Magazine Cinéma

Les Watchmen: en gore eux ?

Par Nemosandman

Badge Smiley

Je ne compte pas faire une critique du film, juste donner mes impressions en vrac et à chaud:
Tout d’abord, je suis assez épaté par le travail fait sur le personnage Rorschach. Comment un petit bonhomme, plutôt fluet peut devenir la terreur de la pègre ? Et bien le film nous propose une réponse: déjà, son attitude. Rorschach est sans doute le personnage le plus “cool” des Watchmen et toutes ses apparitions (surtout celle sans masque) font mouche. Jackie Earle Haley fait un travail splendide pour un rôle où il lui faut être à la fois crédible, charismatique et attachant. Sa démarche légèrement sautillante, son masque “sale” dont ont voit les mailles… sa voix ! Oui, Jackie Earle Haley est définitivement Rorschach ! Son visage taillé à coup de serpe son regard de glace, des faux airs de Clint Eastwood, une énergie incroyable: il est Walter Kovacs !

Rorschach

Un travail d’incarnation des personnages, tout comme Patrick Wilson (Dan Dreiberg) qui nous donne l’impression que la BD prend vie. Le Spectre Soyeux (Malin Eckerman très hot) et Docteur Manhattan sont tellement photogéniques que chacune de leur apparition est un pur plaisir photographique ! Enfin bref tout le casting est génial avec même de clins d’oeil d’acteurs ayant participé à des séries de 1985 genre Hill Street Blues !

Le Comedien

Le scénario propose une fin différente de la “Graphic Novel” qui fonctionne parfaitement au vu des enjeux et du temps d’exposition concéder par le film (2h30 quand même !). Alex Tse, le scénariste, a fait un véritable travail d’orfèvre allant jusqu’à changer l’emprunt qu’Alan Moore avait fait à Mad Max (La scène avec la scie et la cheville…) par une petite pirouette qui malheureusement aboutit à du gore…

Zombie

Qu’est ce que le Gore en 2009 ? Pour les Watchmen: un hachoir se plante dans une tête, un mur se recouvre d’hémoglobine, des moignons sanguinolents sont filmés en premier plan, des lambeaux de chair pendent au plafond… même dans le dernier film (comédie?) des frêres Cohen (”Burn After Reading”) ce sont des coups de hachettes dans la tête en pleine rue, en plein soleil… Alors pourquoi pas dans les Watchmen ? la BD n’est pas tendre mais sa violence est bien moindre comparée à celle par exemple de “Give Me Liberty” (Franck Miller/Dave Gibbons)…
Un exemple, dans la scène où Lorie et Dan se font attaquer par des voyoux en sortant du restaurant, pourquoi autant de sadisme de la part de nos héros alors que la BD n’en montrait pas (Dan retourne le couteau du premier agresseur pour lui planter dans le bras avec jets d’hémoglobine en sus, Laurie brise les cervical d’un autre… en clair ils tuent leurs aggresseurs !). Avec la technologie digitale, il est facile d’enfoncer des objets dans la gorge, de casser des bras en premier plan… Tom Savini a fait un travail superbe dans “Zombie” pourquoi inviter son art dans “Watchmen” ? Est ce le propos du film ? Ou bien alors mes contemporains (et pour commencer les étatsuniens) sont ils complètement anesthésiés face à la violence ? Personnellement ces touches de violences graphiques viennent gâcher la fête et ne sont pas nécessaires à la narration. La surenchère de violence et l’absence de suggestion dans n’importe quel film (même les comédie) commence personnellement à me donner la nausée…
“L’Orange Mécanique” de Kubrick ou le “Massacre à la Tronçonneuse” de Hoper paraissent bien mièvres et doux face aux facilités qu’on a maintenant de vous montrer comment exploser un crâne en haute définition…
En comparaison, un réalisateur comme Guillermo Del Toro, pourtant dans des sujets ou la violence est présente, arrive avec élégance à ne pas forcer le trait (”Hellboy” par exemple à son lot de tueurs sadiques mais leur violence est plus suggérée que montrée). c’est justement ce que je reprocherais à Zack Snyder: il travaille tous ses plans pour qu’ils s’enchainent avec élégance mais au milieu de tout ça les pics de violence ne le dérangent pas. Il s’agit sans doute d’un homme d’une autre culture pour mettre de l’emphase à des plans gore qui auraient autant d’impact (sinon plus) hors champs. (Je pense à la scie circulaire dans la libération de Rorschach par exemple). Imaginons une seconde comment Zack Snyder pourrait re-tourner “Alien”… en nous montrant les horreurs subit par Lambert (Veronica Cartwright) digne des Reapers de “Serenity” ? Cet approche me rappelle la façon dont Paul Verhoeven avait abordé la SF dans “Total Recall”: en tirant dans la foule par pure provocation. En contre exemple: le dernier Batman de Christopher Nolan, bien que noir et âpre ne fait jamais dans le Gore et reste dans l’élégance.
Sinon sans ces petites taches de confiture sur le tee shirt, (quelques micro secondes d’images résiduelles mais choquantes dans ce contexte) Watchmen reste un très beau film, bien dirigé, bien joué, sans temps morts, respectant bien la BD originale.
Ha, si! Il y a deux trois petites choses amusantes en bonus: Doc Manhattan rend un hommage involontaire à Wall-E ! (le soutif!), Le Comédien rend un micro hommage à John Rambo (en larmes) et Nixon joue les pinocchio à chaque profil ! Mais ce sont de tous petits détails qui font juste un peu ricaner la salle sans pour autant gâcher le plaisir du film et du jeu de tous les acteurs !

Finalement Watchmen est plutôt une excellente surprise avec sa bande originale superbe et son point d’orgue avec “Prophecies” de Philip Glass qui vient illustrer la création de Docteur Manhattan. C’est un film dense dans son propos et dans sa forme, digne de ce que laissaient apercevoir les splendides bandes d’annonce. Cela donne envie de se replonger dans la BD et de retourner le voir pendant qu’il est sur grand écran !

Nemo Sandman


Retour à La Une de Logo Paperblog