces deux commentaires sont complémentaires…

La décision, annoncée sans effet de com’, d’ accroître l’efficacité des avions de combat français qui participent aux opérations militaires de l’OTAN en Afghanistan, en redéployant  les Mirage de Douchanbé, au Tadjikistan, à Kandahar, la grande ville du Sud afghan, est chargée de significations, à plusieurs niveaux

Militairement : Les avions français vont pouvoir remplir des missions de bombardement de plus longue durée contre les positions des talibans. Cela ne va pas sans risques : les opérations aériennes de l’Alliance atlantique provoquent actuellement un nombre sans cesse plus élevé de victimes civiles, et provoquent un ressentiment croissant de la population afghane envers des troupes étrangères en passe d’être assimilées à une « force d’occupation ».

Politiquement : cette décision intervient au lendemain du « discours aux ambassadeurs » de Sarkozy , discours dans lequel il a dit vouloir une Europe de la défense plus consistante et une Alliance atlantique plus rénovée :  « Une Europe de la défense indépendante et une organisation atlantique où nous prendrions toute notre place »

Diplomatiquement : La France répond concrètement à l’appel des France, qui pressent leurs alliés européens de s’impliquer davantage sur le « théâtre afghan ». Sarkozy donne un signe fort à Bush, mais plus largement, il repose indirectement et sans le dire, la vieille question d’un retour de la France au sein des structures militaires intégrées de l’OTAN.

Depuis la décision de retrait du général de Gaulle, en mars 1966, la France, on le sait, n’est pas présente dans deux comités d’importance marginale, le Comité des plans de défense et le Groupe des plans nucléaires. Cette absence est à la fois  anachronique et ridicule. Mais elle touche des tabous d’un gaullisme mal compris et d’un souverainisme puéril…

Cette situation constitue toutefois une « bonne carte » dans le jeu diplomatique français. Le « gagnant gagnant » suppose un « donnant donnant »…

On peut obtenir quoi en échange de responsabilités supplémentaires dans l’OTAN ? Chirac s’était cassé les dents sur le commandement sud de l’OTAN, revendication inopportune…Si Sarkozy veut vraiment jouer le jeu de l’Europe, il doit obtenir de Washington un retour à la doctrine de Kennedy des deux « piliers » équilibrés de l’Alliance. Mais le veut-il ? Bush y est sans doute allergique, mais la prochaine administration américaine peut adhérer à cette vision qui est, en fait, la seule que ne fasse pas de l’alliance avec les USA une allégeance. Une occasion à ne pas manquer. Mais qu’en pense-t-on à Londres ? A Sarkozy de se montrer fidèle à ses règles conduites du parler franc et sans tabou, avec réalisme…Et de ne pas gâcher son atout.

Daniel RIOT


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