Magazine Cinéma

Watchmen de Zack Snyder

Par Geouf

Résumé: Durant les années 80, dans une réalité alternative (Nixon a été réélu deux fois, les Etats-Unis ont gagné la guerre du Vietnam), les super héros font partie du monde réel. Le Comédien, héros à la retraite, est assassiné à son domicile par un mystérieux agresseur. Cet événement tragique pousse l’ancienne équipe de Watchmen à se réunir pour tenter de retrouver le meurtrier avant que d’autres subissent le même sort…

 

Dire que cette adaptation du Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons suscitait la crainte est doux euphémisme. Réputée inadaptable, l’œuvre-somme des deux auteurs est passée entre les mains de nombreux réalisateurs depuis des années avant d’échouer entre celles de Zack Snyder. Zack Snyder, un nom qui laissait présager le pire après la débâcle de 300, adaptation ratée d’un graphic novel auquel Snyder n’avait visiblement rien compris (les fiers guerriers Spartiates qui se mettent à chialer quand l’un d’entre eux meurt, ça le fait moyen, tout autant que les ralentis toutes les trente secondes…). Et si ce Watchmen est tout de même meilleur ce à quoi on pouvait légitimement s’attendre, il est tout de même très loin du chef d’œuvre que certains ont cru voir. Explications…

Le gros problème de Watchmen, c’est qu’une fois de plus, Snyder n’a de toute évidence pas cherché à comprendre ni à adapter le matériau de base, se contentant de tourner les pages du roman graphique et de les filmer en l’état. Un défaut visible, même pour quelqu’un comme moi n’ayant toujours pas lu la BD en question. La très longue première heure se contente donc de présenter un par un les personnages principaux et leurs relations au travers de très nombreux flashbacks, avant qu’enfin Snyder ne se décide à faire avancer son intrigue. Si ce procédé peut aller pour un ou deux personnages, il devient rapidement très pesant et agaçant lorsque le film en introduit cinq (je ne compte pas Ozymandias, puisqu’on ne saura presque rien sur celui-ci). On sombre donc petit à petit dans une douce léthargie avant qu’enfin le film ne se réveille et se décide à raconter quelque chose. Il aurait certainement été plus judicieux de faire un gros travail sur le script pour étaler ces flashbacks au fil du film plutôt que de les rassembler pratiquement tous en début de métrage…

Le second problème, c’est que le film n’a pas vraiment d’unité thématique. On passe par exemple du polar violent et noir dans les scènes avec Rorschach au film de super héros classique dans celles impliquant le Spectre Soyeux et le Hibou (dont le costume ressemble un peu trop à ceux des Batman époque Joël Shumacher malheureusement) et à la science-fiction métaphysique dans les scènes du Docteur Manhattan, sans réelle cohérence ni logique. Certains passages donnent l’impression de commencer et de s’arrêter juste à la limite des cases de la BD, là où le film aurait demandé un peu plus d’ouverture (comme cette scène totalement ratée de tentative de viol qui débarque sans vraiment prévenir et s’arrête brusquement sans autre explication). Et au contraire, sur d’autres points, le film s’avère lourdement démonstratif, reprenant certainement au mot près les dialogues de la BD. On a alors l’impression que Snyder n’a pas compris qu’une BD et un film étaient deux medias différents et que certaines choses peuvent très bien être comprises sans dialogues. Au rang de ces maladresses, on compte l’explication du lien de parenté entre le Comédien et le Spectre Soyeux, montré deux fois par le même flashback et encore appuyé par le dialogue final entre la jeune femme et sa mère, alors que tout le monde avait déjà compris depuis longtemps. Idem pour la voix-off de Rorschach qui s’avère souvent d’une lourdeur peu commune et se contente de paraphraser l’action. La musique est elle aussi souvent trop démonstrative, voire complètement à côté de la plaque (que vient faire 99 Luftballons dans cette scène de restaurant ?). Le pire à cet égard étant la scène d’amour entre le Hibou et le Spectre Soyeux, rendue totalement ridicule par l’ajout d’une chanson des plus ringardes, au point que toute l’audience était hilare lors de la projection.

Cependant, au-delà de tous ces petits détails qui ajoutés donnent un film assez agaçant et pénible à suivre, il faut tout de même lui reconnaitre certaines qualités. Tout d’abord les acteurs sont tous excellents, en particulier Jackie Earle Haley, dont le jeu intense convient parfaitement au personnage de Rorschach, avec ou sans masque (dommage que Snyder foire totalement la scène de mort de celui-ci, la rendant plus risible que tragique). Patrick Wilson et Malin Akerman forment un couple crédible reprenant goût à la vie en remettant leurs costumes, Billy Crudup apporte la froideur et le détachement nécessaires au Docteur Manhattan. Seul Matthew Goode semble un peu trop transparent pour le rôle d’Ozymandias, surtout vu l’importance de celui-ci au final. Et n’oublions pas Jeffrey Dean Morgan, réellement effrayant dans le rôle du Comédien, un véritable psychopathe déguisé en héros. De même, les effets spéciaux sont le plus souvent assez soignés (mis à part certains costumes comme dit plus haut) et bien intégrés. Autre bonne nouvelle, s’il n’a pas totalement abandonné les agaçants ralentis qui rendaient le visionnage de 300 très fastidieux, Snyder a tout de même mis la pédale douce sur ceux-ci, les utilisant de façon plus harmonieuse, notamment lors des scènes d’affrontement, d’ailleurs très violentes et ne lésinant pas sur les effets sanglants. Et puis surtout, il y a l’histoire tentaculaire imaginée par Alan Moore, qui autopsie en profondeur le mythe des super héros et les montre avec des faiblesses bien humaines. Mais a mon avis, pour réellement apprécier celle-ci, mieux vaut se plonger dans la BD, ce que je vais faire tout de suite.

Watchmen est donc un nouveau semi-ratage pour Zack Snyder qui encore une fois a préféré illustrer platement et avec déférence un matériau riche plutôt que de tenter d’en faire une réelle adaptation. Il serait bien qu’il se décide à se lancer dans un projet original pour définitivement voir s’il est juste un petit malin sans génie ou s’il a réellement quelque chose à proposer…

Note : 6/10

Articles liés


Retour à La Une de Logo Paperblog

LES COMMENTAIRES (1)

Par myuadxx
posté le 26 mars à 00:21
Signaler un abus

Zack sans talent... J'ai eu quand même le respect de te lire jusqu'au bout mais vraiment ce que tu sors c'est tiré par les cheveux.

Si tu n'aimes pas qu'un réalisateur sorte des chantiers battus (300 de la daube, mais qu'est ce qu'il faut pas entendre...), tu devrais te remater piège à grand vitesse par exemple, ça cadre mieux avec ton état d'esprit.

Pour ma part déjà j'ai trouvé cool qu'un réalisateur pose ses couilles pour adapter cette bd donc, contrairement à toi, je connais tous les rouages. Je te garantis que l'adaptation est bien plus libre que ce que tu laisses entendre, et que le boulot est fait. C'est sur que pour les grands amateurs de clichés cinématographiques (il faut 5 minutes pour faire mourir un personnage central, avec force cris, larmes et pleurs etc...) le film est à côté de la plaque. En même temps, WM est loin d'être un cliché en tant que BD.

A bon entendeur,

A propos de l’auteur


Geouf 149 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines