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Angela Merkel sacrée (à nouveau) par Forbes : Une « femme d’Etat » qui a su rester une « fille du peuple », loin des mirages de la « people démocratie »

Publié le 31 août 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Commentaire Relatio par Daniel RIOT : Sarkozy peut toujours tenter de la taquiner ou de la charmer, comme si elle avait ce sens de l’humour des people, des femmes qu’on peut séduire par un bon mot ou un sourire complice. Ses adversaires (y compris au sein de la CDU où les machos nostalgiques des Trois K, Kinder, Kirsche, Küche, ne manquent pas) peuvent toujours ironiser sur son physique qui  n’est pas celui qui fait vendre les magazines, sur son coté bobonne ou, plus sérieusement, sur son conservatisme. Les caricaturistes en cassent leurs crayons… Angela MERKEL n’est pas de ceux qui finissent pas ressembler à leurs caricatures et de faire comme s'ilsimitainet leurs imitateurs...

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La « maman de la nation » a su se faire respecter, dans son camp et chez ses alliés-adversaires de la grande coalition. Chez ses partenaires européens et chez ses interlocuteurs internationaux surtout. Avec des qualités à l’opposé de celles de Sarkozy.

En sachant rester simple et proche des gens. En ne jouant qu’un rôle, le sien, sans se glisser dans les personnages de la «Commedia dell'arte » politico-médiatique d’aujourd’hui.

Quand elle va dans un supermarché, c’est pour faire ses courses, non pour faire un coup médiatique (de plus), avec le patron de la chaîne, devant les caméras…

Quand elle fait un discours, c’est pour faire progresser un dossier, non pour tenter d’améliorer son image, et faire parler d’elle.

Quand elle va en Chine, ce n’est pas pour poser devant la Grande Muraille pour gagner en « bravitude ».

Elle n’a pas été nourrie par les fantasmes et les rêves des illusions de la société de consommation, du star-système, du strass des fausses réussites de la « people society », de la « jet society »,   avec fréquentation des « pipôles », des célèbres et des fortunés… Et elle ne confond pas l’être et le paraître, le savoir-faire et le faire-savoir, les effets de manche et les vraies décisions. Celles qui sont dictées par le souci de concilier l’urgence et l’avenir, la gestion et la vision. Celles qui améliorent le cours des choses sans qu’on ait besoin de faire appel à la méthode Coué et de faire la Une des journaux tous les jours, sans « être en campagne électorale en permanence », sans se vouloir directrice des relations humaines de la gauche allemande tout en menant une politique intérieure de droite.

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Les Allemands ont bien de la chance. Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’aient pas de problèmes…Kohl (le « père » proprement « tué ») n’a pas fait d’erreur de casting avec cette fille de pasteur et d’institutrice qui a su devenir « femme d’Etat » en restant « fille du peuple ». Qu’elle soit, pour la deuxième année consécutive, en tête du hit parade des « femmes influentes » de Forbes n’a rien d’étonnant. Si le palmarès concernait l’ensemble des femmes et des hommes d’Etat, elle serait en tête aussi, sans doute. Et cette année nul besoin de se creuse pour désigner « l’Européen de l’année » : c’est déjà elle. Loin devant tous les autres…

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C’est qu’elle sait marier idéaux et réalisme. Qu’elle a placé les valeurs du Conseil de l’Europe et l’amélioration du « vivre ensemble » au cœur de son action. C’est qu’elle a pleine conscience de la fragilité de la démocratie et des Droits de l’Homme. Elle le montre chaque jour en Allemagne, où elle multiplie les campagnes pédagogiques, et les mesures qui allient intelligemment prévention et répression. Elle vient encore de le confirmer lors de sa visite en Chine. Comme elle l’avait montrer face à Poutine et à Bush. Et en bien des domaines (y compris en termes d’endettement et de budgets mais aussi d’action sociale), « l’Allemagne de la grande coalition » (que peu d’observateurs français voyait durable et efficace) a bien des leçons à  donner à ses voisins et partenaires. 

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Peut-être parce qu’elle vient de « l’Est », elle sait mieux que d’autres tirer les leçons des deux totalitarismes qui ont tant fait de ravages en cette terre d’Europe. Peut-être parce qu’elle a une philosophie d’action authentiquement personnaliste sait-elle mieux que d’autres donner du sens au mot valeur. Peut-être parce qu’elle est femme sans jouer frivolement à la fois d’une féminité exhibée et d’un féminisme proclamé sait-elle mieux que d’autres que la personne humaine importe plus que le genre ou le sexe qui la porte. Merci d’exister, Madame.

Daniel RIOT

PS: Angela Merkel arrive pour la deuxième année consécutive en tête du classement Forbes des femmes les plus puissantes du monde. La chancelière allemande devance Mme Wu Yi, vice-Premier ministre chinois, et Mme Ho Ching, PDG d'une société publique singapourienne. Parmi les 10 premières femmes on retrouve cinq Américaines et trois issues de l'Asie. Condie Rice, secrétaire d'Etat US, glisse du 2e au 4e rang A noter que 2 ministres du gouvernement Sarkozy, Michèle Alliot-Marie et Christine Lagarde, se classent respectivement 11e et 12e. Hillary Clinton arrive pour sa part à la 25e place


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