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A quoi servent les FIP et FCPI dans le financement des start-up

Publié le 12 mars 2009 par Igrec

L’AGF et l’Afic ont rendu publics le 12 février les résultats une étude portant sur la collecte réalisée par les FIP et les FCPI en 2008. Qu’apprenons-nous à la lecture de ce document ? Tout d’abord, que les 87 fonds commercialisés par les 33 sociétés de gestion ont levé en 2008 1,13 milliard d’euros, un montant en augmentation de 22 % par rapport à 2007. En 2008, la collecte effectuée par les FIP et FCPI a bénéficié des effets de laloi Tepa (la loi sur le travail,l’emploiet le pouvoir d’achat). Celle-ci permet notamment aux souscripteurs de parts de fonds de capital-investissement redevables de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF)de bénéficier de mesures d’abattement proposée par la loi.On trouve effectivement beaucoup de chiffres dans ce rapport.Le total des souscripteursen 2008 s’est élevé à 145 000 se répartissant à 80 000 pour les FCPI et à 65 000 pour les FIP.Et toujours dans l’analyse chiffrée, on y lit que le montant moyen des souscriptions s’établit à 10 700 € pour les fonds offrant une réduction ISF et 6 100 € pour les fonds permettant d’obtenir une réduction d’impôts sur le revenu.

Du point de vue des souscripteurs

Ce rapport ne fournit pas beaucoup d’informations qualitatives.Certes, nous apprenons que les FIP – qui sont des investissements régionaux – ont privilégié les régions comme l’Ile de France, la Bourgogne et Rhône Alpes.Sur les FCPI, nous apprenons sans surprise qu’ils ont surtout investi dans les secteurs économiques comme l’informatique, la biotech, le médical et les télécoms. Comme le souligne un lecteur de mon précédent billet « il y a un immense besoin de circulation d’informations, de transparence et d’explications sur les conditions dans lesquelles ces fonds gèrent l’argent des souscripteurs ». Ce lecteur pose notamment la question de la traçabilité des fonds investis.Et c’est clair que dans ce domaine, je ne connais pas beaucoup de FIP ou FCPI qui font preuve d’une communication professionnelle dans la présentation de leurs produits. Les documentations proposées par les banques sont souvent assez pauvres etdu moment que l’on satisfait le besoin d’économies d’impôts des souscripteurs, ilne semble pas nécessaire de rentrer plus que cela dans le détail. C’est dommage parce que l’on pourrait avoir l’impression que « l’objectif d’incitation au financement d’entreprises de croissance(l’acte citoyen) s’éloigne de plus en plus ».Beaucoup de contribuables n’ont sans doute pas cette approche. Par contre, au regard des fluctuations de leurs investissements dans un FIP ou FCPI, ils aimeraient sans doute comprendre un peu plus comment cela marche et dans quoi c’est investi. L’idée n’est pas de satisfaire une curiosité malsaine mais il serait bien d’en savoir un peu plus. Surtout si ce milliard d’euros continue à être présenté comme une des pièces importantes au financement des jeunes entreprises innovantes.Il y a notamment des « souscripteurs citoyens » qui aimeraient savoir si cela a permis de faire émerger dans le passéde bonnes et grandes PME innovantes ou encore demain d’aider de jeunes start-up dans le domaine du développement durable.

Du point de vue des entrepreneurs

En ces temps de disettes du financement, un milliard c’est un milliard. Les jeunes entreprises innovantes ne bénéficieront pas toutefois exactement d’un milliard puisque, sur la base de l’obligation faîte au FPI et FCPI d’investir 60 % de l’actif net dans des entreprises éligibles à ces fonds, ce sont 680 millions d’euros qui seront investis en capital risque ou en capital développement dans les mois qui viennent. On peut dire, à ce titre, que les FPI et FCPI, c’est du capital risque à la française assez bien organisé d’autant que c’est aussi la voie royale vers la bourse et notamment Alternext.Est-ce que cela permet en revanche de faire émerger des champions industriels ? C’est difficile à dire parce que l’on ne communique pas beaucoup sur les investissements réalisés.680 millions d’eurosqui financent des start-up c’est toujours bon pour l’emploi mais si cela est trop déconnecté des objectifs de départ et donc d’un certain volontarisme financier et industriel, c’est un peu dommage. D’autant que pour certains entrepreneurs, l’entrée en bourse, avec l’aidede ces fonds et de leurs co-investisseurs (le capital risque notamment) qui souhaitent sortirau mieux de leurs investissements initiaux, se traduit parfois par le début d’une catastrophe.Trop petite, pas assez capitalisée en dépit des fonds levés et souvent sans flottants leur permettant d’exister sur le marché boursier, le réveil est difficile pour lesentrepreneurs des ces start-up. En plus, la bourse coûte cheren audit et autres formalités légales – sans parler de la communication financière- et en dehors de quelques « blue chips » avec des parcours potentiellement intéressants pour des investisseurs, les cours de bourse de ces start-up sont assez massacrées.

La solution ?

Tout d’abord, que le rapport de l’AGF et de l’Afic évolue et que les journalistes qui certes aiment les éléments tangibles comme les chiffres puissent disposer d’un rapport un peu plus riche sur le plan qualitatif. Le souscripteur moyen, qui s’informe par le web, y verrait peut être plus clair sur les objectifs de ce financement. Une autre solution serait aussi de publier un annuaire des investissements.Dans le milieu de la finance on al’impression que moins on en dit et plus on fait de bonnes affaires.Mais c’est illusoire, car il est rare que les bonnes affaires soient confidentielles dans ce milieu. En revanche, du point de vue politique, cela permettrait de faire un vraibilan d’une mesure fiscale qui est intéressante au départ pour le souscripteur, mais qu’il a du mal à suivre età comprendre dans le temps. Enfin, sans évoquer ici la nécessité d’une plus grande coordination des politiques fiscales liées au financement des jeunes entreprises innovantes, voire leur refonte, il serait bien de se pencher plus en détail sur celles qui existent et d’en tirer des conclusions dans le cadre des objectifs de politique économique annoncés pour sortir de la crise.

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